Rome: Sévères critiques du cardinal Pompedda contre la loi française sur la laïcité
Rome, 22 décembre 2003 (Apic) Le cardinal Mario Francesco Pompedda, préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique, n’est pas tendre avec la loi sur la laïcité que l’Etat français entend faire passer. Pour le cardinal, affirmer qu’il faut empêcher les élèves de porter un signe distinctif, symbole de leur croyance, n’est pas de la laïcité, mais de l’aversion contre la foi d’une personne.
Le cardinal Pompedda, préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique, s’est exprimé contre la loi française sur la laïcité dans un entretien publié par le quotidien italien Il Giornale du 21 décembre 2003.
« De quelle laïcité parlons-nous? Je peux comprendre que l’Etat français légifère sur le fait qu’un enseignant, un juriste, un médecin, ou que des membres de l’administration ne manifestent pas leur foi dans leur travail de façon publique et ne se comportent pas de façon partisane selon leur religion d’appartenance. Mais affirmer qu’il faut empêcher les élèves de porter un signe distinctif, symbole de leur croyance, ce n’est pas de la laïcité, c’est de l’aversion contre la foi d’une personne », constate le cardinal dans un entretien accordé au quotidien italien « Il Giornale ».
L’ancien doyen de la Rote romaine répond au discours de Jacques Chirac sur l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans les écoles, prôné entre autres mesures par la Commission Stasi.
Le voile islamique serait une menace à la laïcité dans les écoles « s’il provoquait des désordres ou des divisions. Mais à part quelques cas litigieux que les autorités scolaires doivent régler, je ne vois pas pourquoi empêcher à celui qui porte une croix chrétienne, un voile islamique ou une kippa juive, de manifester son appartenance à une foi religieuse. Là, on essaie d’envahir un champ privé, avec le risque d’ostraciser telle ou telle religion », estime le cardinal.
Le représentant du dicastère de la justice du Vatican a par ailleurs qualifié de « très grave » la loi française prévoyant l’interdiction faite aux femmes musulmanes de refuser les visites de médecins de sexe masculin. « Etant donné qu’il y a de nombreuses femmes médecins, je ne vois pas pourquoi l’Etat blesse la sensibilité des croyantes musulmanes en s’arrogeant le droit d’entrer dans l’intimité des personnes », relève-t-il encore.
Italie: un autre chemin
A propos de la situation italienne, le cardinal Mario Francesco Pompedda s’est inquiété de l’état du christianisme dans un pays à forte tradition catholique, même si « pour le moment » il ne pense pas que son pays « soit sur le même chemin que la France ». Malgré les récentes affaires italiennes du crucifix d’Ofena et d’Adel Smith, le cardinal italien considère que les crucifix accrochés dans les écoles et les édifices publics « n’offensent pas, notamment parce que rien n’est imposé à ceux qui professent une autre foi (que la foi chrétienne) dans les écoles » et que « ces questions n’ont pas été soulevées par des communautés musulmanes, mais seulement par un individu dont les initiatives ont été qualifiées de provocation ». « L’Etat a accroché des crucifix dans les écoles et les édifices publics pour rappeler une tradition qui a alimenté notre culture pendant des milliers d’années et qui reflète la foi professée par la majorité des citoyens italiens », a enfin estimé le cardinal. (apic/imedia/pr)
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