De la « propagande », selon certains responsables du Vatican
Rome, 6 février 2003 (APIC) Au lendemain de la présentation des « preuves » américaines à l’ONU, selon lesquelles l’Irak aurait violé les résolutions des Nations Unies, certaines voix du Saint-Siège s’élèvent pour affirmer que les ’pièces à conviction’ fournies par le secrétaire d’Etat américain Colin Powell le 5 février 2003, sont « peu convaincantes ».
Devant les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, Colin Powell a présenté mercredi une série d’interceptions téléphoniques et de photos prises par satellites. Selon les Etats-Unis, ces « preuves » démontrent l’existence d’une claire stratégie irakienne de rendre inefficace les inspections des experts de l’ONU.
Interrogé par Radio Vatican le 6 février, Mgr Renato Martino, président du Conseil pontifical « Justice et Paix », a jugé les preuves américaines « moins convaincantes que celles présentées le 25 octobre 1962 à l’occasion de la crise des missiles à Cuba ». Loin de légitimer une guerre en Irak, le prélat a en outre rappelé l’existence de la résolution 1441 de l’ONU. « C’est encore le moyen le plus efficace pour éviter la guerre », a-t- il souligné, affirmant que celle-ci « donne le pouvoir aux inspecteurs de détruire ou de rendre inoffensives toutes les armes qu’ils trouveraient ».
Pourquoi fournir des « preuves » si tard ?
Par ailleurs, a-t-il ajouté, cette résolution oblige non seulement les Etats membres à soutenir l’action des inspecteurs, mais aussi « à fournir toutes les informations qu’ils posséderaient concernant les armes des destruction de masse ». Or, la résolution ayant été votée le 8 novembre dernier, Mgr Martino s’est demandé pourquoi les Etats-Unis fournissaient leurs preuves si tard.
Faisant allusion à la visite du vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz, le 14 février prochain au Vatican, l’ancien observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU a en outre affirmé qu’elle « pourrait être un pas vers la détente ». « Mais il est difficile de faire des prévisions », a-t-il précisé. « Le pape fera tout ce qui lui est possible de faire, même avec le gouvernement irakien, pour éviter la guerre ».
Dans son édition à paraître le 7 février, le quotidien du Vatican ajoute pour sa part que « les accusations – portées par les Etats-Unis contre l’Irak le 5 février, ndlr – n’ont pas complètement convaincu les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ». « Les preuves retenues sont peu convaincantes », écrit le quotidien à la ’une’ de son édition. Certaines personnes haut placées du Vatican ont été jusqu’à parler de « propagande », sous couvert d’anonymat.
Le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a lui-même affirmé, à l’issue de la présentation des preuves, le 5 février, que la guerre « peut encore être évitée ». La France, la Russie et la Chine ont par ailleurs demandé à ce que le travail des inspecteurs de l’ONU puisse se poursuivre et qu’il soit renforcé. La position du Saint-Siège devait être rappelée, le 7 février, à l’occasion de la visite au Vatican du ministre des Affaires étrangères allemand, Joschka Fischer. Celui-ci rencontrera Jean Paul II après avoir présidé la séance du Conseil de sécurité de l’ONU, le 5 février à New York, que l’Allemagne assure pendant un mois. (apic/imedia/be)
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