Lettre à Marcel

Septante ?  A l’origine (latine) ce fut setante, vers l’an 1120. Puis en 1240 le septante que l’on connaît, « encore vivant en Suisse et en Belgique » assure le Culturel de la langue française, ce dictionnaire parmi les autres (éditions Le Robert), mais tenu volontiers à portée de main tant il rend le lecteur heureux en découvrant les racines et le cours de l’existence des mots. Septante figure dans l’histoire des traductions de la Bible en grec (la version des Septante), et maintenant dans la tienne propre.

Septante, employé une année seulement dans l’existence d’un être humain. Huit lettres bonnes pour 365 jours et même un de plus tous les quatre ans. Septante pour Marcel des bords du Léman, fêté aujourd’hui, et d’autres de par le monde, Septante, un mot de huit lettres comme histoire, maturité, humanité… Il paraît que les octogénaires ne manquent pas une occasion d’inviter les septuagénaires à énumérer les mots comprenant non pas sept, mais huit lettres. Il paraît aussi qu’ils n’attendent pas de réponse tant ils sont pressés de constater ceci, communiquer cela, exposer leurs certitudes, inciter à, et parfois confier un secret.

Tel celui-ci : – S’exprimer, c’est vivre. Gardez-vous à septante ans de ne plus jouer avec les mots dont le rôle, depuis l’origine des temps, vise à construire la partie de soi la plus vitale, l’essence de l’être.

La partie de soi la plus vitale ? L’un la découvre lors d’une méditation au fil d’une longue marche en montagne. L’autre n’est pas encore au clair à ce sujet, mais pense qu’elle se révélera au terme d’entretiens prolongés avec les bibliothécaires et les philosophes, ou à l’écoute d’œuvres jouées soi-même ou par de grands pianistes. Chacun donne en ces circonstances une grande partie de sa personne. Pour certains poètes  du dimanche ou écrivains, la partie de soi la plus vitale se tient dans une intimité dont les fondements reposent sur ce qui a été conçu – la paix, la joie, d’aucuns ajouteront la reconnaissance, le pardon, l’humilité, quoi encore –  pour parvenir sinon au seuil de l’éternité, à l’entendement ou l’un ou l’autre de ses synonymes. La littérature et la musique, au fil des décennies, portent à se connaître. (On t’entend ajouter : les uns les autres).

Septante. Deux fois la lettre e, de même pour plénitude. Tempête, sérénité, éternité ? Trois fois. Plus intéressant encore !

Fêter aujourd’hui. Jouer dès maintenant avec les mots, ces musiques dont le rôle depuis l’origine des temps vise à bâtir la partie de soi la plus vitale. Vitale, car elle a pour mission de faire d’un être un humain. Entièrement. (Hum ! quatre e; on va s’arrêter là).

PhilGo

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/blogsf/lettre-a-marcel/