Congo RDC: Les évêques accusent les dirigeants de s’octroyer des avantages sociaux

« Un train de vie qui n’a rien à voir avec la précarité de nos finances »

Kinshasa, 18 février 2004 (Apic) Les évêques de la RDC dénoncent la volonté délibérée du gouvernement de prolonger la transition « de manière indue ». « Au lieu d’ouvrer pour la promotion du social, les dirigeants de notre pays s’octroient des avantages sociaux qui manifestent ouvertement leur désintérêt général pour le bien-être de la majorité de la population », soutiennent-ils dans un message diffusé le 18 février par l’agence catholique Dia.

La prise de position de l’épiscopat congolais est signée du Comité permanent des évêques de la République Démocratique du Congo. Les prélats, archevêques et évêques, étaient réunis en session ordinaire de ce comité du 9 au 14 février à Kinshasa. Leur message est intitulé « Pour l’amour du Congo, je ne me tairai point ».

Les évêques réaffirment leur souhait de voir les élections s’organiser dans le strict respect du délai fixé par l’Accord global et inclusif. Ils saluant « les avancées de la transition dans le pays et les espoirs qu’elles suscitent » et se réjouissent de constater que le Congo (Kinshasa) reprend progressivement sa place sur la scène internationale. Cependant, six mois après l’instauration d’un gouvernement de transition, les évêques constatent que les préoccupations du peuple « sont aux antipodes des intérêts de ses dirigeants qui lui imposent des sacrifices qu’il ne mérite pas ».

Aucun effort contre la corruption

Les prélats ne mâchent pas leurs mots pour dénoncer le peu d’intérêt manifesté par les autorités politiques pour le bien-être de la population. « Nous sommes affligés de constater, affirment-ils, qu’au lieu d’oeuvrer pour la promotion du social, les dirigeants de notre pays s’octroient des avantages sociaux qui manifestent ouvertement leur désintérêt général pour le bien-être de la majorité de la population. » « Outre qu’ils multiplient des missions aux avantages juteux, dénoncent les évêques, ils s’offrent un train de vie qui n’a rien à voir avec la précarité de nos finances nationales. N’ayant rien entrepris contre la corruption qui infecte tous les services dans notre société, ils sont les seuls à bénéficier de l’accalmie de l’après-guerre. »

Dénonçant de nombreux dysfonctionnements dans l’organisation du pays, les prélats accusent le pouvoir d’amateurisme. Dans certaines institutions, selon eux, on constate trop de tâtonnements et d’incertitudes, risquant de conduire l’Etat à la dérive. Les évêques citent de nombreux accidents ferroviaires, aériens, fluviaux et routiers qui, comme en 1996, ont endeuillé la nation. Ils dénoncent la légèreté avec laquelle les dirigeants ont annoncé et géré ces accidents. Cette indifférence, à leurs yeux, se manifeste aussi dans l’indexation du problème de la sécurité qu’on tend à reléguer au rang des activités facultatives de l’Etat, alors que la population est livrée à la merci de bandits de grand chemin.

Les prélats dénoncent enfin les détournements de deniers publics, qui « se multiplient en toute impunité, pour renflouer les caisses de certaines ex-composantes politiques ». (apic/dia/bb)

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