Madagascar: Les Reliques de Sainte Thérèse suscitent la polémique avec les protestants
Antananarivo, 24 février 2003 (APIC) Les reliques de sainte Thérèse de Lisieux, régulièrement exposées à travers le monde, séjournent depuis une semaine à Madagascar. Leur arrivée a eu lieu en grandes pompes, en présence des autorités politiques et religieuses, et comme d’habitude d’une foule considérable de fidèles. Mais la venue de ces reliques suscitent également la polémique avec les protestants sur fond de nationalisme.
Les reliques sont arrivées de l’Île de la réunion voisine. Un évènement qui suscite tout à la fois: enthousiasme, émotion, et polémique dans le pays, ont rapporté le correspondant de Radio France internationale (Rfi) et le quotidien « L’Express de Madagascar ». A l’aéroport, les restes de la sainte ont eu droit à un accueil digne d’un chef d’état.
Le tapis rouge y a été déroulé pour la circonstance, et la fanfare de la République, envoyé sur les lieux. La moitié des membres du gouvernement, conduits par le Premier ministre Jacques Sylla ont fait le déplacement. Il y avait aussi les hauts dignitaires de l’Eglise catholiques, avec à leur tête, l’archevêque d’Antananarivo, Mgr Armand Gaétan Razafindratandra et le nonce apostolique Mgr Bruno Musaro.
Les représentants de toutes les congrégations catholiques et bien évidemment les carmes et carmélites étaient présents. Un évènement grandiose et unique dans l’histoire de l’Eglise catholique à Madagascar. Des milliers de personnes ont suivi le cortège, partout où il était passé. Le passage du reliquaire (de 145 kilos) de l’aéroport d’Ivato, une vingtaine de km à l’ouest de la capitale, à Mandrosoa, Talatamaty et Ambohibao a attiré des foules nombreuses, qui l’ont attendu durant des heures pour voir de leur propres yeux le symbole de la Foi et de l’Amour.
L’arrivée des reliques avait été précédée d’une publicité sans précédent. Madagascar est un pays qui compte de un grand nombre de catholiques. Pour eux, c’est un évènement unique. Une ferveur qui allait au-delà de la sensibilité catholique, a souligné le correspondant de Rfi.
« Pluies de grâce »
Selon le quotidien « L’Express de Madagascar », la pluie n’a pas empêché les fidèles de la communauté catholique de marquer leur présence à l’honneur de la petite Thérèse Martin. Les reliques feront le tour des 10 diocèses répartis dans toute l’Ile de Madagascar. Ce sera une opportunité pour « les chrétiens catholiques de pouvoir changer leur comportement spirituel et leur foi en s’adonnant à l’amour des prochains », selon les explications du Père Elie du Carmes d’Ampasanimalo. Il estime la présence des restes de sainte Thérèse fait l’objet « d’une grâce divine dans la vie spirituelle du pays, étant donné qu’elle a consacré sa vie pour la prédication de l’évangile dans la foi et l’Amour ». Le Père a aussi précisé que cette visite revêt une importance particulière dans la vie des carmes et carmélites. Il a également espéré qu’elle permettra de comprendre « la vraie vie spirituelle, d’encourager la foi des chrétiens et de se concentrer plus sur la vie chrétienne ».
Surnommée aussi la Petite Thérèse, la sainte vécut au XIXe siècle, au carmel de la ville française de Lisieux (Calvados). Cette carmélite est l’objet d’une dévotion mondiale de la part des catholiques.
Polémique
Tous les malgaches ne sont pas d’accords sur la venue des reliques dans leur pays. Une affaire qui provoque une polémique aux relents de nationalisme, sur fond d’anti-colonialisme, a indiqué Rfi. Les protestants ne se sentent pas concernés par cette ferveur et enthousiasme religieux. Une rivalité historique oppose en effet les deux communautés religieuses à Madagascar, qui comptent à peu près le même nombre de fidèles. Sur les quelque 15 millions d’habitants que compte Madagascar, les protestants et les catholiques représentent chacun 20% de la population.
Les protestants ne pratiquent pas la vénération des saints, à la différence des catholiques. Ils s’étonnent de la venue « d’ossements étrangers » dans le pays. Même parmi les catholiques, il y en a qui voudraient voir leurs co- religionnaires dépasser « les rites traditionnels » que sont vénération des reliques (une tradition de l’Eglise universelle) ou encore la fête annuelle des morts. Il s’agit de la coutume malgache du retournement des ancêtres dans leurs tombes. Chaque année, les familles exhument les restes de leurs aïeux pour en changer le linceul. Une pratique très ancrée dans l’esprit des malgaches qui, à cette occasion, « communient avec les esprits » en dansant avec ces restes de corps entre les bras. (apic/ibc/sh)
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