Conneh: « l’armée de libération » n’a pas de prétentions politiques
Monrovia/Rome, 5 août 2003 (Apic) Les combats sporadiques se poursuivaient mardi notamment dans la capitale libérienne Monrovia et à Buchanan, la deuxième ville du pays, malgré l’arrivée des premiers contingents des troupes nigérianes. Sekou Damate Conneh, leader du LURD (Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie), a promis de déposer les armes, son « armée de libération » n’ayant pas de prétentions politiques.
« Nous ne quitterons pas le port tant que les soldats internationaux de maintien de la paix ne seront pas totalement déployés » dans Monrovia, a déclaré mardi 5 août le « général » Sheriff Seyea, chef d’état-major des rebelles du (LURD).
Sekou Conneh, président national du LURD, était présent lundi à Rome à l’invitation de la communauté catholique Sant’Egidio, activement engagée dans les efforts de médiation pour mettre un terme à la guerre qui décime la population civile. Dans une interview accordée à l’agence de presse missionnaire MISNA, Sekou Damate Conneh a fait savoir que ses combattants se retireraient de la capitale dès l’arrivée des soldats nigérians de la force de paix, l’Ecomil, envoyée par la Cedeao, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest.
Mardi, les combats entre forces rebelles et soldats gouvernementaux se sont poursuivent au Liberia, réfèrent des sources de l’agence MISNA, en précisant que les affrontements les plus intenses sont signalés près de Buchanan, à environ 900 kilomètres de Monrovia. Les combats entre les hommes du MODEL (Mouvement pour la Démocratie au Liberia) et les forces du président Charles Taylor ont repris mardi matin et l’on signalait dans la journée des tirs d’artillerie lourde.
Violents affrontements à Buchanan
Les violences de Buchanan entraînent un flux constant de personnes déplacés. Selon des sources religieuses, désormais, plus de 8’000 civils ont trouvé refuge dans les structures de la mission des Soeurs de la Consolata à Buchanan. « Nos locaux sont remplis », confirme à l’agence MISNA une religieuse, « il est important que les soldats nigérians et la communauté internationale ne s’occupent pas seulement de la capitale mais arrivent au plus vite également à Buchanan ».
Les combats ont également continué à Monrovia, où les rebelles repoussent l’offensive lancée par les troupes gouvernementales qui cherchent à reprendre le contrôle de Freeport. Les parties s’affrontent également à Gbarnga (comté de Bong, 181 kilomètres au nord-est de Monrovia), fief historique du président, rapporte MISNA, démentant président du LURD Sekou Conneh, qui affirmait lundi que la bataille était terminée à Gbarnga et Ganta.
Lundi, le chef des rebelles du LURD déclarait dans une interview à MISNA: « Nous nous retirerons de nos positions au fur et à mesure que les soldats de la CEDEAO avanceront et seront en mesure d’assurer la sécurité. Les premiers hommes qui ont débarqué à Monrovia ne sont certainement pas une garantie suffisante pour le moment ». Sekou Conneh déclare se fier beaucoup à la force africaine et de la médiation internationale. « Une fois que les soldats de l’ECOMOG (le bras armé de la CEDEAO) et la communauté internationale seront arrivés à Monrovia, ils devront faire respecter les pactes et les engagements pris. Si Taylor ne s’en va pas, ce sera à eux de le faire partir », a sèchement ajouté M. Conneh.
Le LURD remettra ses armes après le départ de Taylor
« Comme je l’ai déjà répété à plusieurs reprises, nous sommes prêts à céder la place à la force internationale, à laquelle nous remettrons nos armes une fois que Taylor sera parti, à ce moment là, nous pourrons dire que notre lutte est terminée », a ajouté le président du LURD. « Nous sommes une armée de libération. Nous ne deviendrons pas un parti politique et nous n’avons pas d’ambitions politiques. Nous voulons restituer le Liberia aux Libériens, les dédommager de ce que Taylor leur a volé durant toutes ces années. Ce pays a encore de nombreuses ressources, nous avons du bois précieux et énormément de diamants; des richesses qu’un gouvernement civil devra et pourra administrer de manière à faire renaître le pays », a conclu Sekou Conneh. Et d’ajouter qu’à la fin de la crise, il reprendra son activité d’entrepreneur, démentant les rumeurs qui le disaient possible candidat à la présidence.
Entre-temps les combats dans le pays continuent et les Libériens, en attendant d’être libérés, continuent à mourir, également sous les tirs indiscriminés du LURD, qui font eux aussi des ravages parmi la population civile. En juin dernier, suite à la médiation de la communauté de Sant’Egidio, le LURD avait certes annoncé un cessez-le-feu unilatéral immédiat et l’arrêt de sa progression sur la capitale Monrovia « pour motifs humanitaires ». Un cessez-le-feu qui en était resté au stade des promesses. JB
Les enfants soldats victimes de la guerre civile: drogue, viols, meurtres et pillages
Alors que la population libérienne attend le déploiement complet de l’ECOMOG, la force d’interposition des pays de l’Afrique de l’Ouest, les violences continuent contre la population civile. Dans la nuit de mardi, malgré la diminution des combats entre les forces gouvernementales et les rebelles, de nombreuses bandes armées ont pillé des habitations dans plusieurs secteurs de la capitale Monrovia.
Selon l’agence MISNA, d’autres zones du pays sont en proie aux mouvements rebelles. L’élément le plus inquiétant est l’âge des agresseurs, en grand nombre des enfants soldats âgés de 12 à 17 ans, qui commettent d’effroyables crimes sous l’effet de drogues. Dans certains cas, il s’agit de marijuana mais parfois aussi de substances toxiques issues de poudre à fusil. Ces jeunes ont été enrôlés aussi bien par les soldats gouvernementaux que par les rebelles du LURD et du MODEL (Mouvement pour la Démocratie au Liberia). Les crimes sont terribles et cruels: agressions physiques, viols, pillages et autres. Les sources missionnaires sur place expriment leur préoccupation sur la future démobilisation des groupes armés, qui nécessitera non seulement l’ECOMOG mais également le soutien d’organisations qualifiées dans la récupération des mineurs impliqués dans le sanglant conflit et victimes des seigneurs de guerre. (apic/misna/be)
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