Etats-Unis: Jésus roule tantôt pour les républicains, tantôt pour les démocrates
Washington, 6 janvier 2004 (Apic) Alors que la campagne électorale en vue des élections présidentielles d’automne aux Etats-Unis va prendre son envol le 19 janvier avec le caucus de l’Iowa, les candidats tant démocrates que républicains tentent d’ores et déjà d’enrôler Jésus à leurs côtés.
En l’an 2000, la droite conservatrice n’était déjà plus seule à vouloir annexer Dieu, mais la récupération tentée par le candidat Al Gore avait fait long feu. Bush ratisse plus large au sein du peuple croyant des Etats-Unis, prépondérant dans le Sud et le Midwest.
Un célèbre pasteur fondamentaliste, le télévangéliste Pat Robertson, voit déjà George Bush junior se succéder à lui-même sans coup férir en novembre prochain. C’est Dieu en personne qui le lui a dit, prétend cette figure de proue de la droite chrétienne. « Jésus est un démocrate », clame pour sa part le candidat démocrate Howard Dean lors d’un meeting dans le New Hampshire. Ce n’est pas une mince affaire, pour un candidat étiqueté libéral et laïc, de courtiser les milieux chrétiens fondamentalistes, où le président Bush fait ordinairement un tabac. Le retard à combler auprès des électeurs religieux est énorme, notent les observateurs.
Reconquérir les catholiques séduits par Bush
L’ancien gouverneur du Vermont Howard Dean, l’actuel favori démocrate, vient donc de changer son fusil d’épaule, abandonnant sa promesse de laisser « Dieu et les fusils » en dehors de la politique. Il a enrôlé lui aussi le Christ dans les rangs démocrates à l’occasion de Noël. Un autre candidat démocrate, le général Wesley Clark, après la tournée des popotes militaires, commence à parler dans les églises du Sud des Etats- Unis. Pour peaufiner son approche des milieux religieux, il a engagé un sociologue catholique qui doit l’aider à convaincre les « catholiques convertibles » de ne pas voter une nouvelle fois en novembre pour G. W. Bush.
Selon un sondage publié en décembre, deux chrétiens pratiquants sur trois ont voté en 2000 pour l’actuel président Bush, qui ne cache pas son zèle évangélique. Bush junior, issu d’une famille épiscopalienne (anglicane), se qualifie de « born again » (né de nouveau). Il affirme publiquement que Dieu l’a sauvé de l’alcoolisme et d’une conduite pas très reluisante.
Depuis sa conversion, il dit de Jésus qu’il est son « philosophe politique favori ». Le soutien qu’il obtient parmi les millions de chrétiens évangéliques atteint le 87%. Dans les Etats du Sud – la fameuse « ceinture biblique » où la pratique religieuse est la plus élevée des Etats-Unis -, les stratèges démocrates sont conscients qu’un candidat laïc n’a aucune chance face à Bush.
Jésus, les pauvres et les pharisiens
Selon la presse américaine, des cours ont été spécialement mis sur pied à Washington pour fournir des arguments aux candidats démocrates en matière de connaissances et de rhétorique religieuses. Howard Dean, qui appartient à une Eglise congrégationaliste protestante, cherche à montrer que le Christ était comme lui un libéral qui s’occupait des pauvres et des gens laissés de côté. Et de s’en prendre à l’occasion à un autre ténor de la droite chrétienne fondamentaliste et soutien de Bush, le richissime prédicateur baptiste Jerry Falwell, qu’il compare aux pharisiens et aux « marchands du temple ».
Les observateurs remarquent que le retard pris par les démocrates en matière religieuse – un domaine qu’ils ont délaissé pendant longtemps – sera difficile à combler face à un président qui n’a de cesse de souligner l’importance de la prière et de la foi dans la vie quotidienne. Sans parler de sa « croisade » personnelle contre l’ »axe du mal » soutenant le terrorisme international. (apic/telegraph/bbc/be)
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