Une « trahison structurelle de la confiance »: demande de pardon
Brescia, 20 juin (Apic) Trois théologiennes catholiques demandent dans la revue internationale de théologie « Concilium », que dans chaque cas de violence sexuelle et d’abus commis sur des mineurs, les prêtres et les religieux responsables soient soumis à des procès extra-ecclésiastiques. Les auteures commencent tout d’abord par une demande de pardon aux victimes.
Les théologiennes allemande Regina Ammicht-Quinn, irlandaise Maureen Junker-Kenny et américaine Hille Haker ont participé à la dernière édition en langue italienne de la revue internationale de théologie « Concilium ». Consacrée au thème des abus sexuels qui ont provoqué une crise grave dans l’Eglise catholique, l’édition est intitulée « La trahison structurelle de la confiance ». Ce thème a été également examiné par les Supérieurs généraux des ordres religieux lors de la récente assemblée de l’Union des Supérieurs généraux (USG).
Ne pas réduire la question à un simple problème d’homosexualité
Les théologiennes refusent de réduire la question à un simple problème d’homosexualité, (ce qui criminaliserait les homosexuels), car la violence sexuelle est également commise par des hétérosexuels. Le fait que souvent, mais non pas exclusivement, les victimes soient des enfants et des adolescents mâles « ne doit pas se transformer en prétexte pour faire renaître les projets latents et criminaliser l’homosexualité, comme si les personnes homosexuelles – à cause de leur tendance sexuelle – étaient plus enclines que les hétérosexuels à commettre la violence sur les mineurs ». Les trois auteures déclarent prendre leurs distances par rapport à cette insinuation exprimée fréquemment. Elles la qualifient d’ »absurde » et disent attendre que « notre Eglise en fasse de même, publiquement et avec clarté ».
La violence sexuelle commise et cachée au sein de l’Eglise et à travers des structures ecclésiastiques de pouvoir, conclut « Concilium », contredit l’humanitarisme du message chrétien. « Seule une conversion dans l’esprit biblique pourrait éviter ’la défaite de Dieu dans l’Eglise de Dieu’ « . Dans ce numéro de la revue, dont les contributions sont essentiellement féminines, les auteures soulignent qu’elles écrivent en tant que femmes et mères.
Elles commencent tout d’abord par une demande de pardon aux victimes. « Nous demandons pardon aux victimes – écrivent les théologiennes – nous leurs sommes reconnaissantes pour avoir eu le courage de rompre le silence. Nous avons honte pour les crimes de notre Eglise et nous demandons que la justice soit faite envers les victimes et les prêtres qui se sont rendus coupables, sans que l’on se limite à une réparation ou à une condamnation ».
L’autorité morale du prêtre sérieusement remise en question
Dans l’affaire des abus sexuels « l’autorité morale du prêtre » a été sérieusement remise en question et un certain « mépris des fidèles, devenu structurel a été confirmé », déplorent les auteures. Elles dénoncent une trahison de ce qui est le plus fondamental pour l’Eglise: « la trahison du Christ ». Les trois théologiennes demandent à l’Eglise de voir comment recréer l’autorité du prêtre et de réformer des structures qui permettent de léser, ou dans certains cas, de détruire carrément la santé psychique de certaines personnes.
« Nous ne pouvons ni ne voulons tolérer des décisions et des pratiques plutôt orientées vers la maintien de relations autoritaires au lieu de rendre possibles des expériences et des pratiques de foi qui placent au centre de l’attention la vulnérabilité de chaque être humain. Nous ne pouvons ni ne voulons tolérer que la justice ne soit pas faite envers les prêtres qui ont dépassé les limites de tout comportement admissible vis-à- vis des enfants et des adolescents », peut-on lire dans ce numéro de la revue « Concilium » éditée par la Maison « Editrice Queriniana » à Brescia. (apic/vid/be)
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