Vatican: Publication d’un document sur le «New Age» et les spiritualités «alternatives»

Rome met en garde les chrétiens contre la confusion spirituelle

Rome, 3 février 2003 (APIC) Alors que pour les adeptes du « New Age » commence l’ère du Verseau avec le 3ème millénaire, le Saint-Siège s’inquiète des proportions que prend ce « courant culturel » parmi les catholiques. Dans un document d’une centaine de pages publié le 3 février 2003, il propose pour la première fois une étude des principaux points de la doctrine du « Nouvel Age », qu’on pourrait définir par les terme de « spiritualité alternative » et de tendances ésotériques. Un document du Vatican les oppose à la foi chrétienne.

Le document romain remarque que les idées du New Age ne sont pas nouvelles mais qu’elles se réfèrent à la tradition « ésotérico-théosophique » du XVIIIe et XIXe siècle, en y ajoutant des éléments de la tradition orientale. Même si on peut admettre que ce courant soit né de la recherche de quelque chose de plus humain et de plus beau par rapport à la vie opprimante et aliénante de la société occidentale, le document précise toutefois que nombre de mouvements qui ont inspiré le New Age « sont explicitement anti-chrétiens: leur attitude vis-à-vis du christianisme n’est pas neutre, elle est neutralisante ».

L’étude ­ intitulée « Jésus-Christ, le porteur d’eau vive; une réflexion chrétienne sur le New Age » – a été menée depuis plusieurs années conjointement par le Conseil pontifical pour la culture et la Congrégation pour le dialogue interreligieux. Il s’agit d’une recherche approfondie dont l’objectif est de présenter clairement les principes fondamentaux du New Age et son application parfois « confuse » dans la société et dans la religion catholique.

Pour ce faire, le document confronte les éléments singuliers du New Age, « si innocents qu’ils puissent paraître », au point de vue de la foi chrétienne. « Dieu est-il un être avec lequel nous établissons un rapport, une chose à utiliser ou une force à exploiter ? », se demandent notamment les auteurs. « Jésus-Christ est-il unique, ou y a-t-il des milliers de christs ? », « Y a-t-il un être universel ou de nombreux individus ? », « Nous sauvons-nous tout seuls, ou le salut est-il un don gratuit de Dieu ? », « Notre avenir est-il écrit dans les astres, ou contribuons-nous à le construire ? », sont quelques-unes des problématiques soulevées par le document en rapport avec la spiritualité New Age.

Le New Age s’insinue jusque dans les lieux de formation des religieux

Donnant des réponses détaillées, l’ouvrage oppose chacune des deux doctrines en les illustrant avec des exemples particuliers. Ainsi, soulignent les auteurs, on retrouve notamment « des nouvelles formes d’affirmation psychologique de l’individu très en vogue chez des catholiques, jusque dans les lieux de retraite, séminaires et maisons de formation pour religieux ». La musique New Age est également citée par le document comme « une industrie florissante » mais destinée principalement à un but « purement commercial ou artistique ».

Le New Age est presque toujours lié à des alternatives, précise par ailleurs le document. Il souligne en particulier que les réponses offertes par ce mouvement culturel sont généralement une réaction à la société moderne. « Quelques-uns affirment que la religion chrétienne est patriarcale et autoritaire, que les institutions politiques sont incapables de changer le monde, et que la médecine officielle échoue clairement à guérir vraiment les hommes », explique-t-il. Le New Age propose « une vision alternative de la réalité » ainsi qu’ »une façon alternative d’améliorer sa situation actuelle par la magie ».

Une alternative au christianisme

C’est sur ce plan que le New Age « pose problème », insistent les auteurs. Reconnaissant qu’il y a « du vrai » dans les objections que le New Age porte notamment au matérialisme, à la médecine, à la philosophie, au futur ou encore à l’environnement, ils critiquent toutefois le fait que le New Age s’adresse à ceux qui adhèrent pleinement aux valeurs de la culture moderne, considérant comme sacrées la liberté, l’authenticité, l’indépendance et autres valeurs du même ordre.

Le succès du New Age est donc un défi pour l’Eglise, conclut l’ouvrage. « Si l’Eglise ne veut pas être accusée de rester sourde aux aspirations des hommes, il faut que ses membres (.) s’ancrent encore plus fermement dans les fondements de leur foi, et perçoivent le cri souvent silencieux qui s’élève du coeur des hommes, et les porte ailleurs s’ils ne trouvent pas une réponse dans l’Eglise ».

