Grèce: L’archevêque orthodoxe pour la culture chrétienne dans la Convention européenne

L’Europe ne serait qu’une « mauvaise copie de l’Union soviétique »

Athènes, 6 mai 2003 (Apic) Plusieurs représentants des Eglises orthodoxe, catholique et anglicane se sont retrouvés en Grèce, du 4 au 6 mai, pour demander en présence de hauts responsables européens, qu’une référence explicite aux racines chrétiennes de l’Europe soit faite dans la Constitution. L’archevêque orthodoxe d’Athènes, Mgr Christodoulos, a notamment mis en garde le Vieux continent contre ce qu’il a qualifié d’une « mauvaise copie de l’Union soviétique », dans le cas où les racines chrétiennes de l’Europe ne seraient pas reconnues comme telles.

Dès le début de son discours prononcé le 5 mai, l’archevêque a espéré que les hommes politiques européens « n’essaieront pas de forger l’histoire, ni de transformer la vision d’unification en conflit d’intérêts ». « Mais même s’ils le voulaient, ils n’y arriveraient pas », a-t-il ajouté en expliquant que « la vision du bien commun n’est pas simplement une idéologie politique qui pourrait être falsifiée, mais une conscience publique inscrite dans le coeur de la culture des Européens ». Rappelant que cette culture se trouve dans le christianisme, il a demandé que cet aspect soit pris en compte dans la construction de l’Europe, « non seulement comme puissance créatrice de notre civilisation, mais également en tant que puissance qui nous rassure avec précision que la future Union sera bien européenne ».

Pour l’archevêque orthodoxe, « la soumission de l’Europe aux considérations géopolitiques provisoires, qui mènent à la transformation de son identité culturelle, est non seulement absurde mais également inadmissible ». Dans ce cas, a-t-il expliqué, l’Europe « ne deviendra qu’une mauvaise copie de l’ancienne Union soviétique ». Ainsi, selon Mgr Christodoulos, « si la conduite politique de l’Union européenne décide d’intégrer des civilisations étrangères en son sein, alors l’Europe sera transformée en simple zone économique ». Même si « c’est le droit des politiques » d’aller dans ce sens, a poursuivi l’archevêque d’Athènes, « en cas d’un tel déraillement, ni l’Eglise ni les forces spirituelles de l’Europe n’abandonneront » le Vieux continent.

Référence chrétienne et tolérance religieuse

Cependant, Mgr Christodoulos a tenu à préciser que « le christianisme ne doit pas être considéré comme une foi imposée à tous les citoyens d’Europe ». « La formulation – de la référence aux racines chrétiennes – devra faire en sorte de respecter la tolérance religieuse, (.) et de ne pas constituer une menace ou un obstacle aux non chrétiens qui sont des citoyens de l’Europe ». « Nous-mêmes, les chrétiens, nous avons l’obligation de ne pas pardonner tout nationalisme culturel », a-t-il précisé. « Il est clair et indiscutable que l’Eglise est l’Eglise du Christ et non pas celle de l’Europe ».

En conclusion, l’archevêque d’Athènes a cité quelques exemples de l’influence de la culture chrétienne en Europe. « Basile le grand, Descartes, Mozart, François d’Assise, ou encore Kepler appartiennent à tous les Européens, tous les enfants d’Europe ont été élevés par les contes de Hans Christian Andersen, tous les Européens considèrent Florence, Amsterdam ou Vienne comme les capitales de leur civilisation », a-t-il constaté. « Ce qui signifie, a conclu Mgr Christodoulos, que si l’Union européenne aspire à être réellement ce que son nom inspire, elle devra naviguer en suivant l’étoile de sa civilisation ».

Dans la liste des participants, figuraient notamment le cardinal français Roger Etchegaray – envoyé spécial du pape -, l’évêque anglican de Londres en Angleterre, Richard Chartres, le conseiller de Romano Prodi, président de la Commission européenne, le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, le professeur Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté Sant’Egidio, Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds Monétaire International, ainsi que des représentants de diverses Eglises orthodoxes nationales, dont celle de Russie. Une déclaration finale devait être signée par tous les participants à l’issue de la rencontre.

Pression des Eglises chrétiennes

Alors que l’échéance des travaux pour la rédaction de la future Constitution européenne approche – elle est fixée à fin juin -, les religions chrétiennes font de plus en plus pression sur les Etats membres de l’Union européenne. En particulier, les Eglises locales de certains pays comme la Pologne font pression sur leurs propres gouvernements. Au cours de son voyage en Espagne, les 3 et 4 mai, Jean-Paul II a fait allusion aux racines chrétiennes de l’Europe dans chacun de ses discours officiels. « Europe, retrouve-toi, sois toi-même », a-t-il lancé dès son arrivée à Madrid.

La rencontre oecuménique de ces derniers jours en Grèce marque par ailleurs une nouvelle avancée dans le dialogue entre catholiques et orthodoxes. D’autres événements dans ce domaine sont à attendre pour ces prochains mois. Ainsi, du 21 au 24 mai, un symposium académique sur le ministère pétrinien sera organisé par le Vatican avec la participation de théologiens des principales Eglises orthodoxes. La semaine suivante, du 1er au 3 juin, un représentant du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens se rendra en Grèce pour participer à un autre symposium organisé par l’Eglise orthodoxe de Grèce sur le dialogue théologique entre catholiques et orthodoxes. (apic/imedia/bb)

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