Un « avortement », selon la Conférence des évêques mexicains
Mexico, 29 janvier 2004 (Apic) La Conférence des évêques du Mexique proteste contre la légalisation par le gouvernement mexicain de la « pilule du lendemain ». Les évêques affirment que la pilule du lendemain équivaut à un avortement, ce que l’Eglise condamne. Les milieux opposés à l’avortement crient au « génocide ».
La Commission épiscopale de pastorale familiale de la Conférence des évêques mexicains a réagi en date du 23 janvier à l’inclusion dans les méthodes de planning familial autorisées de la pilule d’urgence, qualifiée d’ »abortive » et rappelle que « l’avortement est un acte gravement illicite quelle que soit la méthode utilisée ». L’Organisation « Cultura de la Vida », pour sa part, a demandé d’urgence l’intervention du président mexicain Vicente Fox. Il s’agit pour elle d’éviter « un génocide mexicain ».
José Martin Rabago, évêque de Leon, Président de la Conférence des évêques du Mexique, déclare que l’autorisation de la pilule du lendemain encourage « des comportements sexuels irresponsables ». Pour lui, « le message implicite est: laissez-les jouir de leur sexualité, tout en évitant les risques et les implications que cela comporte. » Pour sa part, le cardinal Norberto Rivera Carrera, archevêque de Mexico, a déclaré que la pilule violait la loi; la plupart des Etats mexicains interdisant l’avortement sous toutes circonstances.
L’archevêque de Mexico explique sa position. « Bien qu’on appelle ces moyens ’contraceptifs’, lorsqu’ils aboutissent à un avortement, cela s’appelle un meurtre ». D’autres responsables religieux ont même suggéré que les femmes qui prendraient cette pilule devraient avoir à affronter l’excommunication de l’Eglise.
Mexico: 40% de grossesses involontaires
L’utilisation de ce contraceptif d’urgence a été autorisée la semaine dernière par un amendement aux directives en matière de planning familial. Selon les statistiques du département de la santé publique du Mexique, environ 40% des 2,1 millions de grossesses à Mexico sont involontaires.
L’ex directeur du département de la santé reproductive, au Ministère de la santé. Gregorio Perez, a expliqué qu’il n’avait pas été possible d’inclure plus tôt la pilule dans la loi sur le planning familial, à cause de l’opposition de groupes conservateurs qui, « de manière absurde, la qualifient d’abortive. »
La pilule du lendemain consiste en un haut dosage d’hormones contraceptives. Prise dans un délai de 72 heures, elle empêche l’ovule d’être fécondé. Elle n’a pas d’effet si une femme est déjà enceinte, contrairement à la pilule très controversée RU-486.
Un moyen « anticonceptionnel hormonal postcoïtal »
La Commission épiscopale de pastorale familiale de la Conférence des évêques mexicains, a réagi en date du 23 janvier à l’inclusion dans les méthodes de planning familial de la pilule d’urgence, qu’il qualifie de « moyen anticonceptionnel hormonal postcoïtal ». Selon la Commission épiscopale, Il s’agit d’une « combinaison d’hormones pouvant agir pour empêcher l’implantation d’un ovule fécondé ou de l’embryon, dans la paroi de l’utérus, ce qui produit un avortement ». Et, poursuit la Commission, l’effet de l’ »anticonceptionnel hormonal postcoïtal, qui interrompt l’implantation ou la nidation, est clairement abortif en tant qu’il élimine volontairement la vie d’un être humain récemment conçu ».
« L’avortement est gravement illicite »
La Commission épiscopale rappelle que « l’avortement est un acte gravement illicite quelle que soit la méthode utilisée, qui attente à la vie des plus innocents des êtres humains ». La déclaration affirme qu’ »il est nécessaire de dégager le sens exact des termes, de manière à ce que tout le monde sache ce qu’est réellement ce contraceptif ». Et elle ajoute qu’ »une telle réalité doit interpeller la conscience de tous, et spécialement des opérateurs de santé, médecins, infirmières, pharmaciens, etc. qui ont un devoir éthique d’objection de conscience ». Pour la Commission épiscopale, enfin, « la diffusion du moyen anticonceptionnel hormonal postcoïtal montre clairement comment la frontière entre la contraception et l’avortement devient de plus en plus subtile. Ce qui provient d’une mentalité anti vie, fruit de la culture de la mort, contraire à l’Evangile »
Le texte de la Commission épiscopale des évêques est signé par l’évêque de Matehuala, Rodrigo Aguilar Martinez et par l’évêque de Toluca, Francisco Javier Chavolla Ramos.
Menace d’excommunication
Quant au président de la Pastorale de la santé de l’archidiocèse de Mexico, Jorge Palencia, il a averti que les personnes qui recourront à la pilule du lendemain encourront la peine canonique d’excommunication. Etant donné que la pilule du lendemain empêche la nidation d’un ovule fécondé, elle génère un avortement, crime que l’Eglise catholique punit d’excommunication. « L’Eglise ne peut tolérer la menace d’un génocide de cette ampleur, en préparation », conclut la Pastorale de la santé.
Pour sa part, le dirigeant de l’Organisation Culture de la Vie, Jorge Serrano Limon, a demandé d’urgence l’intervention du président Vicente Fox afin que le Ministère de la santé déroge aux directives officielles de la planification familiale, qui introduit le contraceptif d’urgence post coïtal ou pilule du lendemain. Ceci afin d’éviter « ce que j’appelle un génocide mexicain » a-t-il lancé. Selon Jorge Serrano Limon, cette pilule, qu’il qualifie également d’ »abortive », causera la mort de milliers de Mexicains. En outre, ajoute-t-il, « la distribution de cette pilule aux adolescentes occasionnera un vrai massacre de Mexicains dans le sein maternel ». En effet, « sa distribution massive évitera quelque 369’000 grossesses annuelles, qui se convertiront en autant de morts de bébés », conclut-il. (apic/cns/bbc/vb)
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