Une vaste réflexion

Rome: Les 14 encycliques de Jean Paul II

Rome, 2 avril 2005 (Apic) 14 encycliques ont été publiées durant le pontificat de Jean Paul II. Encycliques à sujet directement théologique, d’abord, comme la trilogie consacrée aux trois personnes de la sainte Trinité: Redemptor Hominis (1979), centrée sur la personne du Christ comme libérateur authentique de la condition humaine; Dives in misericordia (1980), qui témoigne de la miséricorde du Père dans la ligne spirituelle du témoignage de soeur Faustine, que Jean Paul II canonisera vingt ans plus tard; Dominum et vivificantem (1986), consacrée à l’Esprit-Saint et qui insiste sur le discernement entre le bien et le mal.

Dans le prolongement de cette trilogie trinitaire, Redemptoris Mater (1987) renouvelle la vision du rôle de Marie en montrant qu’elle est, avant Pierre, le « premier disciple », et en manifestant à travers elle la primauté du don total de soi pour la dignité humaine. Redemptoris Missio (1990), quant à elle, fixe la mission de l’Eglise : ayant pour devoir de partager la Bonne Nouvelle, « l’Eglise propose, n’impose rien », mais entend rendre au monde le service de lui dire sa véritable histoire, celle de la création, de la chute, de la rédemption, du salut et de la sanctification.

Dès le début du pontificat, Laborem exercens (1981) explore l’expérience de l’homme au travail – thème cher à Jean Paul II tant à cause de ses souvenirs personnels à l’usine Solvay pendant la guerre que du fait de son attachement au poète polonais Norwid, chantre de l’accomplissement de l’homme par le travail. Mettant en valeur la dignité de l’homme qui prolonge la création par son effort, l’encyclique prend peu en considération la situation économique mondiale et les réalités des pays développés, d’où un accueil mitigé dans les milieux de l’entreprise.

Sollicitudo rei socialis (1988), publiée pour les vingt ans de Populorum progressio, applique au tiers-monde la critique des systèmes économiques en référence aux droits de la personne et plaide pour l’exercice responsable des libertés civiles. La rédaction du texte, fruit d’apports multiples au sein de la curie, donnera à certains l’impression que le pape établit une équivalence entre les deux « blocs », capitaliste et marxiste. D’où des controverses et une réception, elle aussi, mitigée.

Trois encycliques, consacrées aux fondements moraux d’une société libre et tournée vers le bien, précisent la pensée anthropologique et sociale du pape. Centesimus annus (1991) marque la fin du « socialisme existant », mais analyse l’économie de marché comme une expression de la créativité humaine, en fait une arène de responsabilité morale et en appelle à la primauté des valeurs et de la culture.

Mise en garde contre une « culture de mort »

Veritatis splendor (1993) analyse la crise de la culture et postule l’existence d’une loi morale universelle s’appliquant à la condition humaine. Liant vérité et liberté, l’encyclique propose de repenser les notions de bonté et de béatitude. Enfin Evangelium vitae (1995), qui fustige les atteintes à la dignité humaine et la « culture de mort », met en garde les démocraties, de l’intérieur, contre les risques d’autodestruction nés du refus des critères moraux, et trace les contours d’une civilisation au service de la vie.

Ces trois encycliques, qui eurent un retentissement majeur dans le pontificat, ont suscité des réactions contradictoires liées à leurs implications politiques. Expression de l’inquiétude réelle de beaucoup, elles ont ouvert la possibilité – Evangelium vitae surtout – d’un débat collectif sur l’avenir de l’humanité. Fides et Ratio (1998), qui manifeste la confiance de l’Eglise en la raison et lie étroitement raison et foi, parachève l’affirmation papale que la libération de l’humanité passe par le service courageux de la vérité.

Des encycliques à thème oecuménique

Enfin deux encycliques à thème oecuménique, Slavorum apostoli (1985), consacrée à l’évangélisation des Slaves par les saints Cyrille et Méthode, et surtout Ut unum sint (1995), qui traite de la nécessaire réconciliation entre chrétiens, manifestent la conviction du pontificat que la vérité chrétienne est une et donnée dès l’origine par le Christ.

Sa dernière encyclique, Ecclesia de Eucaristia, n’eut pas de grand retentissement, Jean Paul II se contentant de faire part de son expérience personnelle à l’égard du sacrement de l’eucharistie. Le style employé, le témoignage, a toutefois marqué l’opinion catholique.

En réalité, chaque pontificat est marqué par de nombreuses encycliques. Pie XII en a écrit 41, Jean XXIII, 8, Paul VI, 7, et Jean Paul II, 14. Jean Paul II est le premier pape à avoir écrit des encycliques aussi longues: en comptant le nombre de mots, celles de Jean Paul II sont en première place.

Chaque encyclique est une lettre du pape adressée à l’ensemble des évêques du monde ou à une partie d’entre eux et, par leur intermédiaire, au clergé et à tous les fidèles. Ces textes ont valeur d’enseignement et comportent parfois des mises en garde.

– 1 Redemptor hominis, sur la rédemption de l’homme (publiée le 15 mars 1979)

– 2 Dives in misericordia, sur la miséricorde divine (publiée le 2 décembre 1980)

– 3 Laborem exercens, sur le travail humain (publiée le 15 septembre 1981)

– 4 Slavorum apostoli, sur les saints Cyrille et Méthode (publiée le 2 juillet 1985)

– 5 Dominum et vivificantem, sur le Saint-Esprit dans la vie de l’Eglise et du monde (publiée le 30 mai 1986)

– 6 Redemptoris mater, sur la bienheureuse Vierge Marie dans la vie de l’Eglise en marche (publiée le 25 mars 1987)

– 7 Sollicitudo rei socialis, sur la question sociale (publiée le 19 février 1988)

– 8 Remptoris missio, sur l’activité missionnaire (publiée le 22 janvier 1991)

– 9 Centesimus annus, pour le centenaire de l’encyclique Rerum novarum (publiée le 2 mai 1991)

– 10 Veritatis splendor, sur l’enseignement moral de l’Eglise (publiée le 5 octobre 1993)

– 11 Evangelium vitae, sur la valeur inviolable de la vie humaine (publiée le 30 mars 1995)

– 12 Ut unum sint, sur l’oecuménisme (publiée le 30 mai 1995)

– 13 Fides et ratio, sur la foi et la raison (publiée le 15 octobre 1998).

– 14 Ecclesia de Eucharistia, sur le sacrement de l’eucharistie (publiée le 17 avril 2003). (apic/imedia/pr)

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