Rome: 20e anniversaire des accords de la Villa Madame entre l’Italie et le Saint-Siège
Rome, 18 février 2004 (Apic) L’ambassade d’Italie auprès du Saint-Siège commémore le 18 février au soir le 20e anniversaire du concordat de 1984 entre le Saint-Siège et l’Etat italien. Augmentation du coût de la vie, polémique entre opposition et majorité, enseignement religieux dans les écoles, gestion des biens ecclésiastiques: les sujets de préoccupations et les questions en suspense ne manquent pas selon le Vatican.
Les relations entre l’Italie et le Saint-Siège, par les accords qui les unissent, sont particulièrement étroites et privilégiées. Dans sa livraison du 18 février 2004, Il Corriere della Sera, estime que l’anniversaire des accords de 1984 va être l’occasion pour les prélats présents ce soir à l’ambassade d’Italie auprès du Saint-Siège de présenter – comme ils le firent en 2001 à la même occasion – des remontrances à l’Italie.
Pour Il Corriere della Sera, le Vatican semble particulièrement préoccupé par les relations entre les corps de l’Etat, la politique et la magistrature et par leurs conséquences sur le moral de la nation italienne. Le Saint-Siège serait aussi préoccupé par l’augmentation du coût de la vie en Italie, créant une véritable fracture sociale. Les polémiques croissantes entre l’opposition et la majorité, à cause des prochaines échéances électorales (élections européennes de juin 2004, les régionales de 2005 et les élections parlementaires en 2006), semblent aussi inquiéter les autorités religieuses italiennes. Elles pourraient créer un climat malsain dans le pays, pouvant conduire à une fracture géographique de celui- ci.
« Les dispositions concordataires entre l’Italie et le Saint-Siège ne sont pas des privilèges mais des normes spéciales », estime le cardinal Attilo Nicora, président de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (Apsa) – représentant de l’Eglise en 1984 dans la commission paritaire italiano-vaticane pour les biens et organismes ecclésiastiques -, dans Il Sole-24 ore du 17 février 2004. Pour le cardinal italien, il est nécessaire de rechercher « une saine collaboration entre l’Eglise et la communauté politique ».
Le cardinal Nicora estime ainsi que les points du concordat de 1984 sur lesquels un bilan devrait être dressé, sont ceux de l’enseignement religieux dans les écoles, de la gestion des biens ecclésiastiques, des formes de financement de l’Etat et enfin de la promotion des biens culturels de l’Eglise.
Revoir l’assistance spirituelle dans les établissements de l’Etat
Dans l’entretien accordé au quotidien italien, le président de l’Apsa estime que l’article 11 du concordat de 1984 devrait être révisé. Il s’agit de l’assistance spirituelle assurée dans les hôpitaux, les prisons et les forces armées, par des aumôniers. Le seul accord trouvé à ce jour concerne les aumôniers assistant la police.
Un autre point important relève du statut des cardinaux et des évêques face à la justice italienne. Cette question a été soulevée par l’affaire du cardinal Michele Giordano, archevêque de Naples, dont on attend encore le jugement en cassation pour abus de biens sociaux. Pour le cardinal Nicora, la commission paritaire créée en 1998 pour l’examen de telles questions doit attendre un climat plus calme pour rendre ses conclusions.
Enfin, le président de l’Apsa, interrogé sur la dimension financière des accords de 1984 estime « qu’il est difficile de parler d’une Eglise riche », quand on pense aux charges des diocèses et aux services publics que l’Eglise remplit bien souvent en Italie.
Le 8 pour 1000 du contribuable italien
Le financement de l’Eglise italienne est assuré par le système fiscal du 8 sur 1000 permettant à chaque contribuable italien d’attribuer 8 pour 1000 de son impôt sur le revenu à l’Eglise de son choix. L’Eglise catholique bénéficie de 86,58% du choix des contribuables, avec des versements se montant, pour 2002, à 910 millions d’euros, quatre fois plus qu’il y a quinze ans. 20% de ces revenus de l’Eglise italienne sont, par ailleurs, investis dans des interventions caritatives, en particulier dans le Tiers-monde.
Deux autres points restent encore en suspens, la garantie du droit de réserve quant aux données conservées dans les registres d’état civil tenus par l’Eglise et la reconnaissance par l’Etat italien des diplômes des universités pontificales qui accueillent de plus en plus de laïcs.
Lors de la réception des lettres de créances de Giuseppe Balboni Acqua, nouvel ambassadeur d’Italie auprès du Saint-Siège, le 9 janvier 2004, Jean Paul II avait évoqué l’anniversaire du concordat du 18 février 1984, signé entre le président du Conseil italien Bettino Craxi et le cardinal secrétaire d’Etat, Agostino Casaroli. Rappelant que ces accords avaient réformé ceux du Latran du 11 février 1929, créant l’Etat de la Cité du Vatican, le pape avait souligné « les manques ou les nouveaux développements » nécessaires aux accords de la Villa Madame de 1984. (apic/imedia/bb)
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