Apic reportage
Festival pour la rentrée
Par Samuel Heinzen, Apic
Fribourg, juin 2003 {Apic) Ils sont une quinzaine à se rassembler deux jeudis soirs par mois au couvent des carmes de Fribourg pour prier et partager leur vie de foi. Ils ont entre vingt et trente ans et sont pour la plupart catholiques pratiquants. Pour eux, croire en Dieu, ce n’est pas une simple conviction. Ils le recherchent dans la prière et le vivent dans l’amitié. Ils? Ce sont les jeunes du groupe Maranatha, une équipe hétéroclite et dynamique qui, pour « fêter Dieu », a mis sur pied un festival de jeunesse, prévu chez les carmes en septembre.
Organisé dans le pré du couvent des Carmes au 29 chemin de Montrevers, le festival espère accueillir de nombreuses personnes du 5 au 7 septembre. Au programme: concerts, jeux scéniques, veillée de prière, enseignements, liturgies et partages.
Au nombre des membres d’honneur du comité du festival intitulé « Viens vers le Père », on compte notamment Dominic de Buman, syndic de la ville de Fribourg, Jean Bourgknecht, conseiller communal et président de l’association des Amis des Carmes, ou encore Alain de Reamy, curé de la paroisse du Christ-Roi. Mais qui sont donc ces jeunes, prêts à « déplacer les montagnes » pour célébrer leur foi ? L’Apic les a rencontrés.
Une soirée Maranatha
Un jeudi soir au couvent des Carmes. Une dizaine de jeunes gens et deux Frères carmes se sont retrouvés dans la salle commune. Assis en rond, parterre ou sur une chaise, ils prient, chantent et discutent d’un passage de la Bible. L’Esprit Saint a été choisi pour thème, et Jean-Emmanuel de Ena, le Père prieur, mène la discussion.
Après avoir lu un passage d’Evangile, il lance le débat: « c’est qui, pour toi, l’Esprit Saint? » Les réponses ne tardent pas: « je le prie quand j’ai besoin de conseil », lance Séverine une éducatrice spécialisée de 23 ans. « Il m’aide dans mon travail, surtout dans les situations de crise », confie une infirmière de l’hôpital cantonal. Et la discussion continue, certains sont intarissables, d’autres se contentent d’écouter.
Les témoignages, parfois très personnels, sont ponctués de rires et de petites « vannes » amicales. Des gestes discrets entre un jeune homme et une jeune femme laissent entrevoir bien plus que de l’amitié.
Une école de vie
A les voir prier et parler du Bon Dieu pendant deux heures avec passion et familiarité, on pourrait prendre Maranatha pour un énième groupe de prière, vaguement charismatique. On se tromperait lourdement.
Maranatha n’est pas un groupe de prière, mais une « école de vie », explique le Frère Marie-Pierre, un des carmes qui participent fréquemment aux rencontres. Certes la prière est essentielle pour ces jeunes, mais que représente-te-elle si elle ne porte pas de fruits? C’est pourquoi à Maranatha on cultive l’amitié avec un soin tout particulier. Il ne s’agit pas de prier ensemble pour ensuite « même pas se dire bonjour dans la rue », souligne Samuel, secrétaire du festival en préparation.
Une vision des choses que partage pleinement Noémi. A 31 ans, elle élève seule deux enfants, tout en étudiant la médecine. Pas facile tous les jours. Pour cette jeune mère, qui redécouvre depuis quelques années la foi de son baptême, le groupe Maranatha est « un lieu de partage et d’épanouissement ». Convivialité et enracinement spirituel sont les deux raisons principales que donnent ces jeunes pour expliquer leurs motivations.
La spiritualité du Carmel
Séverine est très engagée dans la vie chrétienne. A Fribourg, elle vit à « la Grotte », affiliée à l’Arche, la communauté de vie avec des personnes handicapées fondée par Jean Vanier. Pourtant, cette jeune femme ressent le besoin de venir au groupe pour « approfondir la vie de prière ». Une demande à laquelle le Carmel et particulièrement à même de répondre.
En effet, les carmes, en plus des offices communs à tous les religieux, font deux heures quotidiennes d’oraison silencieuse. « En quelque sorte un coeur à coeur avec Dieu », comme ils aiment à le dire. Si les jeunes de Maranatha sont loin de comptabiliser de tels horaires de prière, ils trouvent auprès de ces religieux des grands frères dans la foi, qui ne demandent pas mieux que de partager leur expérience.
Mais pourquoi donc ces jeunes gens sont-ils attirés par le Carmel plus spécialement, alors que les communautés ferventes ne manquent à Fribourg? Avant que Marinka, une collégienne de 20 ans, qui fréquente également les évangélistes, ne découvre le groupe, elle pensait que « tous les catholiques étaient supers coincés ». Elle a depuis lors changé d’avis.
