Le FIFF, un autre regard sur le monde

Fribourg: La 19e édition du Festival international de films de Fribourg a lieu du 6 au 13 mars

Fribourg, 22 février 2005 (Apic) La 19e édition du Festival international de films de Fribourg (FIFF), qui ouvre depuis 25 ans des fenêtres sur la filmographie des pays du Sud, se déroulera du dimanche 6 mars au dimanche 13 mars prochain. Les organisateurs espèrent faire au moins aussi bien qu’en 2004, année où l’on a compté plus de 28’000 entrées.

Le Festival international de films de Fribourg ouvre sa 19e édition avec « Le grand Voyage » d’Ismaël Ferroukhi, où l’auteur marocain décrit le cheminement d’un père et de son fils, de Marseille vers la Mecque, à la découverte de soi et de l’autre. Il se clôturera avec le film japonais « Fuon » (La Complainte du vent), de Yoichi Higashi.

Le FIFF, qui s’est désormais créé une place enviée en Suisse, mise à nouveau sur la jeunesse: après les succès de 2003 et 2004 lors des séances organisées pour les écoles de la région, plus de 6’000 jeunes auront l’occasion de découvrir les films présentés à Fribourg et à Villars-sur- Glâne, où la salle de spectacles du Nouveau Monde accueillera une quarantaine de projections. Elles étaient initialement programmées dans les salles du cinéma Corso, détruite par un incendie en janvier dernier. A 5 minutes de Fribourg, desservie par les TPF, le Nouveau Monde accueillera des séances publiques ainsi qu’une partie des séances scolaires. Au centre ville, les cinémas Rex et Alpha verront le nombre de séances augmenter.

Depuis sa création en 1980, le Festival de films de Fribourg, toujours aussi convivial, ne cache pas son côté engagé: contre toute forme de discrimination et de censure, pour le dialogue Nord-Sud, les rencontres avec les autres, la promotion de la diversité culturelle et sociale. Cette année encore, le FIFF donnera du poil à gratter à certains: avec « Palestine/Israël, une mémoire suisse », il présente une nouvelle fois une brûlante actualité, celle du Proche-Orient.

« Palestine/Israël, une mémoire suisse »

Cette réalité a interpellé les cinéastes suisses dès les années 70, notamment des militants maoïstes devenus de grands réalisateurs, comme Francis Reusser, dont on reverra le film Biladi, une révolution, ou Jean- Luc Godard, réalisateur d’ »Ici et ailleurs », une réflexion sur la violence, la révolution et le rôle du cinéma et des images. Ils allaient tourner dans les camps de réfugiés palestiniens de Jordanie juste avant que le terrible épisode de « Septembre Noir » ne fasse plus de 10’000 morts palestiniens.

D’autres points de vue seront présentés à Fribourg, comme ceux de Rolf Lyssy (« Les faiseurs de Suisse », qui a attiré plus d’un million de visiteurs dans les cinémas helvétiques) ou de Nicolas Wadimoff, interpellés eux aussi par les tensions israélo-palestiniennes. Responsable de cette rétrospective sur 34 ans, Alain Bottarelli a sélectionné également des oeuvres de réalisateurs israéliens vivant en Suisse, comme « Nous sommes des Juifs arabes en Israël », d’Igaal Niddam, un juif d’origine marocaine, ou « Pour les Palestiniens, une Israélienne témoigne », d’Edna Politi, une juive d’origine libanaise émigrée en Israël.

SOS de Rachel Brulhart: le non de la culture à la libéralisation des machines à sous

A l’occasion de sa dernière saison à la tête du FIFF, Rachel Brulhart, directrice générale du festival depuis quatre ans, a lancé un cri d’alarme et apporté son soutien au référendum contre la nouvelle loi libéralisant le secteur des machines à sous adoptée par une majorité du parlement fribourgeois.

Alors que pour la 3e année consécutive l’édition 2004 bouclait avec des comptes équilibrés (à hauteur de 1’544’000 francs), le budget 2005 (1,6 million de francs) est moins serein. « L’avenir financier ne se présente pas sous les meilleurs auspices si le peuple fribourgeois accepte la libéralisation des machines à sous. cela aurait des conséquences désastreuses qui n’épargneraient pas notre Festival », a lancé la directrice sortante. Qui a dit son espoir que les Fribourgeois comprendront l’enjeu de ce scrutin. Les milieux culturels et sociaux relèvent que plus de 360 associations ou institutions dans le canton bénéficient de la manne de la Loterie romande (LoRo), à savoir 18 millions de francs en 2004. La nouvelle législation met en péril ce financement.

Le président du FIFF, Jean-François Giovannini, ancien directeur suppléant de la Coopération suisse au développement (DDC), l’a bien rappelé: le FIFF ne fait pas de bénéfices, mais il a au contraire besoin d’aide venant de l’extérieur. Parmi ces soutiens financiers, il a mentionné la Loterie Romande, la DDC, l’Office fédéral de la culture, l’Etat de Fribourg, la Ville de Fribourg, la Ville de Bulle, la Commune de Guin, Coriolis Promotion et ses partenaires médias, le quotidien La Liberté, la RSR La Première, la TSR et L’Illustré.

