POVERELLO

Cette nouvelle BD m’a tout de suite attirée lorsque je l’ai vu en rayon. Un gros pavé, presque 600 pages, avec en titre une référence à Saint François d’assise, il me semble. La couverture nous montre un pauvre qui nous fait penser à lui, mais bizarrement assis sur une moto ?

Dès mon retour à la maison, je me suis plongé dans ce récit. J’ai tout de suite été captivé et n’ai pas pu lâché le bouquin avant la fin. Cet ouvrage est une vraie réussite. Je regarde les deux bibliothèques de mon salon, l’une avec les BD classiques, l’autre avec les BD chrétiennes, et me demande où je pourrais classer cette dernière acquisition ? En effet, bien que racontant l’histoire de Saint François d’Assise, il ne s’agit pas ici d’une simple biographie adaptée en BD afin d’attirer le jeune lecteur. De fait le personnage principal de cette œuvre est un jeune homme, John Coal, acteur de profession qui reçoit le prix du meilleur espoir masculin. Cette distinction fait grimper sa côte d’acteur. Le réalisateur du moment, Jean-Pierre Lübeck, lui propose alors le rôle principal de son nouveau film : Poverello. Tourner avec Lübeck ne se refuse pas, même s’il s’agit de jouer le rôle de  Saint François d’Assise. Le cachet qu’on lui propose met un terme à ses hésitations. Le lecteur assiste donc au tournage et découvre par ce biais la vie du saint d’Assise. Interpellé par les questionnements et la transformation de son personnage, qui au fond lui ressemble beaucoup, John Coal s’interroge. Quel est le sens de sa vie et où sont les priorités ? Comme François, il se rend compte que la gloire ou la richesse non partagée ne rendent pas heureux et que la source du bonheur est ailleurs. Il a soif de vérité et d’authenticité.

Nous suivons donc ces deux histoires, celle de Saint François et celle de John, à travers un récit mêlé, mais bien distinct, notamment grâce aux deux univers dessinés dans des couleurs différentes: celui de Saint François dans des tons jaunes et ocres et celui de John plutôt gris bleu.
L’histoire de François reste assez fidèle à la biographie du Saint, mais étant racontée à travers un film tourné par un réalisateur de notre époque, la narration s’en trouve actualisée. Cela rend le récit très facile d’accès avec parfois même des moments drôles et un peu décalés. Le souhait du réalisateur du film, qui doit être à mon avis le même que celui de l’auteur de BD, est de montrer à quel point l’histoire de Saint François et son questionnement sont toujours d’actualité et peuvent toucher tout un chacun. Le raconter de cette manière peut toucher certainement plus de gens que si on était resté dans un film ou une BD « catho ». En partant de cette réalité qui est la nôtre, le lecteur peut facilement s’identifier à John ou à François.

C’est donc pour moi une excellente BD, avec un dessin à la Sempé, au trait simple mais assez doux qui rend les personnages attachants. L’épaisseur du livre peut décourager au début, mais très vite on oublie le nombre de pages car on est entraîné dans l’histoire. Une BD qui peut plaire aux ados, mais aussi aux adultes. Une manière différente de rencontrer Saint François d’Assise.

Auteur : Robin, directeur artistique dans l’un des magazines jeunesses de Bayard Presse, illustrateur de nombreux ouvrages. Poverello est sa 2ème BD après Le fils de Rembrandt.
Éditions Bayard ; parutions Octobre 2014

 

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