Macédoine: Le métropolite orthodoxe serbe a été arrêté par la police
Skopje, 24 juillet 2003 (Apic) L’Eglise orthodoxe serbe est très préoccupée par le sort de son exarque pour la Macédoine, le métropolite Jovan Vraniskovski. Ce dernier a été arrêté le 20 juillet à Bitola par la police macédonienne.
Selon le service d’informations du patriarcat de Belgrade, dimanche le métropolite Jovan a été violemment empêché par des prêtres et des laïcs d’aller baptiser la petite-fille de sa soeur à l’église St-Démétrios à Bitola. Puis la police est intervenue et a embarqué l’exarque ainsi que des membres de sa famille. Ces derniers ont été relâchés après avoir été entendus. Ils ont été mis en accusation pour « dérangement de l’ordre public et mise en péril de la paix dans le pays ». La première instance de justice de Bitola a d’abord prononcé une peine d’emprisonnement de cinq jours contre Jovan Vraniskovski. Ses avocats tentent de le libérer sans délai, estimant que les autorités macédoniennes violent les droits humains, en particulier celui relatif à la liberté de religion. Le patriarcat de Belgrade a informé le 24 juillet que la justice macédonienne a signifié, la veille, qu’elle refusait de libérer pour l’instant le métropolite.
L’Eglise orthodoxe macédonienne autocéphale, séparée du patriarcat de Belgrade, soutient pour sa part que le métropolite Jovan a tenté de « pénétrer avec violence » dans l’église St-Démétrios. Il a ainsi « blessé » l’Eglise orthodoxe macédonienne, »mis en danger ses valeurs matérielles et spirituelles, enfreint l’inviolabilité, la paix et l’ordre de l’Eglise et menacé la sécurité des prêtres et des croyants ».
Un ultimatum qui a déterré la hache de guerre
Le conflit qui touche l’Eglise orthodoxe serbe et l’Eglise orthodoxe macédonienne atteint son plus haut point depuis quelques semaines. Le regain de tension a été provoqué par la récente décision de la Conférence épiscopale de l’Eglise orthodoxe serbe de fonder un synode parallèle pour la Macédoine. En même temps, les évêques ont envoyé un ultimatum aux évêques de l’Eglise orthodoxe macédonienne, laquelle est séparée d’eux depuis 1967. S’ils ne rejoignent pas le patriarcat de Belgrade avant le 1er septembre, une action sera engagée pour les y contraindre par le droit canonique. Comme on pouvait l’attendre, cette proposition et cette menace ont provoqué des vives réactions dans l’épiscopat de l’Eglise orthodoxe macédonienne. Son saint-synode a déclaré qu’il considérait les décisions de l’Eglise orthodoxe serbe comme nulles et sans valeur. Il a déclaré que les évêques serbes se comportaient comme des « agresseurs spirituels » et a accusé le métropolite Jovan de jouer le « sale jeu » de l’Eglise orthodoxe serbe et d’aller dans son sens par recherche de gloire personnelle et pour soigner sa carrière.
De son côté, l’Eglise serbe accuse l’Eglise, le ministère de l’intérieur et les médias nationalistes macédoniens de mener depuis quelques semaines une campagne en règle contre le métropolite Jovan. Selon le patriarcat de Belgrade, ils utilisent tous les moyens pour empêcher l’exarque d’accomplir sa fonction.
Une scission non reconnue
L’Eglise orthodoxe macédonienne est séparée du patriarcat de Belgrade depuis 1967. Mais cette scission n’a jamais été reconnue par l’orthodoxie au niveau mondial. Des tentatives de conventions entre Belgrade et Skopje ont échoué et ont été abandonnées en été 2002. L’Eglise orthodoxe serbe a alors créé son propre exarchat et nommé le métropolite macédonien Jovan comme exarque de « l’archidiocèse à nouveau érigé de Ohrid ». Ce dernier a été destitué en 2002 par l’Eglise orthodoxe macédonienne de son titre de métropolite de Veles.
L’église orthodoxe macédonienne se considère comme l’héritière canonique de l’ancien évêché d’Ohrid qui, à l’époque du tsar Samoïl, fut érigé en archevêché. Aujourd’hui elle compte dix diocèses dont sept se trouvent en République de Macédoine et trois à l’étranger. (apic/kp/wm/bb)
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