Sénégal: La montée de l’intolérance religieuse inquiète des milieux politiques et civils
Dakar, 3 septembre 2003 (Apic) Une coalition de partis politiques, d’intellectuels et d’organisations civiles du Sénégal s’inquiète de la montée de l’intolérance religieuse. Elle a tiré la sonnette d’alarme, soulignant qu’un danger d’explosion sociale et culturelle menace le pays.
Lors d’une conférence de presse, Momar Samb, dirigeant d’un parti politique et Penda Mbow, enseignante à l’Université de Dakar, ont présenté une perspective sombre du pays. Avec d’autres personnalités politiques et civiles, ils pointent le doigt sur l’intolérance religieuse. « Les frustrations s’expriment verbalement pour le moment, mais le danger de l’inimitié entre confréries religieuses est bien là », ont-ils souligné. Momar Samb a rappelé l’attaque, le 17 août dernier, contre le siège d’une église protestante par les habitants d’un quartier résidentiel de Dakar arguant du fait que les confessions des paroissiens troublaient leur sommeil.
Selon Momar Samb, l’intolérance religieuse montante au Sénégal sape sournoisement les valeurs de générosité, de solidarité et de tolérance des populations. Il a accusé le pouvoir de violation des principes de la laïcité. Le président Abdoulaye Wade et son prédécesseur, Abdou Diouf « sont tous restés silencieux, aveugles et sourds devant l’émergence de partis politiques religieux en période électorale », a encore fait remarquer Momar Samb.
Un pouvoir « confrérisé » au profit des mourides
« Notre pays court les pires dangers d’un éclatement, tellement les germes de divisions religieux, confrériques et ethniques s’accumulent à cause des manipulations politiques des sentiments religieux et d’identification à une confrérie », a-t-il poursuivi. Le président Abdoulaye Wade est souvent accusé par ses détracteurs d’avoir « confrérisé » le pouvoir sénégalais au profit des mourides, une confrérie musulmane à laquelle il appartient. Les faveurs qu’il lui accorde suscitent les critiques et le mécontentement des autres familles religieuses du pays. En mai dernier, les tidjanes, la plus grande confrérie musulmane au Sénégal et en Afrique, ont exprimé officiellement leurs frustrations, appelant l’état à accorder à Tivaoune où réside le khalife général de la confrérie, les mêmes égards et la même attention que Touba, fief des mourides. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Wade en avril 2000, Touba a bénéficié de plus d’investissements publiques (eau, électricité notamment) que partout ailleurs au Sénégal. L’attachement du président Wade à cette localité est telle que la presse sénégalaise lui a attribué comme second surnom « Touba », après celui de « Voyage », en raison de ses nombreux déplacements à l’étranger. (apic/ibc/bb)
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