Philarète de Minsk plaide pour une « libre rencontre avec l’Occident »
Fribourg, 8 avril 2003 (Apic) Le métropolite Philarète de Minsk, de passage en Suisse à la tête d’une délégation de la Faculté de théologie de l’Université de Minsk, a relevé mardi la nécessité pour la théologie orthodoxe d’une « libre rencontre avec l’Occident ». Vendredi, l’hôte de la Faculté de théologie de Fribourg sera fait docteur honoris causa de l’Institut de théologie orthodoxe St-Serge, à Paris.
Avant de plaider à l’Université de Fribourg pour le dialogue interconfessionnel, l’exarque du patriarcat de Moscou pour la Biélorussie s’est rendu à la cathédrale St-Nicolas pour vénérer les reliques du saint originaire de l’actuelle Turquie. Le chapitre cathédral in corpore a accueilli le métropolite de Minsk, avant de le conduire à l’autel, sur lequel avait été placé le fameux bras reliquaire contenant des reliques du saint honoré tant en Occident qu’en Orient. Philarète, une personnalité engagée dans l’oecuménisme, n’a d’ailleurs pas manqué à cette occasion de souligner que Nicolas de Myre pouvait aider les Eglises à atteindre l’unité.
Agé de 67 ans, le métropolite Philarète Cyrille Vakhromeïev se trouve à la tête de l’Eglise orthodoxe de Biélorussie depuis 1978, et à ce titre, il est membre permanent du Saint-synode de l’Eglise orthodoxe russe. Ancien recteur de l’Académie de théologie de Moscou, il préside depuis 1989 la commission théologique synodale de l’Eglise orthodoxe russe.
Un oecuménisme réel, loin des intrigues politiques
Dans son pays, la Biélorussie, les relations avec l’Eglise catholique romaine et les autres communautés religieuses sont « stables et bonnes », tient-il à relever. « Les Eglises ne se laissent pas troubler par les intrigues politiques! », a-t-il déclaré à l’Apic.
Si la situation est plutôt enviable par rapport à celle des voisins ukrainien et russe, c’est certainement dû à l’action du métropolite de Minsk, un homme ouvert au dialogue avec les autres confessions. Lorsqu’il était recteur de l’Académie théologique de la Trinité Saint Serge, il accueillait discrètement des séminaristes gréco-catholiques. Lorsqu’il fut nommé évêque de Minsk en 1978, en pleine période soviétique, il aida à faire rouvrir des églises catholiques.
Lors de sa conférence publique à l’Université de Fribourg, intitulée « Le développement de la théologie du point de vue orthodoxe; du confessionnalisme théologique à une théologie commune », Philarète de Minsk a dit voir aujourd’hui des perspectives réelles dans le domaine de la formation et de la science théologique pour le dialogue interconfessionnel. Et de souligner que dans sa Faculté de théologie de Minsk, des étudiants de diverses nationalités étudient ensemble: Biélorusses, Russes, Polonais et Lituaniens. Sur 90 étudiants, dix sont catholiques.
Evoquant « l’arc-en-ciel des systèmes théologiques », le métropolite orthodoxe a estimé que l’unité de l’Eglise ne se manifeste pas dans l’unification de la confession de foi des diverses confessions, et elle ne se laisse pas non plus réaliser par une politique de fusion entre les confessions. « L’unité, a-t-il poursuivi, consiste plutôt en une position chrétienne commune face à la création de Dieu, dans la prise de conscience commune des objectifs et des valeurs chrétiennes, dont le centre est de manière inaltérée le Seigneur Jésus-Christ ».
Ouverture à Minsk d’un Institut scientifique pour la communication interconfessionnelle
Le 16 décembre dernier, l’Eglise orthodoxe de Biélorussie a ouvert à Minsk un Institut scientifique pour le dialogue religieux et la communication interconfessionnelle. L’événement, auquel a participé notamment le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a une portée oecuménique internationale. L’Institut participe à un projet international de recherche sous l’égide de l’Union européenne portant sur le thème « Religion et conflit ». Un sous thème traite de « L’influence de la politique confessionnelle et des mythes nationaux sur l’origine et la solution des conflits en Europe de l’Est », avec pour pays analysés la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie.
Un siècle d’études sur les Eglises orientales à l’Université de Fribourg
Dès l’an 2000, l’Institut d’études oecuménique de l’Université de Fribourg entretient des relations suivies avec l’Université européenne des sciences humaines de Minsk. La professeure Barbara Hallensleben et son assistant Richard Krager, ainsi que les professeurs Guido Vergauwen et Guy Bedouelle, ont donné des conférences à la Faculté orthodoxe de Minsk. Une convention de coopération entre les Universités de Minsk et de Fribourg a été signée il y a 3 ans par les deux doyens des Facultés de théologie, le Père Guido Vergauwen et le métropolite Philarète.
Le vice-recteur Guido Vergauwen, professeur à la Faculté de théologie, a rappelé que Fribourg a une longue tradition de recherche concernant l’orthodoxie: depuis plus de 100 ans, les Eglises orientales font l’objet d’études à l’Université de Fribourg sous la forme de cours et de travaux de recherche. (apic/be)
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