Comment rendre son sourire à Calvin

Genève: Lancement du futur musée international de la Réforme à Genève

Michel Bavarel, agence Apic

Genève, 12 novembre 2003 (APIC) Le futur Musée International de la Réforme a été présenté mercredi à la presse par des promoteurs enthousiastes, en « lever de rideau ». Les travaux ont commencé, il y a un mois, au coeur de la vieille ville de Genève et l’on compte accueillir les premiers visiteurs en avril 2005. « Dynamique et attrayant », ce musée doit dépasser l’image austère du protestantisme et offrir un visage plus souriant de Calvin.

« Sur les tableaux qui le représentent, on voit un Calvin dans la cinquantaine, souffrant du foie, alors qu’il n’avait que 27 ans quand il est arrivé à Genève. La Réforme a été faite par des jeunes! », souligne Olivier Fatio, président du Conseil de Fondation du Musée International de la Réforme. C’est bien une image dynamique et attrayante que ses promoteurs tiennent à donner de ce nouveau musée genevois, où seront utilisées des techniques muséographiques d’avant-garde. Qui permettront de rendre son sourire à Calvin.

Entre 1550 et 1560, la population genevoise a doublé par l’afflux de réfugiés

Il s’agit de retracer l’histoire de la Réforme non seulement au point de vue religieux, mais également culturel et social. A l’époque, a rappelé Françoise Demole, vice-présidente du Conseil de fondation, Genève ne comptait pas 40 % d’étrangers comme aujourd’hui, mais 50 %. Entre 1550 et 1560, la population a doublé par l’afflux de réfugiés et, pour les abriter, l’on a ajouté des étages aux maisons. C’était déjà un lieu de dialogue et d’ouverture.

Le musée prendra place dans la Maison Mallet, édifiée au début du 18ème siècle par un descendant de l’une de ces familles de réfugiés, sur l’emplacement du cloître de Saint-Pierre, l’endroit même où la Réforme a été adoptée en 1536. Ce bel hôtel particulier a été acquis, en 1948, par l’Eglise protestante qui en a fait le siège de son administration. Récemment libéré, le rez-de-chaussée accueillera, sur 350 m2, la douzaine de salles du futur musée.

Un banquet théologique sur la prédestination

L’une de ces salles sera, bien sûr, consacrée à la Bible, traduite par les réformateurs en langue vulgaire pour qu’elle soit à la portée de tous, grâce à l’invention de l’imprimerie. Une autre évoquera les vives polémiques de l’époque entre partisans de l’ancienne foi et ceux de la foi nouvelle, notamment par des plaquettes du 16ème siècle offertes par le collectionneur Jean-Paul Barbier-Mueller.

Dans le grand salon sera présentée, par des moyens audio-visuels, l’aventure de la Réforme, de ses origines à nos jours. Il y aura également un cabinet de musique, une bibliothèque, une salle dévolue à la révocation de l’Edit de Nantes et une autre à la peinture du 19ème siècle.

La question de la prédestination des uns au salut et des autres à l’enfer, thème important et controversé du calvinisme, sera présentée sous la forme d’un « banquet théologique ». Aux parois seront accrochés les portraits des théologiens qui se sont exprimés sur le sujet entre le 16ème et le 18ème siècle. Sur la table, des assiettes à l’effigie de ces penseurs. Le visiteur pourra entendre un dialogue – virtuel et reconstitué ! – entre les différentes assiettes, représentant autant de commensaux.

Le 20ème siècle sera également présent, dans une cave voûtée, avec l’expansion de la Réforme au travers des missions ou les oeuvres sociales du protestantisme. De là, un couloir rejoint le site archéologique aménagé sous la cathédrale Saint-Pierre.

Pour les Genevois, les étrangers de Genève et les touristes

C’est un projet de longue date qui se réalise ainsi. L’idée d’un tel musée avait déjà germé avant la guerre. Elle a été reprise par le pasteur Max Dominicé, lors du jubilé calvinien de 1959, puis relancée dans les années 90 par le journaliste Claude Richoz. Sa réalisation est budgétée à 4 millions de francs, dont 3,1 ont déjà été rassemblés, grâce à des donateurs anonymes, à des fonds privés et à une contribution de la banque Pictet qui fêtera son bicentenaire en 2005. « Nous avons veillé à ne débaucher aucun donateur de l’Eglise protestante pour que celle-ci ne soit pas privée du moindre franc », assure Olivier Fatio.

On attend la visite des Genevois, en particulier des écoliers, ainsi que celle des étrangers établis chez nous et des touristes, au nombre d’environ 450 000 chaque année à Saint-Pierre. « On compte 80 millions de réformés dans le monde. Nombreux sont ceux qui viennent à Genève en quête de leurs racines », relève le pasteur de la cathédrale, William McComish. Ces touristes pourront avoir accès, dès le printemps 2005, avec le même billet, au Musée de la Réforme, au site archéologique et à la tour de la cathédrale, rassemblés sous l’appellation « Espace Saint-Pierre ». Un espace où l’on pourra prendre conscience de la richesse spirituelle et historique de Genève et du rôle, toujours actuel, de cette ville dans la promotion des droits de l’homme et de la démocratie. MB

Site Internet : www.musee-reforme.ch . (apic/mba/be)

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