Lausanne: Deux librairies confessionnelles devraient prochainement disparaître
Jacques Berset, agence Apic
Lausanne, 9 septembre 2003 (Apic) Pour des raisons essentiellement financières, deux librairies confessionnelles devraient prochainement disparaître à Lausanne. Si tout se passe comme prévu, le sort de la Librairie de l’Ale (protestante) et de « La Nef » (catholique) sera scellé cet automne. Toutes deux seront reprises par la Librairie Payot.
Les principaux intéressés confirment la nouvelle diffusée par l’agence ProtestInfo, qui écrivait récemment qu’après un demi-siècle de présence lausannoise, la vitrine éditoriale de l’Eglise réformée vaudoise pourrait disparaître en même temps que « La Nef », son homologue catholique. D’ici la fin de l’année, les instances des deux Eglises se seront prononcées et l’on saura alors ce qu’il adviendra définitivement des deux librairies.
En ce qui concerne « La Nef », « tout est encore ouvert dans le secteur papeterie et objets religieux, mais le projet avec Payot est sur les rails », a précisé mardi 9 septembre à l’APIC Jean-Philippe Gogniat, secrétaire général de la Fédération des paroisses catholiques du canton de Vaud. Cette dernière prend en charge deux postes au niveau du personnel de librairie pour un montant d’environ 160’000 francs par an. Le chiffre d’affaires de « La Nef » était en progression ces dernières années, pour atteindre un montant de 750 à 780’000 francs, précise son responsable, Christophe Mottaz. « Le projet avec Payot est déjà assez avancé, malheureusement, car il signifie la fin de La Nef et celle de l’Ale », lâche- t-il. Et de souligner la grosse incertitude qui plane sur l’avenir du personnel des deux librairies.
Un projet de librairie oecuménique ne s’est pas concrétisé
Il y a plusieurs années, un projet de librairie oecuménique – résultat de la fusion entre « La Nef » et la « Librairie de l’Ale », avait été lancé. Il aurait dû s’intégrer dans le cadre d’un projet d’espace culturel oecuménique au Temple protestant des Terreaux, qui aurait compris une salle permettant d’accueillir des spectacles, concerts, expositions, conférences ou colloques avec une dimension spirituelle et/ou éthique fortement marquée.
La démarche n’ayant pas abouti, « il s’est trouvé cette opportunité avec la Librairie Payot, qui s’est montrée d’emblée très intéressée, et l’on s’est dit que l’on arriverait au même objectif – à savoir continuer d’avoir un réseau de distribution du livre religieux oecuménique, mais avec une structure de librairie qui a pignon sur rue », constate J.-Ph. Gogniat. Qui concède que l’opération signifiera également une économie pour les réformés et les catholiques. Certes, admet-il, la pression financière se faisait davantage sentir du côté protestant, où l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) verse une subvention annuelle de 50’000 francs à la Librairie de l’Ale.
Perte d’un peu de la visibilité sociale des Eglises
Christophe Mottaz souligne à son grand regret, à l’instar de sa collègue Muriel Füllemann, que les deux grandes Eglises du canton de Vaud vont ainsi perdre l’une de leurs vitrines, c’est-à-dire un peu de leur visibilité sociale. « Ce n’est pas à travers Payot que les Eglises vont maintenir une image forte ». Muriel Füllemann, qui mise toujours sur un projet de librairie oecuménique pouvant sauver les deux entités, déplore qu’à l’avenir, il n’y aura plus sur la place de Lausanne qu’une librairie évangélique. Catholiques et réformés ne se reconnaissent pas dans cette tendance plus fondamentaliste. Si les catholiques vont peut-être conserver sous une forme ou sous une autre leur secteur des objets liturgiques, ce ne sera pas le cas pour les protestants, en cas de disparition de la Librairie de l’Ale.
« L’Eglise réformée ne voit pas ce qui est en jeu, mais nous vendons nous aussi beaucoup d’objets liturgiques, des cartes spirituelles, des icônes, des croix huguenotes et des croix de Taizé, qui intéressent les jeunes », précise la libraire protestante. Il n’y aura évidemment plus rien de tel chez Payot, « qui réalise ici une opération purement commerciale en reprenant d’un coup deux concurrents », déplore vivement Muriel Füllemann.
« La fusion des deux librairies était la seule vraie solution, et elle est souhaitée par la base, nous poursuivrons donc la lutte pour notre maintien ». M. Füllemann annonce que l’Association des amis de la Librairie de l’Ale, forte d’environ 200 membres, va chercher à influencer les membres du Synode de l’EERV qui devront se prononcer en novembre prochain. Pour elle, il reste encore un espoir de mettre sur pied une librairie oecuménique viable. JB
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