Autriche: Scandale sexuel: l’Eglise ouvre une enquête sur le séminaire de Sankt-Pölten
Vienne, 13 juillet 2004 (Apic) L’Eglise catholique autrichienne a ouvert mardi une enquête interne sur le scandale sexuel qui éclabousse actuellement le séminaire de Sankt-Pölten, à 80 km de Vienne, rapporte l’agence catholique Kathpress. A la suite d’une perquisition, en juin, la police aurait découvert des photos pornographiques dans les ordinateurs de plusieurs personnes.
La conférence des évêques autrichiens a indiqué qu’une commission avait été chargée « de permettre, en interne, la manifestation de la vérité », indique Kathpress. « Nous ne voulons pas nous cacher derrière le problème », a notamment déclaré l’évêque de Styrie et président de la conférence, Mgr Egon Kapellari.
L’affaire n’en finit pas d’éclabousser l’Autriche. Le directeur- adjoint du séminaire catholique de St-Pölten a en effet démissionné lundi, apprend-on. Cette démission intervient après celle du directeur du séminaire, début juillet, soupçonné de relations homosexuelles.
Le directeur-adjoint du séminaire, de surcroît secrétaire de Mgr Krenn, Wolfgang Rothe, a présenté sa démission lundi soir au conseil épiscopal, qui l’a acceptée. Elle fait suite à la publication par l’hebdomadaire autrichien « Profil » de photos le montrant dans des positions suggérant des rapports homosexuels avec des séminaristes, selon cette source.
Le directeur du séminaire, Ulrich Kuechl, avait démissionné la semaine dernière après la découverte par la police de milliers de photos pornographiques, à contenu pédophile et zoophile, sur des ordinateurs portables de séminaristes. Cette découverte a conduit la justice à ouvrir une enquête sur de possibles délits sexuels.
Mgr Krenn refuse de démissionner
La publication de photos montrant les deux responsables du séminaire caressant et embrassant sur la bouche leurs étudiants a déclenché de vives réactions dans les milieux politiques et religieux. Les responsables mis en cause sont des proches de l’évêque de Sankt Pölten.
Mgr Kurt Krenn a toutefois exclu de démissionner comme l’ont réclamé plusieurs responsables ecclésiastiques. Connu pour ses positions ultra- conservatrices, il a estimé que les photos n’avaient « absolument rien à voir avec l’homosexualité », et que c’était « des bêtises de garçons », qui se sont produites dans l’effervescence d’une fête de Noël.
Des explications qui n’ont pas convaincu la conférence des évêques. Elle a indiqué mardi qu’une commission avait été chargée « de permettre, en interne, de faire la vérité ».
« Il faut assécher au plus vite le marigot », a par ailleurs estimé le président de la Conférence des évêques d’Autriche dans un entretien publié mardi par le quotidien « Die Presse » (droite). « La pornographie et l’homosexualité ne peuvent pas être tolérées dans un séminaire », a-t-il ajouté.
L’affaire est grave, dit la Conférence des évêques
Lundi, l’hebdomadaire « Profil » avait par ailleurs publié des photos montrant les deux responsables du séminaire dans des positions suggérant des rapports homosexuels avec leurs étudiants. Selon cet hebdomadaire, le responsable du séminaire et son adjoint auraient eu des rapports sexuels avec des étudiants, et des séminaristes auraient utilisé des photos pédophiles pour se stimuler. « Profil affirme en outre que quelque 40’000 photos ainsi que de nombreux films à contenu pornographique ont été retrouvés par la police dans des ordinateurs portables appartenant à des religieux. Toujours selon « Profil », l’évêque de Sankt-Pölten serait intervenu auprès de la police pour freiner l’enquête.
« Lorsqu’une affaire de ce genre est révélée au public, un évêque ne peut pas les minimiser », a déclaré Mgr Kapellari. « Il doit, au contraire, prendre des mesures immédiates », a-t-il ajouté. « Ce qui s’est passé (à Sankt-Pölten) est terrible », a pour sa part déclaré Martin Walchhofer, le directeur des séminaires du pays, cité par l’Agence France presse. Il a estimé que la responsabilité « incombait à l’évêque Krenn ». Autre théologien cité par l’AFP, le théologien Paul Zulehner, estime que Mgr Krenn doit reconnaître qu’il est « malade » et qu’il est « trop éprouvé par l’alcool ». Qu’il doit en conséquence « se démettre de ses fonctions ».
A Rome, le Vatican s’est en revanche refusé à tout commentaire. « Nous n’avons rien à dire à ce sujet », a déclaré à l’agence de presse autrichienne APA le vice-directeur du service de presse du Vatican, Ciro Benedettini. Selon la radio publique ORF, des responsables religieux autrichiens seraient sur le point de demander au Vatican que Mgr Krenn soit démis de sa charge. (apic/ag/at/kp/af/pr)
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