Italie: Polémiques autour de l’autobiographie du rabbin Zolli, converti au catholicisme
Rome, 24 février 2004 (Apic) La polémique fait rage en Italie au sujet de la publication de l’autobiographie du rabbin de Rome Israel Eugenio Zolli Zolli, converti au catholicisme en 1945. C’est un ancien ambassadeur d’Israël à Bruxelles, Sergio Minerbi, qui s’en prend à des mouvements catholiques « conservateurs » coupables à t à ses yeux de chercher à « faire retourner l’Eglise au stade préconciliaire ».
Dans le collimateur de Minerbi, par ailleurs professeur d’histoire à l’Université de Tel-Aviv, des groupes comme « Communion et libération, l’Opus Dei et d’autres encore ». L’Israélien s’interroge violemment dans « Il Giornale » du 21 février 2004, sur la publication en Italie, le 13 février 2004, avec force publicité, de l’autobiographie d’Israel Eugenio Zolli, rabbin de Rome durant la seconde guerre mondiale et converti au catholicisme en 1945.
Mel Gibson, Pie XII, Isabelle-la-catholique: tous dans le même sac
Pour l’ex-ambassadeur, la parution en italien de l’autobiographie de Zolli, parue en 1954 aux Etats-Unis, « la manoeuvre » s’inscrit dans « le renouveau de la question de la béatification de Pie XII et d’Isabelle-la-catholique, de la diffusion du film de Mel Gibson, avec une évocation antisémite de la Passion ».
« Ressusciter Zolli, c’est montrer aux juifs la voie directe de la conversion », poursuit le professeur Minerbi, qui conclut « en vue de l’élection du prochain pape, les conservateurs catholiques veulent fixer quelques points pour conditionner la future politique et poser une barrière aux décisions du Concile Vatican II, concernant le dialogue avec les juifs. »
L’Eglise catholique, toujours une cible privilégiée
Sergio Minerbi voulait ainsi répondre à Andrea Tornielli, journaliste vaticaniste de « Il Giornale » et auteur en 2001 de « Pio XII, Il Papa degli Ebrei » (Pie XII, le pape des juifs). Dans un article du 13 février 2004, Tornielli écrit que les juifs du Ghetto de Rome auraient pu se sauver le 16 octobre 1943, au moment de la rafle des nazis, mais ne l’ont pas fait « par négligence, sous-évaluation et attentisme face à la minutieuse réalisation de l’holocauste ». « Trop de gens préfèrent toujours rejeter la responsabilité des faits sur l’Eglise et ses silences », avait déclaré Andrea Tornielli.
L’historien Gian Maria Vian, dans le quotidien catholique « L’Avvenire » du 13 février 2004, avait salué la sortie en italien de l’autobiographie de Zolli, « Il battesimo del Rabbino ». Il soulignait que le texte avait été expurgé par rapport à la version hagiographique américaine. Enrico de Bernart, petit-fils de Zolli, a travaillé sur ce livre à partir du manuscrit italien.
Gian Maria Vian, reprenant le texte de l’autobiographie, insistait sur le fait que le baptême d’Israel Zolli sous le nom d’Eugenio, n’était pas pour le rabbin un acte de reconnaissance des actions de Pie XII en faveur des juifs de Rome. Zolli estimait cependant « qu’aucun héros de l’histoire n’a jamais commandé une armée plus combative et héroïque que celle qui fut conduite dans la bataille par Pie XII au nom de la charité chrétienne ». L’autobiographie de Zolli est avant tout « l’histoire d’une passion pour Dieu, incarné dans le Christ », soulignait Gian Maria Vian.
« Eugenio Zolli. Prophète d’un monde nouveau ».
En 2002, était traduit en italien le livre de Judith Cabaud publié en français en 2001, « Eugenio Zolli. Prophète d’un monde nouveau ». Ce livre d’une juive d’origine américaine, publié par les Editions San Paolo, avait eu un franc succès, malgré le peu de publicité dans la grande presse. Les éditions San Paolo (Saint-Paul en France), qui publient aujourd’hui l’autobiographie de Zolli, n’ont pas la réputation d’être un groupe d’édition conservateur et publient, entre autres, les magazines « Famiglia Cristiana » et « Jesus ».
Par ailleurs, dans le contexte du dialogue judéo-catholique, les 18 et 19 janvier 2004, une quinzaine de cardinaux, dont Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, s’était rendus à New York. Ils étaient invités par des rabbins, mais également par Israël Singer, président du Congrès juif mondial, pour échanger avec 30 rabbins sur la question « quel est le premier commandement? ». Neuf évêques français, dont – à nouveau – le cardinal Lustiger, se rendront à leur tour à New York du 23 au 28 février 2004, pour rencontrer des représentants de l’orthodoxie juive et échanger avec eux sur le thème « tradition et modernité ». (apic/imedia/be)
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