Quatre tours de scrutin pour élire le successeur de Jean Paul II

Rome: Le cardinal allemand Ratzinger élu pape sous le nom de Benoît XVI

Rome, 19 avril 2005 (Apic) « Habemus Papam ». Plus de 26 ans après l’annonce faite au balcon de la basilique Saint-Pierre, le cri lancé de Rome au monde a à nouveau retenti. Le successeur de Jean Paul II se trouve être le cardinal allemand Joseph Ratzinger, cité comme favori. Il a pris pour nom Benoît XVI. Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi est connu pour appartenir à l’aile conservatrice de l’Eglise.

C’est donc une fumée blanche qui est sortie à 17h49 le 19 avril 2005, de la cheminée placée sur le toit de la chapelle Sixtine au Vatican. La couleur de la fumée a indiqué que les cardinaux réunis en conclave dans l’après-midi sont parvenus à élire le 265e pape de l’Eglise catholique dès le quatrième ou cinquième tour de scrutin. Les cloches ne se sont mises à sonner que quelques minutes plus tard. Le nouveau pape aura ainsi, un peu plus de 24 heures après l’entrée en conclave, réunir 75 voix autour de son nom, soit les 2/3 des votes exprimés.

Le cardinal Joseph Ratzinger: sa trajectoire

Le cardinal allemand Joseph Ratzinger, jusqu’à présent préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a eu pendant la période de ’pré conclave’ un rôle capital en tant que doyen – élu en 2002 – du collège cardinalice. Les cardinaux semblent être nombreux à l’avoir apprécié, au point que les ’vaticanistes’ italiens ont même assuré qu’il pourrait bien, au cours du conclave, rassembler 40 à 50 voix.

Joseph Ratzinger naît le 16 avril 1927 à Markti am Inn, un village de Haute- Bavière. Il fait son service militaire pendant la guerre, d’août 1943 à septembre 1944, alors qu’il est séminariste. Après la guerre, il poursuit ses études de philosophie et de théologie au séminaire de Freising, en Bavière toujours, à un moment de grande effervescence intellectuelle dans les cercles catholiques allemands. Ordonné prêtre en 1951, il obtient deux ans après un doctorat en théologie, avec une thèse sur l’ecclésiologie de Saint Augustin.

Après une année de travail paroissial, au cours de laquelle il sillonne Munich à bicyclette, il devint l’un des plus jeunes et des plus populaires professeurs de théologie d’Allemagne, en enseignant à partir de 1957, notamment comme professeur de dogmatique et d’histoire des dogmes, dans différentes universités, à Bonn, Münster, Tübingen et Ratisbonne. Il sera d’ailleurs vice-président de l’université de Ratisbonne.

Il devient ensuite le conseiller du cardinal Joseph Frings, archevêque de Cologne, alors qu’il a à peine 35 ans. Il aide le cardinal Frings à préparer ses interventions pour le Concile Vatican II. L’un de ces discours concerne la nécessité de la réforme des méthodes du Saint-Office, qui deviendra plus tard la Congrégation pour la doctrine de la foi, dont il sera lui-même préfet sous le pontificat de Jean Paul II.

Inquiet du mouvement de contestation de l’après 68

En attendant, s’il est à l’époque un fervent partisan des réformes, il commence toutefois à s’inquiéter, à partir de 1968, de l’esprit de contestation qui gagne les facultés de théologie. En particulier, de l’intérêt croissant pour le marxisme de plusieurs théologiens allemands.

Il se sépare alors des théologiens avec qui il a fondé la revue internationale de théologie Concilium, et fonde, avec d’autres théologiens influents de Vatican II, la revue Communio, qui voudrait promouvoir ce qu’ils considèrent comme une interprétation plus authentique de Vatican II.

Au milieu de ces controverses, Joseph Ratzinger écrit une « Introduction au christianisme », à partir des cours qu’il a donnés en 1967 à Tübingen. Un essai moderne dans son style et dans son traitement des questions théologiques, philosophiques et bibliques.

En 1977, il a cinquante ans lorsqu’il est nommé archevêque de Munich- Freising, par Paul VI, qu’il rencontre personnellement pour la première fois au mois de juin. Il est créé cardinal quelques mois plus tard. En 1977, lors de l’assemblée synodale sur la catéchèse, puis lors des conclaves de 1978, il fait la connaissance de Karol Wojtyla, avec qui il échange des livres depuis plusieurs années. Il s’entend bien avec lui, attiré par sa franchise et sa simplicité, son ouverture et sa cordialité, sa culture philosophique et théologique.

Peu après son élection, Jean-Paul II propose à Mgr Ratzinger de venir à Rome comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Celui-ci refuse, jusqu’à novembre 1981. Il arrive alors à Rome, après une nomination qui sera considérée comme la plus importante du pontificat, au niveau de la Curie.

Dans le cadre de cette fonction, le cardinal Ratzinger agit comme un théologien qui s’est confronté à la philosophie et à la théologie contemporaine. Tous les vendredi soir, il travaille personnellement avec Jean-Paul II, tandis qu’il déjeune avec lui le mardi, entouré d’autres théologiens, pour des discussions sur des questions générales : bioéthique, oecuménisme, théologie de la libération. Par la suite, c’est lui qui dirige la rédaction du catéchisme de l’Eglise catholique, publié en 1992. Il travaille également, sur les questions de liturgie, qui le préoccupent beaucoup. Par ailleurs, en marge de sa fonction, il poursuit un travail personnel, qu’il traduit dans de nombreux livres, parmi lesquels La Foi chrétienne, hier et aujourd’hui, et Le sel de la terre, livre d’entretiens dans lequel il répond à des questions sur le christianisme et l’Eglise catholique au seuil du troisième millénaire.

La controverse sur Dominus Iesus

Pendant le pontificat de Jean-Paul II, le cardinal a fait preuve de fermeté, par exemple en publiant en septembre 2001, la Déclaration Dominus Iesus, qui a suscité des controverses par la fermeté de son rappel de l’unicité du salut apporté par le Christ. Il s’est également montré ferme face aux théologiens dissidents, comme le Brésilien Leonardo Boff, l’un des fondateurs de la théologie de la libération, comme le théologien suisse Hans Küng, ou encore comme le jésuite français Jacques Dupuis. Mais il est pourtant loin d’être un homme dur et autoritaire comme on le décrit parfois. Il est au contraire, pour ceux qui le connaissent personnellement, « d’une intelligence lumineuse », d’une « grande vie spirituelle », et « d’une réelle humilité ». C’est en tous cas un homme fin, affable, souriant et attentionné (apic/imedia/pr)

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