La lutte d’un prêtre avec sa conscience à Dachau

Toronto: Un film allemand montre un conflit de conscience dans un camp nazi

Toronto, 20 septembre 2004 (Apic) Le film allemand Le 9e jour a été présenté au Festival international du film de Toronto par le cinéaste Volker Schlöndorff. Le personnage principal du film a existé. Il s’appelle Jean Bernard, était abbé, et il a tenu un journal de ses 20 mois au camp de concentration de Dachau. L’un des chapitres de ce texte est la trame du film.

Comme l’a expliqué à la presse au Festival international du film de Toronto le cinéaste allemand Volker Schlöndorff, il s’est basé sur le journal de captivité de l’abbé Jean Bernard. Best seller au Luxembourg en 1945, le livre a constitué, et en particulier l’un des chapitres de ce journal intime, la trame du scénario du film Le 9e jour. Le réalisateur du Tambour expliqué qu’il n’avait pas fait ce film « parce qu’il est moralement important, mais parce que l’histoire, du point de vue humain, est si profonde et pleine de suspense ». Le film raconte l’histoire vraie de l’abbé Jean Bernard, directeur de l’Organisation catholique internationale du film, avant la guerre. Il devint, après guerre, éditeur du quotidien Luxembourg Wort. Entre temps, il avait été arrêté et envoyé au camp de concentration de Dachau en 1941. Il était le prisonnier No 25487, l’un des 2’600 prêtres envoyés à Dachau comme punition à leurs actes de résistance et d’opposition au régime nazi. La moitié d’entre eux moururent.

Jean Bernard a tenu un journal de ses 20 mois au camp de concentration de Dachau. Ce texte a été un best seller au Luxembourg en 1945. L’un des chapitres de ce journal intime est la trame du scénario du film Le 9e jour. Après sa libération du camp de Dachau, le père Bernard a été envoyé au Luxembourg pendant 9 jours. Pendant ces 9 jours, les forces d’occupation nazies au Luxembourg tentèrent de le persuader de convaincre son évêque du bien fondé de l’occupation et des thèses nazies en matière d’Eglise. L’évêque faisait sonner les cloches de la cathédrale, un symbole de résistance, à midi, chaque jour.

Un débat théologique sur la tentation

Le père Bernard passa dans la clandestinité et tenta de fuir le pays. La Gestapo en représailles voulut tuer les prisonniers du même block cellulaire que le prêtre, à Dachau. Dans le film, Jean Bernard devient le père Henri Kremer. La fameuse scène, tirée du Journal et qui est le sujet central du film du réalisateur allemand, consiste en un débat moral entre deux hommes. Le prêtre luxembourgeois et un prêtre nazi, qui tente de le convaincre à ses thèses. Le prêtre nazi et officier de la Gestapo, Gebbhardt, était un ancien séminariste, entré au service du régime nazi après avoir abandonné la carrière de prêtre 2 jours avant son ordination.

C’est lui qui sera chargé de convaincre Bernard selon l’argument suivant: Jésus était peut-être un juif mais il a eu la volonté de surmonter sa condition de juif pour devenir un modèle pour l’humanité. « En abolissant le juif en moi, je fais le travail de Dieu ». C’est l’argument que le supérieur nazi essaie d’inculquer au prêtre luxembourgeois. De plus, il tente de persuader, dans le film, le père Kremer que Judas était pieux. « Sans Judas, il n’y aurait pas eu d’Eglise catholique », selon la doctrine nazie telle que le film de Schlöndorff la montre.

Egalement inspiré de l’expérience de Primo Levi

Pour dramatiser le cas de conscience du père Kremer, le cinéaste s’est également inspiré d’un épisode du livre de Primo Levi, écrivain et survivant d’un camp de concentration. Volker Schlöndorff, protestant, a suivi une école jésuite pendant 3 ans en France. Ce sont ses maîtres qui l’encouragèrent à devenir cinéaste. Pour son film, il a demandé conseil à ses amis jésuites pour savoir comment rendre au cinéma le puzzle théologique de la tentation.

Après avoir vu le remarquable film d’Alain Resnais Nuit et Brouillard, le cinéaste allemand, jeune homme, s’était juré de ne jamais mettre en fiction un camp de concentration. « C’est au-delà de l’acte de représentation sur un écran », disait-il alors. Aujourd’hui pourtant, son film commence avec une crucifixion dans un camp nazi (apic/cns/vb)

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