Rome: Les cardinaux désormais tenus au silence pour les jours à venir
Rome, 10 avril 2005 (Apic) Les cardinaux, qui ne seront que 115 à voter lors du conclave qui s’ouvrira le 18 avril prochain, sont tenus au silence pour les jours à venir. C’est dans la matinée de samedi 9 avril que 130 cardinaux se sont rassemblés pour la 6e congrégation depuis le début de la vacance du siège apostolique entamée lors de la mort de Jean Paul II, le 2 avril dernier. Les cardinaux ne se sont pas réunis en congrégation, dimanche 10 avril.
« Après les obsèques de Jean Paul II, les cardinaux ont entamé une période plus intense de silence et de prières, en vue du conclave », a déclaré samedi Joaquin Navarro-Valls, directeur de la Salle de presse du Vatican. C’est pourquoi, « les cardinaux, à l’unanimité, ont décidé d’éviter ces jours-ci, les interviews et les rencontres avec les médias ».
Deux absents pour raison de santé
Les journalistes sont donc prié de s’abstenir d’adresser des demandes d’interviews aux cardinaux ou tout autres commentaires pendant cette période, a précisé Joaquin Navarro-Valls. Selon lui, il ne faut pas interpréter ce geste comme « un manque de courtoisie » ou comme un désintérêt face à la presse. Au contraire, a-t-il souligné, « les cardinaux ne manquent pas de remercier » les médias de l’énorme intérêt avec lequel ils ont suivi cette période. Le porte-parole du Saint-Siège a cependant insisté sur le fait que « ce n’est pas une interdiction, mais une invitation faite à la presse ».
Deux cardinaux électeurs ne pourront pas participer au vote du conclave qui commencera le 18 avril prochain. En effet, pour des raisons de santé, le cardinal Jaime L. Sin, archevêque émérite de Manille, aux Philippines, et le cardinal Alfonso Antonio Suarez Rivera, archevêque émérite de Monterrey, au Mexique, ne pourront se rendre à Rome pour participer au vote qui élira le prochain pape.
Canonisation de Jean Paul II ? De la compétence exclusive du nouveau pape
Les messes des Novemdiales sont ouvertes à tous, sans billet d’entrée. Le corps diplomatique a été invité à participer à la messe pro eligendo Summo Pontefice qui débutera le Conclave dans la matinée du 18 avril 2004. Joaquin Navarro-Valls a encore précisé, à propos de la requête de sanctification de Jean Paul II lancée spontanément par la foule lors de la messe des funérailles de la veille, qu’une telle décision sera de « la compétence exclusive du nouveau souverain pontife ».
Au cours de la deuxième célébration des « Novemdiales », dite pour les fidèles de la Cité du Vatican, le 9 avril 2005 dans la basilique Saint- Pierre, le cardinal Marchisano a souhaité que les prochains papes suivent le même chemin que celui de Jean Paul II. La messe en mémoire du pape défunt a été célébrée par le cardinal Francesco Marchisano, archiprêtre de la basilique patriarcale vaticane. Plus d’une vingtaine de cardinaux et 16 évêques ont concélébré la messe, parmi lesquels Mgr Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire personnel de Jean Paul II.
Deuxième célébration des « Novemdiales »
Après avoir longuement rappelé les souvenirs qui le liaient au pape défunt, le cardinal italien âgé de 75 ans a souligné la « paternité et l’humanité infinies » de Jean Paul II. « Remercions encore le Seigneur d’avoir donné à son Eglise un pape comme celui-là et demandons la grâce de vouloir lui donner d’autres papes qui suivront aussi ce chemin », a-t-il conclu.
La troisième messe des Novemdiales est célébrée le dimanche 10 avril 2005 à 17h dans la basilique Saint-Pierre. Le Vicariat du diocèse de Rome a d’ores et déjà invité tous les fidèles à y participer. C’est le cardinal Camillo Ruini, Vicaire du diocèse de Rome, qui célèbre cet « l’ultime salut de l’Eglise de Rome ».
