Le service du plus petit, la louange du plus Grand

Jura: Rencontre de Fraternité Jura Monde avec les missionnaires en congé

Monique Rion, Service d’information catholique du Jura pastoral

Delémont, 24 juin 2003 (Apic) Fraternité Jura Monde a rencontré le 23 juin, comme il est de tradition, les missionnaires en congé. Sept étaient lundi au rendez-vous et ont témoigné de leur expérience déconcertante vécue pour la plupart dans des pays africains.

Les représentants des groupes missionnaires de la région entouraient le comité de Fraternité Jura Monde présidé par Antoinette Nicoulin, de Delémont, qui recevait également Sr Marie-Paule Despont du Laïcat missionnaire romand et Jean-Claude Murith des OEuvres pontificales missionnaires (OPM) dont la campagne 2003 cet automne aura pour thème « Riches de nos différences ». Grâce à leur institution, « qui vit par les fourmis qui travaillent à la base », l’ensemble des missionnaires et toutes les Eglises dans le monde sont portées par la solidarité financière et par la prière. Se pose la question de la relève des missionnaires: « Pourquoi n’avons pas mieux su faire envie aux jeunes de se mouiller? »

Des expériences missionnaires marquantes

Le Père Alfred Beuret, de Boncourt, est au Burundi depuis 45 ans. Agé de 78 ans bientôt, il est rentré en Suisse au mois de janvier, pour de bon, pensait-il. Mais il a décidé de ne pas baisser les bras, cette fois encore il repartira, au mois d’août. Il reste le dernier des Pères du Saint- Sacrement au Burundi qui se trouve depuis dix ans dans une situation de guerre larvée. Les autres missionnaires, dont deux de ses frères, ont été expulsés. Il y avait débuté comme professeur dans un séminaire, qui a fermé. Et c’est en travaillant dans un garage que le Père Beuret a appris la langue du pays, le kirundi. Depuis, il s’occupe également de l’entretien dans des dispensaires.

Médecins et supérieurs ont réussi à dissuader le Père Bernard Jobin de repartir il y dix ans. Ce Valaisan s’est « décarcassé comme tout le monde là- bas »: après 35 ans en Afrique où il fut « architecte plus que missionnaire- prêcheur », que faire ici? Au bénéfice d’une « formation humaine intégrale », il a trouvé un créneau de prêtre-accompagnant: la confession n’a plus guère cours ici, pourtant les gens ont besoin de parler, d’être écoutés. Il est aussi chargé du discernement dans les cas d’exorcisme, fonctionne au tribunal ecclésiastique matrimonial.

Les actes et la Parole

Sr Anne-Marie Humair a délaissé à contre-coeur pour un temps ses soeurs au Soudan, où la guerre autour du pétrole dure depuis vingt ans et regagne en force maintenant. Elle travaille dans un dispensaire et une école pour enfants des rues depuis 17 ans, après 23 ans passés en Egypte. Le Père Jean Humair, son frère, jusqu’ici son facteur, a redécouvert la mission en tant que membre du comité de Fraternité Jura Monde. Une bibliothèque St-Augustin a été inaugurée à Lomé au Togo l’an dernier, grâce à Sr Monique Fähndrich qui y a oeuvré à l’alphabétisation durant 35 ans et cinq ans au Burkina Faso.

Le Père Jean-Pierre Bader, de Fregiécourt, ramènera une voiture pour les religieuses arrivées en renfort pour les 23 villages du Nord-Cameroun dont il a la charge. Il récolte vêtements et livres, scolaires en particulier, pour remplir le container commandé pour le transport afin que le véhicule n’arrive pas à destination en quelques pièces détachées.

Frère Maurice Leiggener a également fait le voyage du Valais pour prendre part à la rencontre jurassienne. De la congrégation des Pères Blancs, poète en chemise verte et jean, il résume sa mission au Niger depuis dix ans en deux couleurs qui illuminent sa vie: « Maintenant que tu sais aider les plus petits, tu sais ce qu’est la gloire de Dieu ». Pour lui, la louange du plus Grand surgit à l’écoute du monde.

Auprès de 99 brebis égarées

Les marques de toutes ces expériences sont indélébiles, d’anciens missionnaires revivent leurs années là-bas, sûrs d’être compris dans cette assemblée du 23 juin: le Père Imier Montavon et ses vingt ans aux Seychelles dans une école professionnelle, où il est indésirable depuis le coup d’Etat; l’abbé Justin Rossé, pour qui fut plus facile le travail dans la brousse béninoise que sa mission actuelle d’aumônier des prisons, toxicomanes et sidéens dans le Jura pastoral. « Ouvrons nos portes pour retrouver les 99 brebis perdues! », s’émeut-il à l’orée de la retraite, à 75 ans.

L’aumônier de Fraternité Jura Monde et délégué par l’évêque à la mission pour le Jura pastoral, l’abbé Hyacinthe Ya Kuiza renchérit: les pistes missionnaires sont également à cultiver sous nos latitudes. « La Suisse vit le contexte missionnaire multiculturel, le message évangélique reste d’actualité et devra trouver place dans le nouvel ordre mondial ». Sr Marie- Thérèse Froidevaux ne montre-t-elle pas la voie, elle qui poursuivra à Colmar dès le mois d’août l’accompagnement et la formation des femmes et de leurs enfants d’Afrique du Nord qu’elle accomplissait jusqu’ici à Lyon? (apic/sic/bb)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/jura-rencontre-de-fraternite-jura-monde-avec-les-missionnaires-en-conge/