Rome: Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir rend hommage à Jean-Paul II
Rome, 17 octobre 2003 (Apic) Le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, patriarche d’Antioche des maronites, est intervenu le 17 octobre au Vatican sur l’oecuménisme et le dialogue interreligieux durant le pontificat de Jean Paul II. Il s’est exprimé dans lors de la rencontre des cardinaux, patriarches et présidents des conférences épiscopales, qui se tient à Rome du 15 au 18 octobre.
Dans la salle du synode du Vatican étaient réunis pour cette rencontre 149 cardinaux, sur un total de 164, sept patriarches, 108 présidents de conférences épiscopales, une dizaine de chefs de dicastères, et 28 des 30 prélats que le pape devrait créer cardinaux le 21 octobre.
Au cours de son intervention, le patriarche a rendu hommage à Jean Paul II pour son encyclique Ut Unum Sint, sur l’unité des chrétiens, publiée en 1995. Il a par ailleurs rappelé les nombreux gestes de demande de pardon du pape, en soulignant comment Jean Paul II « a admis la culpabilité de l’Eglise malgré certaines objections et réticences manifestées par les uns et par les autres dans quelques sphères catholiques ». « Pour Jean Paul II, l’oecuménisme est un engagement définitif pris par l’Eglise catholique », a ajouté le cardinal Sfeir, en rappelant tous les contacts personnels avec les nombreux chefs d’Eglises ou de communautés ecclésiales pris par le souverain pontife au Vatican ou lors de ses voyages. « L’oecuménisme est intégré dans le ministère quotidien de Jean Paul II », a-t-il insisté.
Parmi les problèmes qui ont entravé le désir du pape de parvenir à l’unité des chrétiens, le patriarche maronite a cité la question du ministère pétrinien, en citant une phrase de Jean Paul II selon laquelle cela « représente une difficulté pour la plupart des autres chrétiens dont la mémoire est marquée par certains souvenirs douloureux », puis une autre dans laquelle le pape affirmait: « pour ce dont nous sommes responsables, je demande pardon », et enfin une autre encore par laquelle Jean Paul II se félicitait de ce que ce problème soit déjà « devenu un objet d’étude, en cours ou en projet ».
De nombreuses relations avec l’islam et le judaïsme
Evoquant par ailleurs la question du dialogue interreligieux, le cardinal Sfeir a abordé les relations qu’a eues Jean Paul II avec l’islam et le judaïsme. Il a rappelé les nombreux voyages du pape dans des pays où les communautés musulmanes sont importantes, et les rencontres interreligieuses organisées à Assise à son initiative, en 1986 et en 1999. Au cours de cette dernière journée, a rappelé le patriarche, Jean Paul II avait souligné que « toute utilisation de la religion visant à promouvoir la violence est un abus de la religion. La religion n’est pas et ne doit pas devenir un prétexte pour les conflits, en particulier lorsque l’identité religieuse, culturelle et ethnique coïncident ».
Quant aux gestes du pape à l’égard des juifs, le cardinal libanais a cité sa visite à la grande synagogue de Rome en avril 1986, sa prière au Mur des Lamentations en mars 2000 au cours de son voyage en Israël, et entre les deux l’ »accord fondamental » signé en décembre 1993 entre le Saint- Siège et Israël, par lequel des relations diplomatiques ont été établies entre les deux états.
Sujets de controverse avec les juifs
Le patriarche n’a pas manqué toutefois d’évoquer également les sujets de controverses qui ont suscité des animosités entre l’Eglise et les juifs, parmi lesquels l’affaire du Carmel d’Auschwitz qui a été remplacé par un centre d’étude juif en 1992, les protestations des juifs face au procès de béatification en cours de Pie XII, ou encore la canonisation d’Edith Stein en 1998.
Ces questions délicates qui ont marqué le pontificat de Jean Paul II n’ont pas empêché le cardinal de conclure son intervention en affirmant que « Jean Paul II a bien mérité et de l’Eglise et de l’Humanité, pour lesquelles, il a toujours tracé, au prix de sa santé, le chemin à suivre (.) ». (apic/imedia/bb)
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