Le Vatican dit non à l’utilisation d’une église comme mosquée.

Andalousie: La cathédrale de Cordoue ne sera pas partiellement transformée en mosquée

Rome, 30 avril 2004 (Apic) La cathédrale de Cordoue (Cordoba), dans le sud de l’Espagne andalouse, ne retrouvera pas une partie de son affectation d’antan. Elle ne sera pas transformer partiellement en mosquée. Le Vatican a dit non à une telle utilisation. Plusieurs partis politiques, de gauche essentiellement, avaient émis cette possibilité. Des demandes ont été adressées dans ce sens. Mais la polémique, pas nouvelle, risque fort de ne pas s’éteindre avec la réponse romaine.

Une cathédrale catholique n’est pas un lieu de prière interreligieux comme une chapelle d’aéroport. C’est ce que Mgr Michael L. Fitzgerald, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a répondu à l’agence de presse AsiaNews, le 29 avril 2004, au sujet de la polémique espagnole autour d’une utilisation commune de la cathédrale de Cordoue, antique mosquée médiévale, comme lieu de prière musulman.

Si aucune demande formelle n’a été adressée au Saint-Siège, Mgr Fitzgerald demande aux musulmans « d’accepter l’histoire », « sans désir de prendre une revanche », tout comme les catholiques ne revendiquent pas leurs anciens édifices religieux passés à l’islam au cours des siècles.

« Le pape a visité la mosquée Umayyade de Damas et y a prié devant le mausolée de saint Jean-Baptiste, que contient cette ancienne église byzantine. Mais il n’a pas demandé à y célébrer la messe », a précisé l’archevêque britannique.

« L’utilisation de lieu commun par diverses communautés religieuses est problématique. De tels lieux existent, par exemple les chapelles des aéroports. Mais ce ne sont ni de vraies églises, ni de véritables mosquées. Ce sont des espaces interreligieux », explique Mgr Fitzgerald, qui souligne que la disposition de ces lieux permet leur usage commun à plusieurs religions. « Ce n’est pas le cas à Cordoue, où l’édifice appartient à une communauté particulière ».

Une polémique vieille de 10 ans

Interrogé sur l’argument selon lequel un lieu de culte devient terre d’islam, dès lors que des musulmans sont venus y prier – la cathédrale de Cordoue était une église chrétienne avant de devenir une mosquée -, l’archevêque a répondu, « pas toujours », et a signalé que « des musulmans avaient prié au Vatican, sans pour autant le revendiquer. Une rue où peuvent prier des musulmans ne leur appartient pas. Les autorités espagnoles n’ont pas la sensibilité théologique nécessaire pour comprendre la position de l’Eglise en cette matière », a conclu Mgr Fitzgerald.

Mansur Escudero, secrétaire général du Conseil islamique espagnol, avait annoncé le 29 avril 2004, avoir envoyé au Saint-Siège une demande pour que la cathédrale de Cordoue devienne la première église au monde où les chrétiens et les musulmans puissent prier ensemble. Par ailleurs, les musulmans de la ville, soutenus par la municipalité considérant qu’un tel geste serait un pas vers le dialogue interreligieux et l’oecuménisme, ont adressé une même requête à Mgr Asenjo Pelegrino, évêque de Cordoue.

La polémique locale cordouane est vieille de plus de dix ans et a été relancée au mois de mars dernier lors d’une rencontre sur le thème de la formation des prêtres et des imams, organisée par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et la World Islamic Call Society. Les délégués musulmans espagnols présentèrent à leur délégation une requête et une lettre du maire de Cordoue, réclamant l’usage commun aux musulmans et aux catholiques de la cathédrale andalouse. La supplique resta lettre morte. Revenant à la charge à la fin du congrès, Mgr Fitzgerald leur répondit pour sa part, que « l’usage d’une cathédrale était de la responsabilité de l’évêque du lieu ».

Dans le prolongement du 11 mars

La controverse de Cordoue est pour le moment au point mort. L’évêque reste discret et désire laisser le temps au temps pour apaiser les esprits. Mais, pour éviter tout incident, les entrées de ce qui fut la plus grande mosquée du monde après celle de La Mecque et aujourd’hui dédicacée à Notre- Dame de l’Assomption sont surveillées.

Cette affaire s’inscrit dans le contexte des attentats du 11 mars 2004 à Madrid. Des films de propagande terroriste retrouvés en Espagne, rappellent le prestigieux passé musulman « d’Al-Andalus » (l’Andalousie) niant la Reconquista espagnole, dans un pays confronté à une forte immigration musulmane.

Il n’est pas moins significatif que ce débat se déroule à Cordoue, centre historique et contemporain de l’Espagne musulmane. Sur les bords du Guadalquivir se trouve la première université islamique d’Espagne et, à Aldomovar del Rio (à une vingtaine de kilomètres de là), est installé le Centre islamique international Internet de la Fondation Roger Garaudy (communiste français controversé, converti à l’Islam). Et en Espagne, comme ailleurs en Europe, certaines des 200 mosquées ont été en partie financées par l’Arabie Saoudite, qui prône un islam wahhabite radical.

L’antique mosquée de Cordoue est un des joyaux de l’art arabe initié dans cette région au VIII. Depuis 1523, avec ses 24’000 m2 de surface, elle accueille comme cathédrale les fidèles catholiques de la région.

Encadré

La ville de Cordoue (Córdoba en espagnol) est le chef-lieu de la province de Cordoue, une des huit provinces composant l’Andalousie, région du sud de l’Espagne. Le nom Andalousie est dérivé du mot arabe « Al-Andalous « , et est la marque même de l’influence musulmane qu’a connue cette région du VIIIe au XIIIe siècles.

Ville de diversité, de raffinement, de connaissance et de tolérance, Cordoue s’est distinguée au cours des âges par ses savants, ses philosophes, ses écoles et ses monuments. (apic/imedia/ac/pr)

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