Crise inextricable et renforcement de la Monuc

Congo: Le RCD-Goma suspend sa participation au gouvernement provisoire

Goma, 24 août 2004 (Apic) Le RCD-Goma, Rassemblement congolais pour la démocratie, a décidé de suspendre sa participation aux activités du gouvernement d’unité nationale. La transition en cours en RDC depuis plus d’un an prend un sérieux coup dans l’aile. Par ailleurs les Nations Unies renforcent leur présence dans le pays.

Le RCD-Goma, l’ex-principal groupe rebelle du dernier conflit en République démocratique du Congo, entré dans le gouvernement provisoire, se retire. L’annonce a été donnée le 23 août par le chef du RCD-Goma, Azarias Ruberwa, qui est aussi un des quatre vice-présidents du gouvernement congolais sorti des accords de paix de 2003.

Azrias Ruberwa affirme que le processus de paix « s’est brisé » et doit être revu. Le RCD-Goma, ex-mouvement rebelle pro-rwandais dominait, à l’époque du conflit (1998-2003), une bonne partie de l’est du Congo. Il est devenu par la suite partie intégrante du nouveau gouvernement d’unité nationale. Le mouvement demande à l’Afrique du Sud et à la communauté internationale d’analyser la crise de la phase de transition. L’Afrique du Sud est l’un des principaux artisans de l’accord global de gouvernement qui régit la transition en cours en RDC depuis plus d’un an. Le porte-parole du président Joseph Kabila a annoncé que le président sud-africain Thabo Mbeki était attendu le 30 août à Kinshasa pour une visite de travail.

Sécurité, retour des militaires à leur base

Le RCD-Goma, pour justifier sa décision, dénonce en particulier les problèmes relatifs à la sécurité, à l’intégration et à la réunification de l’armée et le retour à leurs bases d’environ 10’000 des 15’000 militaires déployés par l’ex-gouvernement de Kinshasa dans l’est du pays. Le chef du RCD-Goma avait déjà appelé à « l’arrêt de la transition politique » dans son pays au moment des obsèques des 160 réfugiés tutsis congolais, tués le 13 août dernier dans le camp de réfugiés de Gatumba, au Burundi, à la frontière avec la République démocratique du Congo. L’attaque avait été revendiquée par le groupe de rebelle burundais des FNL (Forces nationales de libération)

« La prospérité » (no 356), journal paraissant à Kinshasa, estime pour sa part que le RCD est au bord de l’éclatement. Un autre journal de Kinshasa, « Demain le Congo » (no 922, août 2004), affirme qu’en annonçant hier la suspension de la participation du RCD au gouvernement de transition, le président national du RCD a, en réalité, « tiré toutes les conséquences de l’échec de la récupération politique du drame de Gatumba ».

La Mission de l’Onu en RDC portée à 23’900 personnes

Par ailleurs, l’effectif actuel de la Mission de l’ONU au Congo (10’800 soldats) a été doublé, indique un communiqué de presse des Nations Unies, vendredi 20 août 2004. Dans son troisième rapport spécial, le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan recommande en effet de porter l’effectif autorisé de la Mission de l’Onu dans le pays (Monuc) à 23’900 personnes. Le renforcement de la Monuc « doit consister principalement à maintenir dans les principales zones susceptibles d’instabilité une présence crédible et sûre. » Une grande partie des forces supplémentaires réclamées par le secrétaire général irait dans la région du Kivu. En outre, deux provinces sont désignées dans le rapport de l’ONU comme « des zones à très haut risque » au moment où la RDC entre en phase électorale : le Katanga et les deux Kasaï. Il est envisagé de déployer une quatrième brigade de 3’500 personnes au Katanga et dans les Kasaï. A Kinshasa, l’effectif de la Monuc sera porté à 2’800 soldats.

Congo: « la guerre est internationale, pas locale »

Pour l’organisation non gouvernementale américaine Human Rights Watch, dont le rapport sorti début juillet analyse les rôles joués au-delà des conflits ethniques, « la guerre au Congo a été décrite par erreur comme une rivalité ethnique locale alors qu’elle constitue en fait une lutte en cours pour le pouvoir, aux niveaux national et international ». Dans son rapport de 57 pages, l’organisation démontre que les combattants sont armés et reçoivent souvent leurs ordres des gouvernements de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda.

Un certain nombre de traités et de cessez-le-feu, le plus récent signé par le Burundi le 19 juin, sont censés avoir mis un terme au conflit entre les gouvernements de l’Ouganda, du Rwanda et de la RDC ainsi qu’avec les mouvements rebelles congolais qui se préparent à partager le pouvoir avec le gouvernement de Kinshasa. Mais, selon l’analyse de Human Rights Watch, les acteurs de rang inférieur – souvent mandataires des acteurs principaux – poursuivent la guerre. (apic/misna/dia/vb)

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