Dans « quelques années », selon le postulateur Jacques Le Moual
Fribourg, 12 janvier 2005 (Apic) La Suisse aura-t-elle un deuxième ressortissant canonisé, après Nicolas de Flüe? La bienheureuse Marguerite Bays pourrait connaître un tel sort « dans quelques années », affirme le nouveau postulateur Jacques Le Moual.
Dans son numéro du 12 janvier 2005, le bimensuel de l’Eglise catholique en Suisse romande « Evangile et Mission » annonce que Mgr Bernard Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, a nommé l’abbé Jacques Le Moual postulateur de la cause de la Fribourgeoise, béatifiée le 29 octobre 1995. Une canonisation pourrait intervenir très rapidement, et même « dans quelques années », affirme à l’Apic le curé de Charmey. « Le dossier a été très bien préparé par le Père Humbert Thomas Conus, postulateur de la béatification », explique-t-il pour justifier cette avancée inhabituelle dans une telle cause. Par ailleurs, la ferveur envers Marguerite Bays exprimée par de nombreux catholiques, de Suisse et d’ailleurs, qui se rendent en pèlerinage dans la région de Siviriez, ajoute un poids certain dans la cause de canonisation. Il est donc très probable, selon l’abbé Le Moual, que la couturière de La Pierraz devienne la deuxième ressortissante de Suisse à connaître la sainteté après Nicolas de Flüe en 1947.
L’abbé Le Moual succède comme postulateur au Père Fernando Lamas Pereyra de Castro, qui avait lui-même succédé au Père Conus, décédé en 1999. Licencié en droit canonique et diplômé du Studium de la cause des saints, Jacques Le Moual sera assisté du dominicain Bernard Hodel, vice- postulateur, professeur à l’Angelicum à Rome. Le Père Claude Morel, missionnaire de St-François de Sales et auteur d’un ouvrage sur Marguerite Bays à paraître bientôt, est nommé juge. François Vallat devient promoteur de justice, alors qu’Elisabeth Simon et Fabienne Sauca sont nommées notaires. Ces six personnes participent au nom de Mgr Genoud à l’instruction de la procédure de canonisation de Maguerite Bays auprès de la Congrégation pour la cause des saints à Rome.
Catéchiste pour les enfants de Siviriez
Native le 8 septembre 1815 de La Pierraz, un hameau de la région de Romont faisant paroisse avec Siviriez, Marguerite Bays fait un apprentissage de couturière à l’âge de 15 ans. Très tôt, elle ressent un attrait pour la prière dans la solitude et le silence, tout en s’engageant au service de la communauté chrétienne lorsque ses nombreuses contraintes familiales le lui permettent. Elle se rend chaque jour à la messe, prie le chapelet, et réunit tous les dimanches après-midi chez elle ou à la chapelle de Notre-Dame du Bois pour le catéchisme.
Elle fait profession dans le Tiers Ordre franciscain, et visite fréquemment le monastère de la Fille.-Dieu à Romont, sans pour autant entrer dans les ordres. Dans sa région, elle visite et assiste régulièrement les malades et les mourants. Par ailleurs, son esprit missionnaire la pousse à collaborer à l’apostolat de la presse catholique en compagnie du chanoine Schorderet, fondateur de l’oeuvre St-Paul.
Frappée d’un cancer, elle en guérit miraculeusement le 8 décembre 1854, jour de la proclamation du dogme de l’Immaculée de Marie. Elle conserve de cette épreuve des stigmates aux mains, qu’elle tente de camoufler avec des gants afin de ne pas attirer l’attention des paroissiens. Depuis sa mort, le 27 juin 1879, des pèlerins se rendent sans discontinuer dans ses lieux d’engagement et de prière: sa maison familiale, la chapelle de Notre-Dame du Bois, l’église de Siviriez où se trouve son tombeau et le monastère de la Fille-Dieu à Romont. BB
Encadré:
La Suisse attend toujours son deuxième témoin canonisé
Les Suisses qui ont connu la béatification se chiffrent « tout au plus à quelques dizaines », selon le cardinal Henri Schwery, membre de la Congrégation pour la cause des saints au Vatican. Quant aux témoins devenus saints, notre pays attend toujours une deuxième canonisation après celle de Nicolas de Flüe en 1947. « Bruder Klaus », qui a vécu de 1417 à 1487, est en effet le seul Suisse d’origine devenu saint depuis la fondation du pays en 1291. Cinq Suisses ont été béatifiés jusqu’à maintenant sous le pontificat de Jean Paul II:
– Le martyr valaisan Maurice Tornay, tué au Tibet en 1949 et béatifié en 1993;
– La Fribourgeoise Marguerite Bays, béatifiée en 1995;
– Marie-Thérèse Scherer, Supérieure générale des Soeurs d’Ingenbohl durant plus de 30 ans, morte en 1888, béatifiée en 1995;
– Maria Bernarda Bütler, fondatrice de la congrégation: les franciscaines missionnaires de Marie auxiliatrice, morte en Colombie en 1924, béatifiée en 1995;
– Maria Josefa Karolina Brader, dit Soeur Caritas, fondatrice, en Colombie, des Soeurs franciscaines de Marie Immaculée, morte en 1943, béatifiée le 23 mars 2003.
Plusieurs Suisses se trouvent sur le chemin vers la béatification, que ce soit au niveau diocésain ou à Rome, notamment le Frère mariste Lycarion (1870 – 1909) assassiné à Barcelone, le politicien Nicolas Wolf (1756-1832), Marie de Sales Chappuis (1793-1875), une des fondatrices de la congrégation des Soeurs oblates de St-François de Sales, le capucin Anastasius Hartmann (1803-1866), évêque en Inde, Bernarda Heimgartner (1822- 1863), co-fondatrice de la congrégation des Soeurs la Sainte-Croix de Menzingen, et Toni Zweifel (1938-1989), un laïc membre de l’Opus Dei.
(apic/em/bb)
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