Rencontre avec Mgr Renato Boccardo, organisateur des voyages pontificaux

100e voyage international de Jean-Paul II

Le voyage du pape en Suisse, en 2004? En préparation!

Dubrovnik, 6 juin 2003 (Apic) Sur le qui-vive, émetteur à l’oreille pour suivre dans les moindres détails le déroulement de la cérémonie de béatification de Marija Petkovic, le 6 juin à Dubrovnik, Mgr Renato Boccardo a tout du parfait garde du corps en soutane. L’organisateur des voyages du pape confirme que le déplacement en Suisse, dans le cadre de la Rencontre nationale des jeunes catholiques, figure à l’agenda du pape en 2004, même s’il est encore trop tôt pour bien en parler.

En réalité, Mgr Renato Boccardo est « chef du protocole chargé de missions particulières » depuis 2001, c’est-à-dire l’organisateur des voyages pontificaux. Entre deux appels retransmis par ses oreillettes, dans la sacristie de fortune installée derrière l’autel pontifical où se déroule la messe, il fait part de ses impressions sur le 100e voyage de Jean Paul II à I’Apic le fait le point sur les prochains voyages internationaux.

A l’écouter, on comprend tout de suite que tout se passe comme prévu. Mgr Renato Boccardo, cinquante ans, s’est rendu à deux reprises en Croatie avant la « grande visité » afin de mettre au point tous les détails pratiques, en rencontrant son homologue du gouvernement croate ainsi que les évêques du pays. Rien n’a été laissé au hasard. Chaque personnalité invitée à son nom inscrit sur sa chaise, les discours sont écrits à l’avance, des policiers collaborent avec deux officiers de la Garde suisse pontificale pour la sécurité du pape et de la foule.

Les premières annonces finalement repoussées depuis un an d’un éventuel voyage du pape ont facilité l’organisation à la fois matérielle et spirituelle. « Les Croates que nous rencontrons font tous part de leur gratitude au pape d’avoir choisi la Croatie pour son 100e voyage », affirme le prélat italien. Toutefois, précise-t-il, « il faut savoir que le pape choisit ses voyages suivant les invitations qui lui sont faites ». « Pour le pape ce voyage est un pèlerinage comme un autre; il vient pour prier comme d’habitude sans faire attention à cet anniversaire ». « Les invitations du gouvernement et de l’Eglise locale ont coïncidé avec la fin du procès de béatification de Marija Petkovic », ajoute-t-il pour expliquer le choix de la date.

A la demande des évêques croates

Concernant le choix des cinq étapes que le pape devaient effectuer au cours de son voyage, Mgr Boccardo affirme que Dubrovnik et Djakovo ont été demandées par la Conférence des évêques de Croatie, étant les deux villes les plus touchées par la guerre serbo-croate.

Faisant allusion à l’homélie de Jean Paul II le 6 juin, il reconnaît que « la guerre a atteint beaucoup de monde ici » et que « les Croates en sont encore très fortement marqués, particulièrement les femmes ». Une aide financière devait être faite par Jean Paul II au cours de son voyage pour la reconstruction des régions encore détruites.

Osijek, situé au nord-est du pays, a en outre été choisi pour la forte concentration d’une population rurale, à laquelle Jean Paul II devrait s’adresser directement en invitant les jeunes à ne pas céder à la tentation de la migration vers les grandes villes. C’est en effet la seule région du pays qui permet la présence de cultures à cause de l’important relief montagneux sur le reste du territoire. Pour cette raison, Osijek est appelé le « grenier de la Croatie ». L’étape de Zadar – sur la côte Adriatique -, seul archidiocèse appartenant directement au Saint-Siège en raison de son histoire, a été rajoutée au dernier moment, après l’invitation de l’évêque du lieu.

A propos de Medjugorje

Interrogé sur les rumeurs d’une éventuelle allusion de Jean Paul II aux événements du sanctuaire marial de Medjugorje, Mgr Renato Boccardo dément formellement l’information. Situé en Bosnie-Herzégovine, dans la partie occidentale frontalière avec la Croatie et dont la population est majoritairement composée de catholiques croates, le petit village de Medjugorje est le théâtre d’apparitions de la Vierge depuis 1981, à six personnes puis seulement à quatre d’entre elles qui continuent aujourd’hui à en bénéficier. En 1994, quelques jours avant la première visite de Jean Paul II en Croatie, la Vierge aurait demandé dans l’un de ses messages de « prier pour la santé du plus cher de mes fils qui souffre et que j’ai choisi pour ces temps ».

« Il n’a jamais été question que le pape se rende à Medjugorje ou qu’il y fasse la moindre allusion », a affirmé l’organisateur des voyages pontificaux. Alors que certains attribuent au pape une grande dévotion à la « Gospa » de ce sanctuaire, qualifiée de « Reine de la paix », d’autres, dont l’évêque de Mostar dont dépend Medjugorje, préfèrent rester prudents. Le président de la Conférence épiscopale bosniaque, le cardinal Vinko Puljic avait notamment dénoncé la désobéissance des franciscains du lieu lors du dernier synode des évêques. Pour le moment, les pèlerinages sur le lieu des apparitions doivent se dérouler de manière privée, et à condition qu’ils ne soient pas considérés comme une authentification d’événements en cours et qui demandent encore un examen par l’Eglise.

Les projets

Interrogé sur les prochains voyages internationaux de Jean Paul II, Mgr Renato Boccardo a confirmé la visite du pape en Bosnie, le 22 juin. Concernant une éventuelle venue du patriarche serbe orthodoxe Pavle, « les rumeurs courent, mais rien n’a été confirmé ». Ce serait la première fois que le chef de l’Eglise orthodoxe serbe rencontrerait Jean Paul II.

D’autres projets de voyages pontificaux sont en cours, mais rien encore d’officiellement confirmé. Au sujet de la Mongolie, Mgr Boccardo reconnaît « qu’il faudra bien prendre une décision rapidement pour des questions de logistique », sûrement avant la fin du mois de juin. Toutes les données nécessaires à un voyage sont requises, mais le virus du Sras qui sévit en Asie pourrait être un motif suffisant pour « repousser » le projet.

Quant à la Russie, l’éventuelle étape à Kazan semble de moins en moins certaine. « Le pape ne veut pas imposer aux orthodoxes de Russie l’icône de Kazan » ­ icône vénérée par les orthodoxes et actuellement conservée dans les appartements du pape au Vatican -, affirme avec un geste d’impuissance le prélat. « Nous avions prévu cette étape après avoir étudié le projet pour la Mongolie, mais la situation actuelle, notamment l’état de santé du patriarche Alexis II, empêche pour le moment un tel événement ».

Le voyage en Slovaquie, du 11 au 14 septembre prochain semble plus certain. Trois étapes ont déjà été prévues au cours de ce nouveau voyage en Europe de l’est – s’il a lieu -, à Bratislava ­ la capitale -, à Banska Bystrica, ainsi qu’à Roszniava.

Enfin, concernant les voyages prévus pour l’année 2004, celui en Suisse en juin dans le cadre de la Rencontre nationale des jeunes catholiques se prépare, le pape ayant récemment accepté un tel déplacement. « Mais il est encore trop tôt pour penser à organiser un voyage de Jean Paul II ». Des invitations ont par ailleurs été faites au pape de la part de la Serbie et du Mexique. « Je ne peux pas encore me prononcer à ce sujet », confie Mgr Boccardo avant de repartir près du pape pour reprendre son travail. « Comme lui, nous devons nous remettre pour chacun des projets à la grâce de Dieu et à sa santé! ». (Apic/imedia/as/pr)

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