Témoignage du philosophe polonais Stanislaw Grygiel

Rome: Le nouveau livre-témoignage de Jean Paul II est mis en vente

Rome, 18 mai 2004 (Apic) Le nouveau livre-témoignage du pape, « Levez-vous! Allons! », le dernier livre autobiographique de Jean Paul II, sera mis en vente dans les librairies italiennes le 18 mai 2004, jour de son 84e anniversaire.

La presse italienne a largement relayé cet événement qui sera mis en valeur le soir même au cours d’une conférence de presse à laquelle participeront le porte parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls et le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la Congrégation pour les évêques. Pour l’Apic, le philosophe polonais Stanislaw Grygiel – qui a connu le jeune Karol Wojtyla en 1958 – est revenu sur les années épiscopales polonaises du futur pape.

Alors que le livre de Jean Paul II, portant essentiellement sur son expérience d’évêque entre 1958 et 1978, fait d’innombrables références à l’histoire de la Pologne et en particulier à l’histoire de ses saints, le professeur Grygiel – qui enseigne la philosophie à l’Université pontificale du Latran – souligne l’attachement des Polonais à l’histoire. « L’histoire, pour les Polonais, n’est pas seulement considérée comme le passé. Elle est encore présente aujourd’hui dans toutes nos actions. C’est ainsi que les grands hommes, dont font partie les saints, restent dans le présent et nous forment ». « Les hommes, explique Jean Paul II dans son livre, ont toujours eu besoin de modèles à imiter. Ils en ont surtout besoin aujourd’hui, en notre temps si exposé à des incitations changeantes et contradictoires ».

Le professeur Grygiel insiste aussi sur l’influence des occupations nazie puis communiste dans la formation du jeune Karol Wojtyla. « Les occupations successives ont provoqué un besoin profond de liberté et de vérité. Le syndicat Solidarnosc a été l’expression de ce désir. L’Eglise et les églises ont aussi été la place et le lieu de la vérité et de la liberté, même pour les athées.

Ancré dans la recherche de liberté et de vérité

Le pape, dont les premiers mots de sa première homélie sur le siège de Pierre ont été: « N’ayez pas peur! », est profondément ancré dans cette recherche de liberté et de vérité ».

« On ne peut vraiment pas tourner le dos à la vérité, ni arrêter de l’annoncer, ni la cacher, même s’il s’agit d’une vérité difficile, dont la révélation s’accompagne d’une grande souffrance », affirme le pape. (.) « Il faut rendre témoignage à la vérité, même au prix de persécutions, jusqu’au prix du sang, comme le Christ lui même l’a fait ».

Dans la Pologne communiste, explique encore Stanislaw Grygiel, « le rôle des laïcs était déjà très important, même avant le Concile Vatican II. Les Polonais étaient à 95% catholiques, l’Eglise était très puissante. Le clergé était fort parce qu’il était soutenu par les laïcs et vice-versa. Le clergé les défendait et parlait très clairement. Certains étaient très critiques vis-à-vis du gouvernement. Ils parlaient au nom des fidèles qui étaient moins libres. Aujourd’hui, le clergé en Occident est beaucoup moins courageux qu’il ne l’a été en Pologne, pour dénoncer les maux de la société ! Le pape a été formé à cette parole forte et aussi à compter sur les laïcs ».

« En tant qu’évêque, explique le pape dans son livre, j’ai soutenu de nombreuses initiatives de laïcs (.). Je voyais venir à moi des rédacteurs, des chercheurs, des médecins, des artistes. Parfois, ils entraient en cachette car nous étions au temps de la dictature communiste. On organisait des symposiums: la maison était presque toujours remplie, pleine de vie. Et les servantes du Sacré-Coeur devaient donner à manger à tout ce monde. »

Un homme ouvert. et exigent

Le premier contact du professeur Grygiel avec Karol Wojtyla a eu lieu quelques semaines après l’ordination épiscopale de ce dernier, en 1958. « C’était un homme ouvert, témoigne-t-il, un homme qui vous accueille et qui cherche à vous comprendre et à faire en sorte que vous puissiez exprimer votre créativité ». « Il était exigeant, ajoute celui qui était alors son élève, mais pas dans les paroles. Il se contentait de vous regarder et d’attendre. Le regard, parfois, peut être pire que des paroles. »

« Il est certain, témoigne pour sa part Jean Paul II, que réprimander fait aussi partie du rôle du pasteur. Je pense que sous cet aspect, j’ai peut-être fait trop peu. (.) Malgré les résistances intérieures que j’éprouvais à faire des reproches, je pense toutefois que j’ai pris toutes les décisions nécessaires. Comme métropolitain de Cracovie, j’ai fait tout mon possible pour arriver à ces décisions d’une manière collégiale, c’est à dire en consultant les évêques auxiliaires et mes autres collaborateurs. (.) J’aimais poser deux questions à mes collaborateurs. La première, « quelle est la vérité de foi qui jette une lumière sur ce problème? Et la seconde : « Qui pouvons nous solliciter ou former pour nous aider? ».

Stanislaw Grygiel se souvient encore avec émotion de la proximité du jeune évêque avec ses fidèles. « Personnellement, j’ai pu constater combien le pape était proche de ses fidèles. Lorsque notre fille a été gravement malade, il était très présent, nous invitait à sa messe privée dans la chapelle de l’évêché et prenait régulièrement de ses nouvelles « .

Ton personnel

Quand au pape, sur son rapport avec les malades, il témoigne, « je me rappelle que, lors des premières rencontres, les malades m’intimidaient. Il fallait une bonne dose de courage pour se présenter devant ceux qui souffraient et entrer en un sens dans leur douleur physique et spirituelle, sans se laisser conditionner par la gêne éprouvée, mais en réussissant à montrer au moins un minimum de compassion affectueuse. Le sens profond du mystère de la souffrance humaine se dévoila à moi plus tard ».

Si l’on affirme au Vatican, que Jean Paul II – qui a dicté ce texte entre le printemps et l’automne 2003 – a été secondé par l’actuel président et alors secrétaire du Conseil pontifical pour les laïcs, Mgr Stanislaw Rylko, le ton du pape reste très personnel et ses positions, en particulier sur le célibat des prêtres dans l’Eglise latine, sont restées identiques à celles qu’il prônait comme jeune évêque et qu’il a défendues au fil de son pontificat.

Dans l’attente de la publication en anglais

« Il s’agit, explique-t-il, d’une tradition certes exigeante, mais qui se révèle particulièrement porteuse de fécondité en fruits spirituels. (.) Dans le dessein de contester le célibat, poursuit-il, on prend souvent comme argument la solitude du prêtre, la solitude de l’évêque. Sur la base de mon expérience, je repousse fortement un tel argument. Personnellement, je ne me suis jamais senti seul. Outre la conscience de la proximité du Seigneur, même sur le plan humain, j’ai toujours eu de nombreuses personnes autour de moi, j’ai cultivé de nombreuses relations cordiales avec les prêtres et des laïcs de toute catégorie ».

Le livre est publié simultanément en italien, polonais, français, espagnol et allemand. La version italienne, publiée par Mondadori a été tirée à 500’000 exemplaires. Il semblerait que, pour des questions financières, Mondadori, en possession des droits, n’ait pas encore trouvé de maison d’édition pour la traduction anglaise. (apic/imedia/pr)

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