Jérusalem: Les rabbins interdisent la visite des juifs sur l’Esplanade des Mosquées
Jérusalem, 19 janvier 2005 (Apic) Les plus hautes autorités religieuses israéliennes interdisent une nouvelle fois aux juifs la visite de l’Esplanade des Mosquées, qu’ils appellent le Mont du Temple.
Les deux grands rabbins ashkénaze et sépharade actuels d’Israël, Yonah Metzger et Shlomo Moshe Amar, ainsi que les anciens grands rabbins Ovadia Yosef, Avraham Shapira et Eliahu Bakshi-Doron, les chefs de grandes yeshivas (écoles religieuses), ainsi que le rabbin du Kotel (Mur Occidental, dit des lamentations), Shmuel Rabinowitz, ont signé une loi religieuse. Cette réglementation interdit strictement aux juifs de visiter ce lieu saint à l’heure actuelle, rapporte mardi le quotidien israélien « Haaretz ».
Cette ordonnance « halachique » correspond à l’énoncé d’une décision semblable prise en 1967 déjà, peu après la prise et l’occupation de la partie arabe de Jérusalem. Le décret halachique originel avait été émis par les deux grands rabbins de l’époque, Isser Yehuda Unterman et Yitzhak Nissim, rejoints ensuite par des centaines d’autres responsables rabbiniques de premier plan. Administrée par les musulmans, l’Esplanade des Mosquées, où se trouvent la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, est considérée depuis le début de la conquête arabe comme le troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine, en Arabie Saoudite.
Autrefois, on y trouvait le temple de Salomon et le « saint des saints », considère-t-on du côté juif. Raison pour laquelle aucun juif ne doit pénétrer sur le Mont du Temple pour ne pas désacraliser par inadvertance le lieu du « saint des saints » où ne pouvaient pénétrer que les grands prêtres une fois l’an et après une purification rituelle. Une violation de ces prescriptions valait la peine de mort.
Un « coup dur » pour les groupes juifs radicaux et fanatiques
Une telle reprise d’une décision halachique antérieure représente un « coup dur » pour les groupes juifs radicaux et fanatiques qui militent pour la destruction des mosquées et pour l’érection d’une synagogue sur l’Esplanade des Mosquées, voire la reconstruction du temple détruit il y a près de deux millénaires par les Romains. Les fidèles du Mont du Temple essayent depuis des années de gagner un grand nombre de rabbins à leur cause pour permettre l’entrée des juifs dans le lieu saint musulman.
C’est la pénétration sur ce lieu symbolique en septembre 2000 par un groupe emmené par Ariel Sharon, chef de l’opposition à l’époque et Premier ministre aujourd’hui, qui a servi de prétexte au lancement de la seconde intifada qui a déjà causé la mort de plusieurs milliers de personnes.
Cette ordonnance religieuse vise les juifs religieux les plus fanatiques, car la majorité de la population juive en Israël n’est pas intéressée à la reconstruction du temple sur l’Esplanade des Mosquées.
L’ordonnance halachique relève que durant toutes ces années, « nous avons perdu la localisation exacte du Temple, et quiconque qui entre sur le Mont pourrait sans le faire exprès pénétrer dans le lieu du Temple et le saint des saints. » C’est la raison pour laquelle ils réitèrent leur mise en garde: « aucun homme ni aucune femme ne doit poser le pied dans l’entièreté du site du Mont du Temple, quelle que soit la porte utilisée dans ce but ».
Cette règle halachique est proclamée à un moment où les mouvements des fidèles du Temple rassemblent chaque mois des milliers de juifs désireux de visiter le site sacré malgré les avertissements des grands rabbins. (apic/kna/haar/be)
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