« Nous sommes une seule Eglise »
Beyrouth, 20 juin 2003 (Apic) « Nous sommes une seule Eglise avec deux présidences. Il faut les unifier. Elaborons un plan de travail qui nous aiderait à atteindre cet objectif, d’autant que ce projet d’unification est très bien reçu par beaucoup de responsables ». Tel est le message lancé le 19 juin par Mgr Antoine Baylouni, évêque des syriens-catholiques, lors du synode de l’Eglise maronite.
Ce premier synode maronite depuis 150 ans s’est ouvert le 1er juin au siège patriarcal de Bkerké. Aujourd’hui, les participants écouteront en seconde lecture le projet de communiqué final qui sera rendu public le 21 juin. La rencontre se déroule en présence de nombreux représentants de plusieurs Eglises chrétiennes et religions. La journée du 19 juin a été consacrée aux interventions de ces délégués et observateurs des autres communautés.
Premier à prendre la parole, Mgr Antoine Baylouni, évêque des syriens- catholiques, a surpris une bonne partie de l’assemblée en proposant l’unification de son Eglise avec l’Eglise maronite. Il a cependant posé comme condition à la réussite de ce projet le rapprochement de l’Eglise maronite de ses racines syriaques, de sorte qu’elle devienne « plus syriaque que maronite ».
Les autres délégués des Eglises catholiques et des communautés musulmanes et druze ont placé hier sur les épaules des maronites des responsabilités aussi immenses que passionnantes, affirme le quotidien libanais « L’Orient-le-Jour » dans son édition du 20 juin. Et de citer entre autres: édifier le Liban de la convivialité, résister aux forces centrifuges qui cherchent à faire éclater le Moyen-Orient en entités ethniques ou religieuses homogènes, s’engager aux côtés des communautés musulmanes et druze pour bâtir une société civile cohérente qui jouirait d’une haute immunité politique, défendre la liberté religieuse et servir de rempart aux communautés chrétiennes plus petites, rester fidèle à Rome et à la latinité tout en s’ouvrant à la civilisation anglo-saxonne, ne pas négliger l’Orient tout en prenant en charge les Eglises maronites d’Occident numériquement plus importantes, .
Les chiites pour un « congrès religieux abrahamique »
Le pasteur Habib Badre, représentant de la communauté évangélique, a pour sa part affirmé: « Tout comme le Liban est plus qu’un pays, les maronites sont plus qu’une communauté. Ils sont un message. Sans ce message que sont les maronites, le Liban ne serait pas non plus message, ce qui les place devant une responsabilité historique ». Le vice-président du Conseil supérieur chiite, Abdel-Amir Kabalan, appelle à la tenue d’un sommet interreligieux qu’il a qualifié de « congrès religieux abrahamique ». Le dignitaire appelle musulmans et chrétiens à faire front commun au « torrent de la culture sécularisée et du relativisme éthique qui envahit la planète ».
Dans son intervention, Mohammed el-Sammak, délégué de Dar el-Fatwa, a mis en garde l’Eglise maronite contre le nouveau Moyen-Orient qui se dessine, après la guerre contre l’Irak, selon des tracés ethniques et religieux. « A l’Eglise maronite revient la tâche de défendre l’unité du Liban, non seulement parce que les chrétiens libanais ont un rôle capital à jouer pour défendre le moral des chrétiens du monde arabe et de contribuer efficacement à en maintenir la présence et en consacrer le témoignage », a-t- il affirmé.
Indonésie: Recrudescence des combats entre militaires et les rebelles séparatistes
Ecoles et hôpitaux incendiés, près de 40’000 déplacés
Jakarta, 20 juin 2003 (Apic) Près de 40’000 personnes ont dû abandonner leur habitation depuis le début de l’offensive de l’armée indonésienne, le 19 mai dernier, contre les rebelles séparatistes d’Aceh dans l’ouest du pays. Et ce malgré la trêve signée entre le Mouvement pour Aceh Libre (GAM) et le gouvernement de Djakarta en décembre dernier à Genève.
Le nombre de victimes de ce conflit pourrait encore augmenter, selon les missionnaires des Frères conventuels, car l’intensité des combats va crescendo. Entre établissements scolaires et autobus incendiés, et centres de santé saccagés, les populations ne savent plus à quel saint se vouer.
Même si le Père Ferdinando Severi, missionnaire des Frères conventuels, dans le chef-lieu, Banda Aceh souligne que le gouvernement a prévu le nécessaire pour accueillir les déplacés dans seize localités de la province, il est d’avis que ce bilan est assez préoccupant. « Des tentes et des services sanitaires ont été installés, du riz, du poisson et de l’eau sont emmenés dans les camps », indique-t-il. Le missionnaire, présent en Indonésie depuis 34 ans et depuis 12 ans à la petite paroisse du Sacré Coeur de Jésus à Banda Aceh, affirme que la violence est encore quotidienne.
Six à sept morts retrouvés par jour
« On compte dans les médias six à sept morts par jour, retrouvés dans les champs ou dans des fossés. Ici, à Banda Aceh, la situation n’est pas très grave mais il y a une grande insécurité et les habitants ont peur de sortir de la ville », soutient le Père Severi. Selon lui, les Ong de tous bords rencontrent des difficultés pour intervenir et porter secours aux victimes. Les étrangères ne sont pas autorisées à opérer à Aceh et les Indonésiennes savent qu’en venant ici, elles courent de gros risques, affirme le religieux.
Ces dernières semaines, 38 autobus ont été incendiés sur les routes. Plus de 500 établissements scolaires ont été brûlés dans diverses zones d’Aceh. Des sources proches du gouvernement affirment par ailleurs que, depuis le début de l’offensive militaire, 212 guérilleros du GAM, 194 civils, 23 militaires et 3 policiers ont été tués. Cent quarante huit extrémistes ont été capturés et 185 se sont rendus. 81armes ont été saisies.
Le GAM a entamé sa guérilla en 1976 pour obtenir l’indépendance d’Aceh, mais c’est en fait depuis 400 ans que la province de 4,2 millions d’habitants se rebelle contre le pouvoir. Celui des colonisateurs espagnols, puis hollandais d’abord, et aujourd’hui contre le gouvernement de Djakarta. A en croire certains observateurs, il s’agit simplement d’un conflit ethnico politique exacerbé par le fanatisme religieux. (apic/misna/jv)
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