La neuvaine de messes célébrées en mémoire de Jean Paul II a commencé par la messe des obsèques, le 8 avril 2005. Les messes suivantes sont célébrées tous les jours à 17h dans la basilique vaticane, elles s’échelonnent ainsi du 9 au 16 avril 2005. Chaque jour, la célébration est ouverte à tous, et les fidèles n’ont pas besoin de se munir de carton pour y entrer. MS/JB
Encadré
Une série de timbres appelée « Siège vacant 2005 » sera émise dès le 12 avril prochain
Le bureau « philatélique et numismatique » du Governorat de la Cité du Vatican émettra, le 12 avril 2005, une série de timbres appelée « Siège vacant 2005 », a annoncé le Saint-Siège samedi 9 avril 2005, rappelant que la série n’aura une valeur postale exclusivement pendant la durée du Siège vacant.
Cette série de timbres sera mise en vente exclusivement auprès des bureaux de poste de la Cité du Vatican, à l’intérieur même de l’enceinte de la cité et sur la place Saint-Pierre. Le collège cardinalice a délégué au cardinal Edmund Szoka, président du Gouvernorat de la Cité du Vatican, le pouvoir juridique de frapper la monnaie et l’émission de timbres durant la vacance du siège apostolique.
Par ailleurs, dans la journée du 2 avril 2005, quelques heures avant la mort de Jean Paul II, le bureau philatélique et numismatique du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican avait indiqué qu’il « renvoyait à une date à déterminer » l’émission de deux série de timbres commémoratifs. Cette publication avait été prévue pour le 5 avril dernier.
Durant la vacance du Siège apostolique, c’est-à-dire entre la mort de Jean Paul II et l’élection du nouveau pape, le cardinal camerlingue, Eduardo Martinez Somalo, a le pouvoir de faire frapper la monnaie et de faire émettre des timbres. Une nouvelle émission d’Euros du Vatican à l’effigie de Jean Paul II, datée de 2005, était prévue dans les semaines à venir mais rien n’a été annoncé concernant la frappe de ces monnaies. MS/JB
Encadré
L’acte notarié déposé dans le cercueil de Jean Paul II contient son éloge funèbre
L’acte notarié contenant l’éloge funèbre de Jean Paul II a été déposé dans son cercueil avant la cérémonie des obsèques. Rédigé en latin et signé par les quelques participants à la cérémonie de la mise en bière, l’éloge funèbre relatant la vie de Jean Paul II a été lu, avant d’être inséré dans un tube métallique scellé aux armes du pape polonais et déposé dans le cercueil.
« Dans la lumière du Christ ressuscité des morts, le 2 avril de l’année du Seigneur 2005 à 21h37 du soir, alors que le samedi arrivait à son terme, et que nous étions déjà entrés dans le jour du Seigneur, Octave de Pâques et dimanche de la Divine Miséricorde, le pasteur bien-aimé de l’Eglise, Jean Paul II, est passé de ce monde au Père », ainsi débute l’acte notarié. Il est daté du 15e jour du 5e mois de la 26e année de pontificat de Jean Paul II, soit le jour de sa mort.
L’éloge funèbre du 264e pape précise que « toute l’Eglise en prière a accompagné son passage, spécialement les jeunes » et que « sa mémoire reste dans le coeur de l’Eglise et l’humanité tout entière ». Puis il rappelle que « Karol Wojtyla, élu pape le 16 octobre 1978, naquit à Wadowice (.) le 18 mai 1920 et fut baptisé deux jours plus tard dans l’église paroissiale ».
Puis, vient l’évocation de sa première communion, de sa confirmation, de son travail dans l’usine chimique Solvay sous « l’occupation nazie », son entrée au séminaire clandestin de Cracovie en 1942 et son ordination sacerdotale en 1946, « des mains du cardinal Sapieha ».
Il est fait référence ensuite à sa nomination en tant qu’évêque auxiliaire de Cracovie par Pie XII en 1958, à celle d’archevêque de la même ville par Paul VI en 1964 et à sa participation au Concile Vatican II. Il fut créé cardinal par Paul VI, indique encore le texte, le 26 juin 1967. Après avoir rappelé que les cardinaux l’élirent pape le 16 octobre 1978 et qu’il le nom de Jean Paul II, l’acte notarié souligne que son pontificat fut l’un des plus long de l’histoire de l’Eglise (le 3e plus long après saint Pierre dont le pontificat aurait duré 34 ou 37 ans et celui de Pie IX – 1846-1878 – qui a duré 31 ans, 7 mois et 21 jours, ndlr).
