Fribourg: Dix ans de solidarité romande avec l’Hôpital de Monvu, au Congo démocratique
Fribourg, 8 juin 2004 (Apic) Depuis sa fondation en mai 1994, l’Association romande « Aide l’Hôpital de Monvu-Idjwi », basée à l’Africanum de Fribourg, a fourni une aide financière et en matériel médical d’une valeur de 300’000 francs. Cet apport annuel d’un montant de 30’000 francs est vital: il équivaut à un quart du fonctionnement de cet hôpital congolais réhabilité dans les années 80 à l’initiative du Père Claude Maillard. Il permet également de fournir des bourses d’études pour améliorer la formation du personnel médical.
Le missionnaire fribourgeois venait à l’époque d’être nommé par l’archevêque de Bukavu curé d’Idjwi. Cette grande île de 312 km2 située au milieu du Lac Kivu, sur la frontière orientale de la République démocratique du Congo, en face du Rwanda, n’avait qu’un hôpital laissé à l’abandon. Bâti à l’époque coloniale belge, puis propriété de l’Etat zaïrois, l’Hôpital de Monvu était désaffecté et réduit à l’état de quasi- ruine quand le Père Maillard s’est vu confier sa reconstruction. L’Hôpital avait été nationalisé et puis son mobilier pillé, «déplacé» selon l’expression courante à l’époque du Zaïre de Mobutu. Des lits d’hôpitaux furent d’ailleurs récupérés chez les responsables politiques locaux!
Claude Maillard n’avait à l’époque aucune compétence médicale particulière, à part le fait qu’il avait été soldat sanitaire et qu’il connaissait bien le milieu médical, étant lui-même fils de médecin- dentiste. Il est cependant rapidement devenu la cheville-ouvrière de cet important projet sanitaire patronné par l’archidiocèse de Bukavu.
Rentré en Suisse il y a 11 ans, le Père Blanc fribourgeois a lancé avec des amis une association pour garantir la pérennité de l’Hôpital de Monvu, qui dessert les 165’000 habitants de cette vaste île de 45 km de long et de 12 km de large. D’hôpital rural «de brousse» avec un seul médecin où l’on opérait souvent à la lampe de poche, Monvu est devenu un hôpital de référence qui pratique près de 400 opérations chirurgicales et 1’000 accouchements par an. Le paludisme, compliqué par l’anémie grave, est la première cause de mortalité chez les enfants qui souffrent souvent de malnutrition. Outre les affections respiratoires aiguës fréquentes, la population est la proie d’un choléra endémique.
Cette population pauvre – son revenu moyen n’est que d’un demi-dollar par jour – ne dispose que de cet hôpital de 91 lits, avec ses deux médecins, ses 23 infirmiers, ses 3 accoucheuses et son laborantin. Sur place, les gens se souviennent encore que dans un passé pas si lointain, les îliens devaient faire 17 à 18 km en pirogue pour aller se faire opérer sur terre ferme. Et quand on connaît les colères soudaines du lac Kivu, on peut s’imaginer le nombre de malades disparus dans les vagues.
Dix ans de solidarité, cela se fête
Dix ans de solidarité romande avec les habitants d’Idjwi, cela devait se fêter. Vendredi soir, l’Association «Aide l’Hôpital de Monvu-Idjwi», qui compte 200 membres à travers la Suisse romande, avait invité ses amis et sympathisants. Une bonne cinquantaine avaient fait le déplacement pour l’assemblée générale de l’association présidée par Jacques de Raemy, ingénieur retraité et ancien président de la fondation des Ecoles catholiques d’Yverdon. Son vice-président est l’infatigable docteur René Renevey, chirurgien-gynécologue FMH retraité, qui effectue régulièrement des missions médicales à Monvu.
Le buffet qui a suivi était animé par les musiciens du quintette fribourgeois « Severinés brass ». L’occasion de dire merci aux membres et aux amis partenaires : Clinique Garcia (qui avait offert en 1997 du matériel de son ancienne salle d’opération), Association Idjwi-Bukavu (Martigny), Ordre de Malte, médecins amis, bénévoles et Africanum.
A l’heure où la région des Grands Lacs est encore agitée par des soubresauts sanglants (la récente rébellion d’un groupe armé à Bukavu en est la preuve), l’Hôpital d’Idjwi, qui a échappé à la destruction et aux pillages durant toutes les années de guerre, est un exemple qui contredit l’ »afro-pessimisme ambiant », relève le Père Claude Maillard. Le Missionnaire d’Afrique témoigne en connaissance de cause: il vient tout juste de rentrer d’un séjour dans la région de Bukavu. JB
Si vous souhaitez soutenir l’Association «Aide l’Hôpital de Monvu- Idjwi», vous pouvez verser vos dons au CCP 17-10667-8. (apic/be)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse