Bientôt, personne ne se souciera « du sexe des serviteurs de Dieu »
Varsovie, 17 septembre 2003 (Apic) L’ordination sacerdotale des femmes ne représentera bientôt plus être un problème, estime la première femme pasteur de Pologne, ordonné dimanche.
L’Eglise évangélique réformée est devenue la première Eglise de la minorité protestante polonaise à nommer une femme pasteur, 150 ans après l’ordination de la première femme réformée aux Etats-Unis.
« Je sais que les réactions seront mitigées, puisqu’il y a des avis positifs et négatifs partout, mais j’espère que les femmes, en particulier, l’approuveront », a déclaré Wiera Jelinek, pasteur, mère de deux enfants et épouse d’un pasteur. « En ce qui concerne les conséquences sur les relations oecuméniques, je ne serais pas en mesure de me prononcer avant une vingtaine d’années ».
Priorités
La nouvelle femme pasteur, âgée de 43 ans, s’exprimait après son ordination, le 14 septembre, à Zelow, au sud de Varsovie, par son Eglise, forte de 4’000 fidèles, et membre de l’Alliance réformée mondiale (ARM). Cette ordination devrait ouvrir la voie à celle d’autres femmes pasteurs.
La nomination, rendue possible grâce au changement intervenu en 1991 dans le règlement des ordinations dans l’Eglise, a été approuvée par les cinq membres du Comité directeur en 2001. Elle coïncidait avec le 150e anniversaire de l’ordination de la première femme pasteur de l’Eglise réformée, Antoinette Brown Blackwell, dans une Eglise congrégationaliste de South Butler, à New York.
Dans l’interview accordée au mensuel religieux polonais « Jednota », Wiera Jelinek a précisé qu’une de ses priorités serait d’encourager les membres de son Eglise à « assumer davantage de responsabilités » pour la communauté réformée de Zelow, où elle-même dirige déjà un musée de l’Eglise et enseigne le catéchisme.
Une formalité à l’avenir
Devenir la première femme pasteur protestante lui a fait prendre conscience de ses « responsabilités » même si elle regrette que sa nomination ait « pris tant de temps ». « Toute femme désirant devenir pasteur a fait face et devra faire face à des réactions négatives, mais les hommes en rencontrent aussi », a fait observer Wiera Jelinek, diplômée de l’Académie de théologie oecuménique de Varsovie, qui aidera son mari, le pasteur Miroslaw Jelinek, dans la paroisse réformée de Zelow. Une paroisse qui compte 500 membres.
« L’avenir des autres femmes qui suivront mon exemple me préoccupe. Mais peut-être ce qui m’arrive aujourd’hui ne sera qu’une formalité dans quelques années, et personne ne se souciera du sexe des serviteurs de Dieu ».
L’ordination des femmes s’était heurtée à la vive résistance des Eglises protestantes de Pologne, où les opposants affirmaient qu’elle serait exploitée pour creuser les divisions sous le régime communiste, et nuirait aux relations oecuméniques avec l’Eglise catholique romaine majoritaire.
L’ordination de Wiera Jelinek va « affaiblir les relations oecuméniques », a prédit le professeur Celestyn Napiorkowski, chargé de l’oecuménisme auprès de la Conférence épiscopale polonaise, tout en reconnaissant que le droit de l’Eglise réformée à conserver « sa propre identité » doit être respecté.
La tristesse des catholiques
« Cet événement s’inscrit dans la pensée et la théologie de l’Eglise, et les autres Eglises ne devraient pas le juger trop sévèrement », a-t-il fait observer. Avant d’ajouter: « Nous, les catholiques, devrions accepter l’ordination d’une femme avec calme, mais aussi avec tristesse ».
Parmi ceux qui ont assisté à l’ordination se trouvaient des responsables d’Eglise et aussi l’évêque Pavel Smetana, dirigeant de l’Eglise évangélique des frères tchèques, qui célèbre cette année le 50e anniversaire de l’ordination de sa première femme pasteur.
Au moins 15 femmes diacres ont le droit d’enseigner dans l’Eglise évangélique (luthérienne) de la Confession d’Augsbourg de Pologne, la plus grande Eglise protestante avec 90’000 membres, qui a chargé en 1999 une commission de se pencher sur la question de l’ordination des femmes. (apic/eni/pr)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse