Librairies confessionnelles en difficultés sur la place de Lausanne

Après l’Ale, la libraire catholique de La Nef fermera ses portes cet été: Payot reprend

Pierre Rottet, Apic

Lausanne, 12 décembre 2003 (Apic) Annoncée et programmée depuis plusieurs mois, l’annonce officielle de la « mort » de la Nef, la librairie-papeterie catholique, à Lausanne, est finalement intervenue jeudi, à la suite de l’Assemblée générale extraordinaire de la Société coopérative La Nef. Le personnel, quatre personnes et une apprentie, déplore, et lance de sérieuses critiques.

La décision confirme celle prise début décembre par la Fédération des paroisses catholiques du canton de Vaud. Les activités de la librairie cesseront le 30 juin 2004, dernier délai. Son personnel s’étant vu réitérer les trois propositions formulées il y a un mois par l’Eglise catholique.

Les temps sont difficiles pour les librairies confessionnelles, qui disparaissent ainsi du paysage lausannois pour des raisons essentiellement financières. En novembre déjà, l’Ale, librairie protestante, soutenue par l’EERV, l’Eglise évangélique réformée vaudoise, est également passée à la trappe, en raison des ses pertes annuelles chiffrées à 80’000 francs. L’Ale et La Nef sont reprises par la Librairie Payot. Une convention signée entre cette dernière et les représentants des deux magasins stipule que les activités de ces deux établissements « cesseront simultanément entre le 1er avril et le 30 juin 2004. Cinq employés côté La Nef, dont une apprentie, et deux à l’Ale sont touchés par la mesure.

La disparition de La Nef était devenue inéluctable, après la décision prise par l’Assemblée générale de la Fédération des paroisses catholiques du canton de Vaud, du 4 décembre dernier. En cause: le déficit annuel enregistré par la librairie-papeterie catholique de l’ordre de 160’000 francs. D’où la décision des membres de la Fédération de renoncer dès l’été 2004 à soutenir financièrement la diffusion du livre religieux.

Malgré une progression du chiffre d’affaires

Le chiffre d’affaires de La Nef était pourtant en progression ces dernières années, pour atteindre un montant de 750’000 à 780’000 francs. Interrogé en septembre par l’Apic, alors que se dessinait déjà le destin de la librairie catholique, son responsable, Christophe Mottaz, avait regretté l’avancement du projet de reprise de sa maison par Payot. Il s’inquiétait également pour l’avenir du personnel.

Un personnel qui devra dès le 30 juin prochain, ou dès le 1er avril déjà, faire son choix entre trois propositions: un délai de résiliation contractuel prolongé de trois mois, au-delà des obligations légales, soit de six mois au total; chaque employé qui souhaitera faire ses offres d’emploi chez Payot sera assuré d’une « étude objective et bienveillante » de son dossier. Troisième voie possible: le personnel intéressé à « rouvrir un magasin sous sa propre responsabilité » se verra remettre « gracieusement » par l’Eglise catholique le stock papeterie, tous les articles religieux, ainsi que l’agencement complet du magasin. Selon un communiqué émis jeudi, le personnel de La Nef a réservé un « accueil favorable » à ces propositions.

Proche de la colère

Interrogé par l’Apic, le responsable de la librairie de La NEF, Christophe Mottaz, réfute cette affirmation, proche de la colère. « On peut parler de miroir aux alouettes », lance-t-il. Parmi les cinq employés de la librairie-papeterie, dont une apprentie, personne n’est satisfait des trois propositions présentées au personnel, assure-t-il. « Aucun d’entre nous ne croit à la solution Payot s’agissant d’engagement. On parle de choix, mais nous n’en avons pas eu vraiment, mis que nous avons été devant le fait accompli Quant à la reprise du stock, nous sommes plutôt enclins à penser que Payot n’en a pas voulu. Et qui, du reste, va se hasarder à le reprendre, avec tout ce que cela comporte de risques à commencer par la recherche de locaux? » Le désappointement du personnel est d’autant plus grand, déplore Christophe Mottaz, que « les employés du magasin ont senti le poids de la critique des décideurs en raison du déficit ». Et de conclure: « Il n’y a pas eu un mot de reconnaissance pour le travail ». Le personnel attend maintenant la lettre qui signifiera le licenciement. « Elle ne devrait pas tarder. »

Les responsables catholiques et protestants du canton de Vaud n’ont pas laissé partir de gaîté de coeur leurs librairies. Devant les difficultés financières rencontrées par l’une et l’autre, des recherches de solutions avaient été avancées en 1986 déjà, y compris le regroupement des deux librairies dans un des lieux actuels; une nouvelle situation au centre ville; la création d’une librairie oecuménique au coeur d’un espace culture. Face aux difficultés, c’est finalement la décision d’un rapprochement avec l’une des librairies de la place qui a été retenue il y a un an. Avec le résultat final que l’on sait en faveur de la librairie Payot. Cette dernière s’engageant à créer un espace consacré aux livres religieux. Un espace, confirme à Lausanne Jean-Charles Zufferey, responsable de l’information au vicariat de Lausanne, réservé prioritairement au christianisme et également aux autres grandes religions, distinct de celui réservé à l’ésotérisme ou au para-religieux. (apic/pr)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/apres-l-ale-la-libraire-catholique-de-la-nef-fermera-ses-portes-cet-ete-payot-reprend/