Rome: Les FDLR du Rwanda et le gouvernement de la RDC signent un accord
Rome, 1er avril 2005 (Apic) Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) réunies à Rome avec le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) ont signé le 31 mars 2005 une déclaration dans laquelle elles s’engagent à cesser la lutte armée et condamnent le génocide commis au Rwanda. Ce texte a été acquis grâce à la médiation de la Communauté Sant’Egidio.
La déclaration en quatre points signée par Ignace Murwanashyaka, président des FDLR, réfugiées en RDC, a été lue devant un parterre de journalistes au siège de la Communauté de Sant’Egidio à Rome, le 31 mars. Les FDLR, aussi connues sous le nom de ’Interahamwé, y déclarent être « convaincues que les problèmes des Grands Lacs et en particulier les problèmes rwandais sont des problèmes politiques et requièrent donc des solutions politiques ».
Dans le premier point, les rebelles de l’ethnie hutue rwandaise déclarent « s’engager à cesser la lutte armée », s’abstenir d’ores et déjà « de toute opération offensive contre le Rwanda » et « transformer leur lutte en combat politique ». Dans l’attente de la mise en place de « mesures d’accompagnements », les FDLR acceptent « le désarmement volontaire et le retour pacifique de leurs forces au Rwanda ».
Dans un second point, les FDLR « condamnent le génocide commis au Rwanda et leurs auteurs. Le génocide entre ethnies tutsies et hutues aurait fait plus de 800’000 morts – selon l’Onu – en 1994.
Les FDLR « condamnent le terrorisme et les autres crimes de droit international » commis dans la région des Grands Lacs.
Enfin, dans un dernier et ultime point, les FDLR soulignent souhaiter « le retour des réfugiés rwandais dans leur pays selon les normes internationales dans la matière et dans le respect des droits et libertés de la personne humaine ». Les rebelles s’engagent ainsi à « s’impliquer activement dans le programme de leur retour volontaire avec le gouvernement de la RDC, le gouvernement du Rwanda et la communauté internationale ».
Des semaines de négociations
Les négociations à huit clos se sont ouvertes à Rome le 28 mars 2005, mais avaient débuté depuis plusieurs semaines. La communauté catholique de Sant’Egidio s’est employée, à Rome, et grâce à ses membres présents sur le terrain depuis de nombreuses années, à convaincre les représentants des Forces démocratiques de libération du Rwanda de rentrer dans leur pays de manière pacifique.
La présence des FDLR dans l’est de la RDC empoisonne les relations entre Kinshasa et Kigali depuis onze ans. Kigali accuse ces rebelles d’être impliqués dans le génocide rwandais de 1994 et de continuer à menacer son régime. De son côté, Kinshasa a accusé à plusieurs reprises Kigali d’utiliser le ’prétexté des FDLR pour envahir l’est de la République démocratique du Congo.
Le sommet de l’Union africaine des 30 et 31 janvier 2005 avait déjà entériné la décision de déployer une force militaire pour désarmer les rebelles rwandais des FDLR. Actuellement, seul un processus de désarmement et de rapatriement volontaire vise les combattants étrangers en RDC. Ce programme a permis à ce jour le rapatriement d’environ 10 000 combattants (sans compter leurs familles). Il resterait environ 15 000 rebelles, essentiellement rwandais, mais aussi ougandais et burundais, dans l’est de la RDC. Ils sont à l’origine de nombreuses exactions contre les populations locales.
Au cours de la conférence de presse à laquelle participait le président Ignace Murwanashyaka, un membre de la commission des FDLR pour les relations extérieures, le vice-commandant des FOCA, l’une des branches des FDLR, et l’ambassadeur Gonda, représentant le gouvernement congolais, les représentants de la Communauté de Sant’Egidio ont souligné que cette déclaration était un « développement positif de la crise dans la région des Grands Lacs » et ouvrait « une nouvelle phase dans le déroulement du conflit », « une issue à la crise ». En effet, c’est la première fois que les FDLR reconnaissent officiellement le génocide rwandais. Ceci était encore impossible il y a quelques mois, selon les représentants de Sant’Egidio.
Pour la Communauté de Sant’Egido, cette déclaration jette les bases « pour de nouvelles négociations » dans lesquelles la Communauté souhaite poursuivre « ses mesures d’accompagnement », afin que le gouvernement de la République démocratique du Congo assure les garanties nécessaires à la mise en place de la déclaration.
La Communauté de Sant’Egidio est parfois qualifiée de « diplomatie parallèle » à celle du Saint-Siège. Cette association laïque et internationale, reconnue par le Vatican en 1986, regroupe officiellement environ 40’000 membres en Italie et dans 60 pays. (apic/imedia/pr)
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