Un restaurant géré par les moines provoque la colère
Siauliai, 18 mai 2003 (Apic) La construction d’un ermitage et d’un restaurant près de la Colline des croix, près de Siauliai, en Lituanie, suscite la colère des Lituaniens. La construction d’un monastère et d’u restaurant par des moines italiens provoque une levée de boucliers.
Il est difficile d’imaginer que la Colline des croix, à 12 kilomètres au nord de la petite ville industrielle de Siauliai, qui est le lieu de pèlerinage le plus connu de Lituanie, soit à l’origine d’une querelle avec des moines franciscains italiens.
Placées sur une petite colline se dressent des centaines de milliers de croix symbolisant la dévotion chrétienne et témoignant de l’identité nationale lituanienne. Ce mémorial a résisté aux efforts des autorités qui, sous le régime soviétique, voulaient détruire le sanctuaire en rasant les croix.
Aujourd’hui, presque 12 ans après l’indépendance de la Lituanie, les habitants de Siauliai ont repris la lutte contre ce qu’ils considèrent comme une nouvelle menace à laquelle ils ne s’attendaient pas – un monastère et un restaurant – construits sur le site par des moines franciscains italiens.
« Nombreux sont ceux qui sont consternés de voir combien l’atmosphère a changé », déplore Eugenius Bartulis, l’évêque catholique romain de la ville.
Même si la pose des croix remonte à 1831, date d’un soulèvement manqué contre le régime russe, la colline est connue pour avoir été un lieu de résistance spirituelle au régime soviétique après l’annexion de la Lituanie par l’Union soviétique en 1940.
Surpris par l’ampleur des protestations
Dans les années 50, des catholiques revenant de déportation en Sibérie ont renoué avec la pratique de poser des croix, des rosaires et des statues à Kryziu Kalnas, comme s’appelle la colline en lituanien.
L’ermitage en briques rouges des franciscains, achevé l’an dernier, se trouve à environ 150 mètres à l’ouest de la colline. Le restaurant controversé se trouve de l’autre coté du monastère et à l’extérieur il y a un café, avec des tables et des parasols, « où l’on sert de la bière ».
Les moines se disent surpris par tout ce tapage et expliquent qu’ils n’ont fait qu’accomplir le voeu formulé par le pape Jean Paul II durant sa visite en 1993 de jeter un pont entre la Lituanie et l’Italie.
Aureljus Grisius, le prieur lituanien de l’ermitage, défend ce projet, en rappelant que le monastère est petit et se trouve derrière la colline. Un avis que ne partagent pas les catholiques de la région, qui déplorent cette construction qui, à leurs yeux, nuit au caractère contemplatif du lieu et qui a été construit sans consultation avec la population locale ou les Eglises.
La controverse ne touche pas les catholiques uniquement. « Des gens de différentes confessions, entre autres des protestants et des orthodoxes, viennent régulièrement poser des croix ici », a expliqué Melita Poskiene à l’Agence oecuménique ENI. D’autant, estime-t-on dans la région, que le restaurant Broliu Svetainne et le café adjacent, conçus comme un lieu d’accueil pour les pèlerins, sont bien trop chers pour les Lituaniens. (apic/eni/pr)
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