Mise en garde contre l’internet

Le document met notamment en garde contre l’internet, comme l’un des principaux acteurs de la diffusion du New Age et en même temps d’une « désinformation » sur la religion. « Ce qui est présenté sous l’étiquette ’chrétien’ ou ’catholique’ est loin d’être toujours un reflet fidèle des enseignements de l’Eglise catholique, et en même temps, les sites du New Age se multiplient, allant des plus sérieux aux plus ridicules ».

Destiné à être un support pour les catholiques confrontés à la culture du New Age, l’ouvrage se termine en citant quelques brèves formulations des idées de ce mouvement, et en proposant un glossaire des termes le plus souvent utilisés, tels que « Gnose », « Evolution », « Holisme », « Musique New Age », ou encore « Réincarnation ». Le New Age – ou Nouvel Age – est un courant de pensée apparu dans les milieux ésotériques européens et américains à la fin du 19ème siècle. Les adeptes de ce qui est devenu, durant les années 70 un véritable mouvement culturel, affirmaient attendre un changement d’ère radical, suivant des spéculations astrologiques. Le New Age se base sur divers éléments tirés non seulement de cette tradition ésotérique, mais aussi de nombreuses traditions religieuses.

L’Eglise s’est peu prononcée au sujet du New Age. L’étude « provisoire » publiée le 3 février est destinée à favoriser le débat, a affirmé Mgr Michael Fitzgerald, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Selon lui, la confusion régnante autour de ce courant, plutôt que de susciter des critiques précises sur tel ou tel ouvrage ou philosophie, doit être l’occasion pour les catholiques d’approfondir leur foi et de « discerner » en fonction. AS/JB

Encadré

New Age: La spiritualité des ordres religieux en mesure de relever ce grand défi

La spiritualité des ordres religieux en mesure de relever le grand défi posé par le New Age, remarque un nouveau document du Vatican, présenté lundi 3 février en vue d’une réflexion sur la religiosité alternative. Le texte de 93 pages propose une réflexion chrétienne sur le ’New Age ». « Dialogue, confrontation, échange culturel, capacité de puiser au patrimoine spirituel du christianisme: tels sont les éléments à mettre en valeur face à l’avancée du New Age et de toutes les formes de ’spiritualité alternative’ ».

L’analyse de ce phénomène et l’élaboration de la réponse de l’Eglise, ainsi que le rôle que peuvent jouer les Congrégations et les Ordres religieux, sont développées dans ce document du Vatican. En vue de relever ce défi, il donne des directives concrètes. Ainsi, les centres pastoraux, culturels et de spiritualité devraient être mieux utilisés afin de « répondre à la confusion » sur cette religiosité.

Ceux qui sont invités à entrer dans les groupes de prière doivent « rechercher les signes de la spiritualité chrétienne authentique ». Il revient aux catholiques « d’offrir une présentation pertinente et profonde du message chrétien ». Les écoles catholiques peuvent aborder « de manière créative » les thèmes de « l’attention envers la Terre en tant que création de Dieu ».

Quant au thème de la spiritualité, il y a beaucoup à faire pour faire connaître le riche symbolisme chrétien. « Le dialogue entre les chrétiens et les personnes qui se sentent attirées par le New Age sera plus fécond dans la mesure où il tiendra compte du charme de ce qui touche les émotions ainsi que du langage symbolique ». A ce sujet, les grands Ordres religieux possèdent une tradition solide de méditation et de spiritualité qui pourrait être rendue disponible à travers des cours à suivre ou des périodes à passer dans leurs maisons. « Cela a déjà été réalisé en partie, mais il faut faire davantage ».

« A ceux qui cherchent à adopter les propositions religieuses offertes par la foire mondiale – conclut le texte – l’attrait du christianisme se fera sentir tout d’abord à travers le témoignage des membres de l’Eglise, à travers leur confiance, leur calme, leur patience et leur tendresse, et aussi grâce à leur amour concret du prochain. Il s’agit là des fruits de leur foi, développés par la prière personnelle authentique ». (apic/imedia/vid/be)

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