Le pape prône à Uppsala le dialogue « sans polémique ni méfiance »
Uppsala, 9juin(APIC/CIP) Arrivé jeudi en Suède pour entamer l’ultime étape de son voyage scandinave, Jean Paul II a quitté vendredi matin Stockholm
pour gagner la ville universitaire d’Uppsala, située au nord de la capitale. Avec ses 160.000 habitants, Uppsala est la quatrième ville du pays. Le
pape s’est rendu dans la cathédrale luthérienne, où un service oecuménique
a été célébré en présence du roi et de la reine.
Face aux « péchés commis contre l’unité », Jean Paul II a invité les
chrétiens au pardon mutuel. Après plus de 400 ans de séparation, il faudra
sans doute du temps et de la patience pour parvenir à la pleine réconciliation. Mais s’il est vrai que toutes les difficultés ne pourront s’aplanir
d’un seul coup, a-t-il déclaré, « nous devons faire aujourd’hui ce qu’il
nous est possible de faire, dans l’attente de ce qui le sera demain ».
C’est donc en faveur d’un dialogue patient que le pape a parlé. Un dialogue qui permette d’examiner « sans polémique ni méfiance les graves questions suscitées par la Réforme. « Nos efforts, a précisé le pape, ne seront
fructueux que dans la mesure où nous découvrirons et accueillerons ensemble
l’héritage de foi plein et authentique légué par le Christ à travers ses
apôtres ».
Après avoir mis l’accent sur les liens d’unité créés par le baptême et
sur « l’extraordinaire héritage historique commun », symbolisé par la
cathédrale d’Uppsala, Jean Paul II s’est réjoui de la « large coopération et
d’un nouvel esprit de bonne volonté qui anime aujourd’hui les chrétiens en
Suède », comme en témoigne, a-t-il indiqué. le fait que dans de nombreuses
localités où les catholiques n’ont pas leur propre église, les luthériens
mettent leurs lieux de culte à leur disposition. Le pape a conclu en exhortant les chrétiens à ne jamais se lasser de rechercher l’unité voulue par
le Christ.
Le rôle de l’université aujourd’hui
Vers 11h15, Jean Paul II s’est rendu à l’Université d’Uppsala qui fut
fondée en 1477 par le pape Sixte IV. S’adressant aux professeurs et aux
étudiants des universités suédoises, auxquels il a parlé de « la mission de
l’université au service de la personne humaine », le pape a évoqué l’ancienne « université médiévale », dont le but était de tenter d’unifier les connaissances. Jean Paul II a en outre plaidé en faveur de l’intégration des
diverses disciplines, de façon à éviter une hyperspécialisation et une professionnalisation trop pragmatique. Ce qui est en jeu, a-t-il dit, « c’est
l’avenir d’une culture authentiquement humaine, ouverte aux valeurs éthiques et spirituelles ».
La vocation des universités européennes, a poursuivi le pape, est de
sauvegarder les valeurs universelles et l’idéal de la liberté d’enseignement. Les universités doivent faire constamment référence à l’héritage intellectuel et spirituel qui a forgé l’identité européenne. Jean Paul II a
alors énuméré toute une série « de valeurs fondamentales appartenant à cet
héritage », indiquant que les discussions théologiques sur les deux natures
du Christ ont permis de définir le concept de personne, qui est « la pierre
angulaire de la civilisation occidentale: l’homme cesse d’être soumis aux
caprices d’un pouvoir politique ou d’une idéologie, et sa place se fonde
sur une loi naturelle universelle objective ». Le pape s’est réjoui de voir
ce principe davantage reconnu aujourd’hui.
Mise en garde contre « les capacités dévastatrices » de la technologie
Revenant plus spécifiquement sur la tâche de l’université, Jean Paul II
a mis l’accent sur la nécessité aujourd’hui d’une recherche interdisciplinaire sur les grandes questions liées aux progrès scientifique, particulièrement le sens de la vie et de la mort et les risques liés aux manipulations génétiques. Face aux « capacités dévastatrices » de la technologie moderne, a-t-il poursuivi, s’impose l’urgence d’une « mobilisation des esprit
et des consciences ». Le pape a en outre invité les universités à un engagement accru pour promouvoir une solidarité nouvelle, basée sur le respect de
la dignité et la justice pour chaque individu et pour chaque peuple. Il a
indiqué ici que la culture nordique, qui se nourrit à différentes traditions, peut favoriser une collaboration entre les universités de l’Europe de
l’Ouest et de l’Est.
« Notre génération a encore beaucoup à faire, a dit le pape, si elle veut
vraiment se soustraire au reproche de l’histoire de n’avoir pas lutté de
tout son coeur et de tout son esprit pour vaincre la misère de tant de millions de nos frères et soeurs ».
Suède: rencontre avec les étudiants suédois (suite de la page 7) (090689)
Dans son discours aux étudiants et aux professeurs suédois, le Pape a
rappelé les « tragiques évênements de ce siècle ». Ils montrent à quel point
les êtres humains sont menacés et détruits lorsque les gouvernements nient
la dignité fondamentale de l’homme. Faisant allusion au nazisme, il a
déploré que de grandes nations aient oublié leurs traditions culturelles et
que des lois, aient mis en application l’extermination de groupes de peuple
et la discrimination de groupes ethniques et religieux.
Dans ce contexte, Jean Paul II a cité le Suédois Raoul Wallenberg comme
un exemple de résistance face à de telles aberrations. Raoul Wallenberg
avait sauvé de nombreux juifs des camps de concentration.
Exhortation aux religieuses et aux couples
Après avoir rencontré les étudiants et professeurs suédois, le pape a
récité à 13 heures l’Angelus à l’église S. Laurent d’Uppsala, en présence
des supérieurs des instituts religieux suédois et du conseil paroissial.
A travers les supérieures, c’est aux 250 religieuses que compte la Suède
que le pape s’est adressé. Il leur a d’abord parlé du voeu de pauvreté,
pour observer que le témoignage de la pauvreté est précieux dans une société où tout est axé sur la consommation. A propos du petit nombre des vocations, il a rappelé que l’appel ne peut se comprendre du seul point de
vue humain, mais est un mystère qui est l’oeuvre de l’Esprit. Il a exhorté
les religieuses à persévérer dans leur témoignage, afin que la voix du
Seigneur ne soit pas étouffée ou passe inaperçue chez les jeunes.
Au milieu de l’après-midi, Jean Paul II a célébré la messe sur un terrain proche de l’église luthérienne située en plein coeur de la vieille
ville. Dans son homélie, il a parlé du mariage et de la famille.
Jean Paul II a présenté le mariage comme « un pacte inconditionnel et durable », qui réclame une préparation attentive. Il a rappelé aux époux que
l’enfant est le don le plus précieux, regrettant que, suite aux pressions
du travail et à l’accélération de la vie, les parents consacrent de moins
en moins de temps à leurs enfants. « L’avenir de l’Eglise, l’avenir de l’humanité même, a-t-il déclaré, dépend pour une bonne part de la qualité de la
vie familiale et de l’intimité des relations vécues dans le foyer. La grandeur de cette nation, comme toute nation, peut se mesurer à la qualité de
ses familles. » (apic/cip/jt/pr)
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