A la découverte des lieux de prière et de ressourcement en Suisse romande (I)
1 Trouver la paix à la Maigrauge
Incroyable ! Depuis l’année 1255, les moniales cisterciennes de Notre-Dame de la Maigrauge, à Fribourg, y assurent de manière ininterrompue la vie et la prière selon la règle de saint Benoît. Le monastère se niche dans la verdure d’un large méandre de la Sarine. La très belle église conventuelle a retrouvé la sobriété de ses origines. Les stalles ont été déplacées au milieu de la nef après le Concile Vatican II pour assurer une perméabilité entre la communauté et le monde, entre les croyants et les incroyants. Cette présence des fidèles au milieu des moniales est à la fois stimulante et exigeante pour elles.
Une lumière douce entre par la rosace du choeur. Chaque jour, les seize moniales (dont une novice) se retrouvent toutes à l’église, à sept reprises, dès 4 heures du matin : pour les Matines, plus tard les Laudes, Tierce et l’Eucharistie, Sexte, None, Vêpres et Complies. Au total près de cinq heures de prière communautaire.
« Pour nous, confie Mère Gertrude, l’abbesse de la Maigrauge, l’idéal serait de pouvoir prier toujours. C’est un art à exercer, à entraîner. Nous aimerions prier comme nous respirons ! Prier et aimer sont intimement liés, car Dieu est Amour. En communauté, nous apprenons à nous accueillir, à collaborer, à pardonner, à partager, à être vraies et fidèles. Cependant, le monde est présent dans nos supplications. Les psaumes nous relient à tout ce que vivent les humains : violence, sentiments de vengeance, dérives de la société. Et les intentions de prière reflètent les soucis et les espoirs de ceux qui nous téléphonent, nous écrivent, nous parlent. Nous recueillons beaucoup de souffrances. Parfois, nous lisons au réfectoire un article de journal pendant le repas, pour découvrir un événement majeur. Pas besoin de télévision au monastère, nous connaissons la vie actuelle ! Et dans la prière, nous portons aussi bien les politiciens que les responsables économiques, sociaux et culturels. Chaque Soeur porte en général un domaine plus précis dans sa prière. Cependant, nous mettons des limites aux contacts avec l’extérieur, en vue d’une communion plus profonde et plus large, à la fois avec Dieu et avec nos frères et soeurs en humanité. » Les drogués, les malades du sida, les jeunes en dérive, les chômeurs, les couples brisés, ne sont pas oubliés par les cisterciennes. D’ailleurs, ils frappent aussi à la porte du monastère.
L’hôtellerie peut accueillir jusqu’à 14 personnes. Elles restent en général une semaine, parfois un week-end. Elles se succèdent tout au long de l’année. Que cherchent-elles ? A se baigner dans le silence pour faire le point, à se plonger dans la prière, à prendre de la distance avec le quotidien, à mieux réorienter leur vie. Les motivations varient selon le vécu de chacun.
L’église, ouverte dès 4 heures du matin, attire aussi nombre de passants, de touristes, de visiteurs, de curieux. Tous sont touchés par la paix, la sérénité et la joie communiquées par la prière des moniales. « Le monastère est la Maison de Dieu où Il est attendu et accueilli. Chacun peut y aboutir, remonter à la Source, pour mieux percevoir les réalités invisibles. » Paul Jubin
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