Sida : que fait l’Eglise catholique en Suisse romande (241189)

APIC-Dossier

1er décembre 1989 : Journée mondiale du sida

Fribourg, 24novembre(APIC/Bernadette Dubois) Le 1er décembre a été proclamé Journée mondiale du sida par l’Organisation mondiale de la santé

(OMS). La terribe maladie fait toujours des ravages, en effet, 182’463 cas

de sida ont déjà été recensés dans 152 pays depuis son apparition en 1979

jusqu’au 1er octobre 1989, mais on estime à trois fois plus le nombre de

personne qui ont été ou sont atteintes du virus. En Suisse, pays particulièrement touché par la maladie, 921 cas avaient déjà été enregistrés au 30

juin de cette année. De nombreuses actions sont entreprises pour ces malades. L’Eglise catholique, elle-même, vient d’organiser au Vatican une conférence internationale sur le sida où la nécessité d’une aide, morale et

spirituelle, envers les sidéens a été répétée.

Devant cette avancée de la maladie et pour une meilleure assistance morale des malades, qu’est ce que l’Eglise catholique a entrepris en Suisse

romande pour les sidéens ? A Genève, tout d’abord, l’année dernière, même

si les Eglises n’étaient pas, en tant que telles, au premier plan dans la

lutte contre le sida, un groupe d’ecclésiastiques s’est constitué pour

s’occuper plus spécialement des sidéens. Les membres de cette équipe sont :

deux pasteurs (Bernard Buunk et Dominique Roulin), un prêtre catholique

(Gérard Barone), un curé catholique-chrétien (Franz Murbach) et un rabbin

(François Garai) de la communauté israélite libérale.

Malheureusement, cette année, le groupe s’est partiellement disloqué,

faute de temps. Mais tous travaillent, à titre personnel ou dans le cadre

de la maison de Sid’accueil pour sidéens, auprès des malades du sida. De

plus, certains prendront part à la conférence de presse organisée le 1er

décembre à Genève par le groupe Sid’accueil.

A Neuchâtel, même si aucun aumônier pour les sidéens n’a été nommé pour

le moment, les responsables de l’Eglise catholique ont un très grand souci

de ces malades et participent à de nombreuses activités organisées par des

organismes privés ou publiques en faveur des sidéens.

A Fribourg, en Valais et dans le Jura, personne n’a été chargé de

l’accompagnement de ces malades, ce sont pour le moment les aumôniers des

hôpitaux, ceux des prisons ou bien ceux qui s’occupent plus précisément des

toxicomanes qui assistent les sidéens.

Dans le canton de Vaud, par contre, un prêtre catholique de rite maronite, l’Abbé Maroun Tarabay a été nommé cette été, par Mgr Pierre Mamie, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, pour « un ministère d’accompagnement

des personnes touchées par le sida ». Il a reçu une formation spéciale pour

cette tâche qu’il assume soit au CHUV, soit au Centre du Levant, spécialisé

dans la lutte contre la toxicomanie, soit, encore, dans la maison pour malades du sida qui vient d’être ouverte à Lausanne au début de cette semaine.

Pour l’abbé Tarabay, chaque sidéen est différent. La solitude du malade

et l’attitude de l’entourage et de la famille sont diverses, elle dépendent

notamment de l’origine du sida pour le malade. En effet, si le malade est

toxicomane, la rupture avec l’entourage a été antérieure à la maladie et

causée par la consommation de drogues. Par contre, l’homosexuel, est nettement plus entouré, les homosexuels ont d’ailleurs été les premiers à prendre des mesures de prévention contre la propagation de la maladie.

Le vicariat épiscopal vaudois avait déclaré, lors de la nomination de

l’abbé Tarabay, que l’ »accompagnement spirituel par des personnes particulièrement compétentes ne dispense pas de nous situer chrétiennement face à

celles et ceux qui sont atteints par le sida, tout particulièrement lorsque

leur durée de vie est comptée. Dans les rapports humains de chaque jour,

qu’il s’agisse de la profession, des loisirs, de l’habitats, regarder le

sidéen comme un être à part entière évitera à notre société de créer un

nouveau ghetto. Le regarder comme une personne ayant aux yeux de Dieu la

pleine dignité d’homme… Cela relève de la foi ».

De son côté, l’Institut d’éthique sociale de la Fédération des Eglises

protestantes de Suisse et la Commission nationale suisse Justice et paix de

l’Eglise catholique romaine avaient publié ensemble une brochure en 1988

sur « Sida – Le retour de l’angoisse?1. Elle traite la notion de SIDA comme

« signe des temps » et l’étudie et la critique afin de mettre en évidence les

problèmes de société liés à cette maladie et de proposer des orientations

éthiques pour y faire face. (apic/bd)

La brochure « SIDA – Le retour de l’angoisse » compte 76 pages et peut être

obtenue au prix de 10 francs (+ port) à l’Institut d’éthique sociale de la

FEPS (Terreaux 10, 1003 Lausanne) ou auprès de la Commission Justice et

Paix (CP 1669, 3001 Berne).

Encadré

Le sida dans le Tiers-Monde

La situation des malades du sida est bien plus dramatique dans le

Tiers-Monde qu’en Europe. C’est pourquoi, des oeuvre d’entraide, comme

Caritas, organisent des ateliers de réflexion sur le sida dans les pays du

Tiers-Monde et appuyent des projets et des programme de soutien pour que

des mesures intégrées contre le sida soient établies dans différents pays.

Caritas participe financièrement à des projets au Brésil (7538 cas déclarés

de sida en 1989), au Chili (125 cas), en Ouganda (7375 cas), en se souvenant que les cas déclarés ne sont que la partie immergée de l’iceberg.

Dans les pays du Tiers-Monde, c’est dans les régions les plus pauvres où

les médias étatiques classiques ne pénètrent pratiquement par que la

population reste dans l’ignorance, dans les villes comme dans les campagnes. Pourtant les Eglises locales et les communautés, de même que les organisations villageoises auxquelles les collaborateurs ecclésiaux ont accès, s’offrent à participer à la conscientisation à propos du sida. C’est

pourquoi, les oeuvres d’entraide essayent le plus possible d’informer sur

le sida dans les régions les plus pauvres du globe. (apic/bd)

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