Rome: Jean Paul II a reçu le vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz
Rome, 14 février 2003 (APIC) Dans un geste d’espoir au milieu des bruits de tambours de guerre à Washington et à Londres, le pape Jean Paul II a reçu le vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz en audience privée au Vatican le 14 février. Alors que l’opinion publique internationale est suspendue aux négociations de la dernière chance pour éviter la guerre en Irak, les caméras étaient tournées vendredi matin vers le Vatican.
Tarek Aziz, selon diverses sources, avait amené avec lui de Bagdad une lettre du président Saddam Hussein destinée à Jean Paul II, en réponse à la missive qui a été remis au chef de l’Etat irakien par le cardinal Roger Etchegaray, l’émissaire spécial du pape qui se trouve en Irak depuis plusieurs jours.
Un ami de la cause du peuple irakien, le Père Jean-Marie Benjamin, un religieux français qui a participé à l’organisation de la visite, a confirmé que Tarek Aziz était porteur d’un message du président irakien. Le pape a une nouvelle fois plaidé pour le respect de la légalité internationale et l’application de toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Les conséquences de la guerre et les souffrances du peuple irakien ont été au centre de ce large échange de vues entre les deux hommes.
L’alerte maximale a été déclenchée dans la Ville éternelle dès le 13 février, à l’occasion de la venue de Tarek Aziz en Italie. Ce dernier effectue une tournée dans la Péninsule, d’où il repartira le 16 février après s’être rendu samedi en pèlerinage à Assise sur la tombe de saint François. C’est la quatrième fois que le vice-Premier ministre irakien, qui est lui-même catholique de rite chaldéen, se rend en visite au Vatican, après ses audiences de 1994, 1995 et 1998.
A l’occasion de la venue du numéro deux du parti irakien au pouvoir, le parti Baas « renaissance », en arabe -, le parcours emprunté par la dizaine de voitures du cortège de Tarek Aziz avait été soigneusement balisé par des gendarmes italiens appelés en renfort. Vêtu d’un costume sombre et coiffé de son traditionnel bonnet d’astrakan, le bras droit de Saddam Hussein a été reçu par le Souverain pontife à l’abri des regards durant une bonne trentaine de minutes.
Aziz promet la coopération de Bagdad en matière de désarmement
« Les entretiens ont permis un large échange de points de vue sur les menaces d’une intervention armée en Irak, qui ajouteraient d’autres graves souffrances à la population irakienne, déjà éprouvée par tant d’années d’embargo », affirme un communiqué publié par le porte-parole du Saint-Siège l’issue de la rencontre. « Tarek Aziz a voulu donner l’assurance du gouvernement irakien qu’il coopérera avec la communauté internationale, en particulier en matière de désarmement », écrit Joaquin Navarro-Valls. Pour sa part, « le Saint-Siège a rappelé la nécessité de respecter fidèlement, avec des engagements concrets, les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, garantes de la légalité internationale ».
Tarek Aziz a ensuite rencontré le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Angelo Sodano, ainsi que Mgr Jean-Louis Tauran, ministre des Affaires étrangères du Souverain pontife. Tous « ont rappelé que l’Eglise catholique continuera son travail d’éducation à la paix et à la vie pacifique entre les peuples, afin qu’en toutes circonstances, soient trouvées des solutions de paix », précise le communiqué.
L’audience accordée par Jean Paul II au vice-Premier ministre irakien s’est déroulée quelques heures avant la présentation au Conseil de sécurité de l’ONU à New York du rapport sur le désarmement de l’Irak. Tarek Aziz était porteur d’un message personnel de Saddam Hussein au pape. Aucune information n’a toutefois été donnée à ce sujet. Le numéro deux du parti Baas devait donner une conférence de presse dans la soirée du 14 février, après avoir rencontré le ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini.
Le cardinal Roger Etchegaray poursuit sa mission en Irak
Au même moment, le cardinal Roger Etchegaray poursuit sa mission en Irak comme envoyé spécial de Jean Paul II. Sa rencontre avec Saddam Hussein est attendue pour ses prochains jours, même si aucune date n’a encore été fixée. Le 14 février, il devait se rendre à Mossoul, au nord du pays, où est concentrée la majorité des catholiques de rite chaldéen qui ne se sont pas repliés sur Badgad.
Interrogé par Radio Vatican le 13 février 2003, le prélat d’origine basque a affirmé que « l’espace pour la paix existe encore, même s’il est désormais petit ». « Il faut y croire jusqu’au dernier moment, a-t-il déclaré, jusqu’à l’épuisement total des ressources qui se trouvent en chaque homme de bonne volonté ». Il s’adressait en ces termes non seulement à « la population, mais surtout aux responsables de la société, en Irak comme dans la communauté internationale ».
« A l’extrême limite de l’espoir »
Le cardinal Roger Etchegaray a été envoyé par Jean Paul II le 10 février en Irak pour une mission « à l’extrême limite de l’espoir », dans le but d’éviter une guerre en Irak. Le 13 février, le prélat a toutefois précisé aux journalistes qu’il n’avait aucun plan tactique de médiation à offrir. Une autre étape de la médiation du Saint-Siège, basée sur les principes éthiques, devrait être la venue au Vatican du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Celui-ci devrait rencontrer Jean Paul II, le 18 février, ainsi que son secrétaire d’Etat, le cardinal Angelo Sodano. (apic/imedia/be)
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