L’éloge funèbre note que « dans cette période, sous de nombreux aspects, de nombreux changements sont apparus. On comptera la chute de certains régimes, à laquelle il a contribué lui-même ». Et d’ajouter, « en vue d’annoncer l’Evangile, il accomplit de nombreux voyages en diverses parties du monde », notant que « plus que chacun de ses prédécesseurs, il a rencontré le peuple de Dieu » lors de ses voyages ou ses audiences.
« Son amour pour les jeunes, poursuit le texte, l’a poussé à lancer les Journées mondiales de la jeunesse, convoquant des millions de jeunes en diverses parties du monde », mentionne l’éloge funèbre. Puis, il rappelle qu’il a « promu avec succès le dialogue avec les juifs et les représentants des autres religions ».
L’acte notarié relate encore l’impulsion « extraordinaire » donnée par Jean Paul II aux canonisations et aux béatifications, à l’adoration eucharistique ou la prière du rosaire, ou encore le nombre impressionnant de textes publiés: 14 Encycliques, 15 Exhortations apostoliques, 11 Constitutions apostoliques, 45 Lettres apostoliques ainsi que les innombrables catéchèses des audiences générales du mercredi, et la publication du ’Catéchisme de l’Eglise catholique’.
« Jean Paul II a laissé à tous un témoignage admirable de piété, d’une sainte vie et de paternité universelle », peut-on lire au terme de l’éloge funèbre avec la date de la mort du pape et la phrase « Semper in Christo vivas, Pater Sancte !, « Puisses-tu vivre toujours dans le Christ, Saint- Père ! ». AMI/JB
Encadré
Représentation sans précédent des Eglises orthodoxes aux funérailles de Jean Paul II
C’est une représentation sans précédent des Eglises orthodoxes qui a assisté aux funérailles de Jean Paul II, vendredi 8 avril 2005. C’est sans doute, le fruit des relations interreligieuses poussées, pour lesquelles Jean Paul II avait beaucoup travaillé. Mais outre les Eglises orthodoxes, on comptait aussi des représentants des Eglises chrétiennes anglicanes, protestantes, mais aussi des délégations juives, de l’islam, du bouddhisme ou encore de l’hindouisme.
Parmi les Eglises orthodoxes, on a noté la présence de membres du patriarcat oecuménique de Constantinople, dont le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomée Ier. Les patriarcats grecs-orthodoxes d’Alexandrie et de toute l’Afrique et de Jérusalem étaient représentés respectivement par le métropolite Petros et l’exarque Theoktistos. Le patriarcat de Moscou était représenté par le responsable des relations extérieures, le métropolite Kirill.
Pas moins de 12 Eglises orthodoxes, soit 36 personnes étaient présentes, parmi lesquelles les Eglises d’Ukraine, de Georgie, de Serbie, de Roumanie, de Finlande, de Bulgarie, des pays tchèques et slovaques, de Chypre, de Grèce, de Pologne, d’Albanie et d’Amérique. Des représentants des Eglises orthodoxes orientales étaient aussi présents aux obsèques de Jean Paul II.
Parmi elles, on pouvait compter les patriarcats copte-orthodoxe d’Egypte et syro-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient. Le patriarche des Arméniens, Karekin II, était présent, accompagné d’une importante délégation.
On comptait aussi la présence du catholicos de Cilicie des Arméniens, Aram Ier, le patriarche d’Ethiopie, Abba Paulos, du catholicos de l’Eglise assyrienne de l’Orient, Mar Dinkha IV et d’un membre de l’Eglise orthodoxe d’Erythrée.
Les antiques Eglises orientales – l’Eglise copte-orthodoxe (Egypte), les Eglises orthodoxes d’Ethiopie et d’Erythrée, l’Eglise syro-orthodoxe, l’Eglise malankare (Inde), et les deux Eglises arméniennes (Etchmiadzine et Anteria) – sont séparées de Rome depuis le 5e siècle, n’ayant pas accepté les définitions christologiques du Concile de Chalcédoine.
Par ailleurs, l’archevêque de Canterbury était présent, accompagné d’une importante délégation anglicane. Des mouvements protestants ont aussi participé à la cérémonie, parmi eux, des luthériens, des méthodistes et des baptistes. Parmi les nombreux représentants de confession juive, l’ancien rabbin de Rome, Elio Toaff, grand ami de Jean Paul II, était présent. Jean- Paul II l’avait cité dans son testament. Enfin, des délégations musulmanes, bouddhistes, sikhs et hindouistes ont aussi participé aux obsèques du pape. (apic/imedia/ms/ami/be)
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