Les carmes de Fribourg, des « déchaux », ont une règle de vie fondée sur les enseignements de deux saints espagnols du XVIe siècle, Thérèse d’Avila, dit « la Madre », et Jean de la Croix. La spiritualité qu’ils proposent est toute empreinte du tempérament latin.
Bien que suivant l’une des règles les plus austère de l’Eglise catholique, les carmes considèrent que la joie de vivre sa foi doit s’exprimer à sa juste mesure, à savoir avec un enthousiasme passionné. Les chants et les danses ne sont d’ailleurs pas rares lors des rencontres, et surtout pendant les week-ends organisés par le groupe. Cette spiritualité du Carmel, qui « englobe tous les aspects de la personne », souligne le Frère Marie-Pierre, sait donner des réponses à une jeunesse en recherche d’authenticité.
La diversité: une richesse
Si la majorité des membres et amis de Maranatha sont des universitaires catholiques pratiquants entre 20 et 30 ans, le groupe compte également des personnes d’autres secteurs d’activités. Sans parler des jeunes aux sensibilités de foi très diverses, allant des plus fervents aux plus modérés.
Les membres de Maranatha sont très attachés à leur diversité. Leur différence d’opinion ne va pas sans faire quelques étincelles de temps à autres. Elle est surtout un exercice de tolérance, qui donne corps à la charité chrétienne. En d’autres termes, une disparité synonyme de source d’inspiration et de réflexion intarissable. Pour nourrir l’expérience de vie de chacun. C’est en fait une soif commune de spirituel et le partage de moments de vie qui font l’unité de Maranatha et non une uniformisation des croyances et des comportements. SH
Encadré
D’où vient Maranatha ?
Un après-midi de septembre 2001, des anciens de la Frat, un groupe de jeunes chrétiens né au Collège St-Michel au début des années nonante et aujourd’hui dissout, décident de passer le relais. Le temps faisant son oeuvre, les membres de la Frat ont vieillis et se sont engagés sur des chemins de vie différents, mariages pour certains, vie religieuse pour d’autres. Ayant au fil des années développé des liens avec les carmes de Fribourg, l’idée est assez naturellement venue de proposer aux religieux de développer, dans un esprit de partenariat, un nouveau groupe de jeunes. Cette fois avec un lien au Carmel, beaucoup plus fort. C’est à cette même époque que le Père Jean Joseph Marie Bergara, Provincial d’Avignon- Aquitaine, la province à laquelle est rattaché le couvent fribourgeois, a demandé que les couvents de carmes prennent des initiatives pour mettre sur pieds des groupes de jeunes croyants. La coïncidence était trop belle pour ne pas être saisie et la première rencontre de Maranatha, qui à l’époque ne portait pas encore de nom, a eu lieu le 25 octobre 2001. SH
Encadré
Programme du festival « Viens vers le Père »
Le festival débutera le 5 septembre en début de soirée par des vêpres suivies d’un concert animé par Maranatha et d’une veillée. Le lendemain, la matinée sera principalement consacrée aux enseignements et partages ainsi qu’à la célébration eucharistique. L’après-midi comprendra également un temps d’enseignements et de partages suivi d’un jeu scénique de la Jeunesse franciscaine. La danse et un concert de Pierre Eliane occuperont la soirée. La matinée de dimanche sera consacrée aux enseignements et ateliers. En début d’après-midi le festival se clôturera par une messe animée par le choeur de Prier Témoigner. SH
Encadré
La Frat, l’ancêtre de Maranatha
Dans les rangs de Maranatha, on ne compte plus qu’une minorité d’anciens de la Frat. Le nouveau groupe, qui a maintenant deux ans âge, s’est émancipé de ses initiateurs. Il reste cependant le fruit visible d’un groupe qui, en plus de 10 ans d’existence, a été un témoin de la jeunesse catholique des années nonante.
Fondé en 1992, ses « quatre piliers » étaient le service, le partage, l’enseignement et la prière. Il était composé d’un « noyau » de 15 jeunes et près d’une centaine de sympathisants. Ses rencontres organisées toutes les deux à trois semaines comportaient un repas, des chants, des partages d’expérience de foi et un temps de prière. Elles se poursuivaient en général autour d’un verre, souvent tard dans la nuit, et parfois au rythme de la salsa.
Constitué de manière très informel dès le départ, ce groupe a conservé tout au long de son existence cette flexibilité d’organisation. Flexibilité qui se retrouvait dans l’accueil: aux non pratiquants et même aux non chrétiens. Nombre de ceux ayant passé par la Frat sont aujourd’hui très engagés dans la vie d’Eglise, en tant que laïcs, familles, ou religieux. Cette dispersion des membres à travers l’Eglise est le principal fruit de ce groupe. Nombre d’entre eux estiment que leur expérience à la Frat a été une formation qui a contribué à un passage réussi de la jeunesse à l’âge adulte. SH
Les illustrations de ce reportage peuvent être commandées auprès de l’agence CIRIC, chemin des Mouettes 4, CP 405, CH-1001 Lausanne
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