Lourdes : Pèlerinage romand: Messages par Internet à la Vierge

Apic Reportage

«La vierge peut bien écouter un CD.»

Par Valérie Bory

Lourdes, 12 mai 2005 (Apic) A Lourdes, le Service informatique des sanctuaires reçoit en deux jours 3’000 intentions de prières et messages sous formes de courriel. Un prêtre en est responsable et les fait déposer chaque jour devant l’urne aux messages – déposés par les pèlerins -, devant la grotte de Massabielle. Modernité et surnaturel.

Les quelque 3’000 pèlerins du Pèlerinage romand réunis à Lourdes du 9 au 13 mai n’ont pas besoin d’Internet pour déposer leur message à la Vierge Marie dans la grotte de Massabielle, où Bernadette Soubirous a vu la Vierge lui apparaître il y a 147 ans. Les internautes du monde entier, eux, peuvent voir sur le site de Lourdes l’endroit où leurs messages ont fini leur trajectoire, de virtuelle en complètement temporelle. Une webcam (camera sur Internet) leur montre le rituel du chapelet quotidien, relayé par Radio présence Lourdes Pyrénées, et repris par d’autres radios catholiques françaises. Les moyens traditionnels comme les lettres et les téléphones parviennent également au Bureau qui reçoit les messages

L’abbé Yvon Peschet, responsable du Chapelet quotidien à la grotte, reçoit chaque jour, une cinquantaine de lettres, les ouvre toutes et les lit. D’autant que «parfois il y a des offrandes dedans, en argent ou en chèque», précise-t-il.

Les intentions de prières par Internet sont les plus nombreuses. En deux jours, le service informatique en a reçu plus de 3’000, entre le 9 et le 11 mai. La petite équipe ne peut pas les lire tous, d’autant qu’ils sont écrits dans une multitude de langues. «Trois fois par jour, on porte toutes les intentions à la grotte. Toujours». C’est l’abbé Peschet qui s’en charge, matin, midi et soir.

«Lors de la messe de 9h45 et de celle de 23 h, le prêtre, à l’Offertoire, a toujours une pile d’intentions de prières, qui sont alors offertes à la Vierge – ça fait partie de la messe -. Puis, on les met dans l’urne aux messages». A 15h 30 a lieu le chapelet quotidien, pendant lequel le prêtre, qui a pris avec lui les intentions de prières, remet ce paquet, «parfois énorme, à la grotte», explique l’abbé.

Radiodiffusé chaque jour sur les radios catholiques

Le rituel du chapelet quotidien à la grotte est radiodiffusé chaque jour sur de nombreuses radios catholiques – «ça va en Afrique, au Canada.» – Le dimanche, le chapelet quotidien est transmis dans toute la France par les radios catholiques du pays, branchées sur Radio présence. Sur le site Internet de Lourdes aussi, puisqu’on peut y voir en direct les pèlerins défiler devant la grotte et les intentions de prière en bonne place.

«On ne prie pas pour prier Marie, précise l’abbé. C’est pas Marie qui sauve le monde, c’est le Christ. Et à travers ce chapelet, entrecoupé des Je vous salue Marie dits par le prêtre. C’est une méditation sur la vie du Christ, en somme». Les intentions de prière – remerciements, demandes, actions de grâce etc. – parvenues par téléphone sont enregistrées directement sur un CD. «Les personnes peuvent s’entendre à la radio, ce sont leurs voix».

Par exemple, l’intention de prière de cette mère de famille de l’Ouest de la France, qui demande de prier pour elle. Elle n’a que 36 ans, une petite fille de 2 ans et elle a eu un cancer au sein il y a 7 ou 8 ans. Elle vient d’apprendre qu’elle a un cancer au pancréas. «Mais ça peut être le fils qui se drogue et qui en est sorti. Ou un problème d’alcool, un problème de pédophilie, un fils en prison, des parents qui se séparent. Les intentions, c’est la vie du monde» résume l’abbé. Qui insiste: «il n’y a pas que des demandes, il y a aussi les actions de grâce, les remerciements à la Vierge, à l’image des ex-votos qu’on voit accrochés dans les basiliques du Rosaire, de la Crypte, de l’Immaculée».

Des sacs entiers d’intentions de prière

Les intentions de prière déposées dans l’urne ou devant la grotte sont enlevées et d’autres sacs, préalablement triés par des employés ou par des religieuses, et classés par pays, les remplacent. Certaines intentions méritent un suivi. «On les donne alors dans certaines communautés religieuses. Pour des intentions trop chargées de souffrance, on demande au Carmel ou à la Visitation – des contemplatives – de les prendre en charge».

Quant au CD déposé sur l’autel de la grotte chaque jour pendant la messe quotidienne et qui contient les téléphones d’intentions de prière arrivés en permanence, c’est encore l’abbé qui s’en occupe, avec le nouveau service créé à cet effet par lui. «On pense que la sainte Vierge est capable de lire un CD aussi bien qu’un papier», lance l’abbé en souriant. Le CD sera ensuite effacé pour laisser la place à d’autres messages, qui seront à leur tour déposés sur l’autel.

L’abbé répond directement aux intentions de prières arrivées par écrit: «Je mets un petit mot, une petite carte avec. C’est à nous de voir sur le plan pastoral quel suivi on donne. Il y a aussi des intentions idiotes, qu’on va laisser de côté, comme prier pour le chat», ajoute l’abbé.

Le chapelet quotidien: l’audimat le plus haut

«Le chapelet quotidien fait l’audimat le plus élevé. Dans le monde entier, sur les radios catholiques qui le rediffusent, c’est ce que les gens écoutent le plus. On peut aussi l’écouter sur Internet», relève l’abbé.

Ce sont les dix prêtres de langue française des sanctuaires de Lourdes – prêtres qui sont une trentaine en tout – qui animent à tour le Chapelet quotidien et son homélie, en fonction des Mystères de la vie de Jésus. A raison de 5 dizaines de chapelets à chaque fois. «Par exemple le lundi ce sont les mystères joyeux et les mystères lumineux – la vie joyeuse de Jésus -, le mardi, les mystères douloureux – la souffrance de Jésus – et le mercredi, les mystères glorieux. Le prêtre qui prépare le chapelet veillera à prendre des remerciements ou des intentions joyeuses».

Le chapelet quotidien a toujours lieu à la grotte, donc en plein air. Et s’il fait froid le soir? «Eh bien tant pis», répond l’abbé. «Eté comme hiver, c’est tous les jours. Oui, parfois il fait froid, hein!» relève-t- il.

En tant que prêtre dans un sanctuaire, préparant une homélie par jour et chargé des confessions – qui lui prennent l’essentiel de son temps – l’abbé lance: «Il faut accepter de ne pas lier d’amitié. On n’a pas de paroissiens, ce sont toujours des gens qui passent et c’est cela le plus dur», reconnaît l’abbé Peschet, originaire de l’Ouest de la France, qui regrette parfois ses paroissiens. (apic/vb/pr)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/apic-reportage-73/