J.-F. Giovannini s’est dit confiant que ce Festival, qui présente un autre point de vue que le cinéma commercial et donne à montrer la réalité de pays qui ne participent pas à notre société industrielle, connaîtra une nouvelle fois le succès. JB

Encadré

Onze longs métrages de fiction en compétition

Onze longs métrages concourent pour le Regard d’Or (Grand Prix du Festival, à savoir 30’000 francs offerts par le canton et la ville de Fribourg) et le Prix Spécial du Jury offert par SSA et Suissimage.

Parmi ceux-ci, notons celui de Yasmine Kassari qui, avec la fable de « L’Enfant endormi », livre une interrogation tout en sensibilité sur l’émigration vu du Sud marocain, Fanta Régina Nacro qui exorcise le démon de la guerre civile en Afrique dans « La Nuit de la vérité », Bahman Ghobadi qui, à hauteur d’enfant, relate sombrement dans « Lakposhta ham parvaz mikonand » (Les Tortues volent aussi) les petites combines pour survivre d’un village du Kurdistan irakien juste à la veille de l’invasion américaine, Ronit et Shlomi Elkabetz « Ve Lakachta Lecha Isha » (Prendre Femme) qui portent les cris d’une femme juive confrontée aux traditions patriarcales, ou Jin Yang dont « Yi zhi huà naeniu » (La Vache à lait blanche et noire) révèle la pauvreté de l’intérieur à peine quittées les côtes développées de la Chine.

A leurs côtés, des films en provenance de Malaisie, du Bangladesh, de Corée du Sud, des Philippines, du Brésil et du Kirghizistan. JB/com

Encadré

Une moisson de Prix

Les autres prix sont: le Prix du public (offert par la DDC), le Prix du Jury oecuménique (offert par Action de Carême et Pain pour le Prochain), le Prix FIPRESCI (Fédération internationale de la presse cinématographique), le Prix E-CHANGER du jury des Jeunes et le Prix Don Quijote de la Fédération internationale des ciné-clubs (FICC).

Le Jury international est composé du Suisse Francis Reusser, de l’Argentin Eduardo « Quintin » Antin (critique et ex-directeur du Buenos Aires Festival internacional de cine independiente), de la Française Agnès Devictor (Maître de conférence à l’Université d’Avignon, auteur de « Politique du cinéma iranien » et « Au sud du cinéma »), du Tunisien Hassen Daldoul (producteur notamment des « Siestes Grenadine » et des « Poupées d’argile ») et de l’Indien Shaji Karun (réalisateur, Grand prix du Festival en 1990 pour « Piravi » (La Naissance).

Privilégiant une approche sociologique, la compétition documentaire présente treize films, où chaque réalisateur, dans des styles très différents, offre un regard pertinent sur l’Histoire, la géopolitique ou la culture. « Pinochet et ses trois généraux » est une confrontation étonnante orchestrée par José Maria Berzosa qui oppose les conversations mondaines des chefs de la « démocratie autoritaire » aux témoignages douloureux de familles de disparus. « Le Malentendu colonial », plaidoyer de Jean-Marie Téno, dénonce le rôle des missions évangéliques dans le mécanisme colonial allemand. Le soldat Sergio Delgado, dans « No Tan Nuestras » de Ramiro Longo, se souvient de la guerre des Malouines avec humour et lucidité. Cesar Paes et Raymond Rajaonarivelo nous racontent Madagascar en accompagnant le groupe des « Mahaleo », chanteurs engagés depuis plus de trente ans. Kim Dong- won a suivi pendant plus de dix ans des prisonniers politiques en Corée du Sud. Sans oublier les images tout aussi nécessaires d’Esteban Larrain (Chili), d’Idrissou Mora Kpai (Bénin), de Rolando Pardo (Argentine), de Pierre-Yves Vandeweerd (Belgique), d’Hubert Sauper (Autriche), de Raed Al Helou (Palestine), de Sergio Morkin (Argentine) et de Sipho Singiswa et Gillian Schutte (Afrique du Sud).

Le Jury documentaire est composé de Raphaëlle Aellig, (réalisatrice), de Suzette Glénadel, (ex-déléguée générale de Cinéma du Réel, France) et de Stéphane Goël, (réalisateur). Il attribuera le Prix du meilleur documentaire offert conjointement par le quotidien La Liberté et la Télévision Suisse Romande. « Filmer l’invisible », telle est encore la rétrospective imaginée par Marina Mottin autour de la thématique de la spiritualité. JB/com

Les informations sur le FIFF, ainsi que le programme sont disponibles sur le site: www.fiff.ch

Des photos du FIFF peuvent être commandées à l’agence CIRIC, Bd de Pérolles 36 – 1705 Fribourg. Tél. 026 426 48 38 Fax. 026 426 48 36 Courriel: ciric@cath.ch (apic/be)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/fribourg-la-19e-edition-du-festival-international-de-films-de-fribourg-a-lieu-du-6-au-13-mars/