Redécouverte d’une tradition multiséculaire

Fribourg: Des laïcs se rassemblent pour perpétuer l’adoration eucharistique perpétuelle

Walter Müller, Apic

Fribourg, 8 août 2005 (Apic) La pratique de l’adoration eucharistique du Saint-Sacrement (*), quasiment tombée dans l’oubli, semble à nouveau intéresser des fidèles en Suisse. A Fribourg, des laïcs catholiques vont mettre sur pied une adoration perpétuelle dans une église de la ville, probablement dès octobre prochain. C’est le succès du « Mois eucharistique » organisé en mai dernier à la Basilique Notre-Dame, et prolongé le mois suivant, qui les a incités à poursuivre cette initiative.

Un groupe de laïcs catholiques de l’agglomération de Fribourg, dans le cadre de l’Année eucharistique proclamée l’an dernier par le pape Jean Paul II, a en effet mis sur pied un « Mois eucharistique ». L’Année eucharistique a débuté en octobre dernier par le Congrès Eucharistique International organisé dans la ville mexicaine de Guadalajara. Elle se conclura en octobre 2005 à Rome par l’Assemblée ordinaire du Synode des évêques, dont le thème sera: « L’Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise ».

A Fribourg, cette « adoration eucharistique perpétuelle », coordonnée notamment par Charles-Henri de Roten et le chanoine Alain de Raemy, prévue durant le mois de Marie, s’est ensuite poursuivie en juin, vu le succès populaire enregistré par cette initiative. Charles-Henri de Roten rêvait dès le départ d’en faire une manifestation permanente, comme à Paris.

A l’heure actuelle en Suisse, l’ »adoration eucharistique perpétuelle » n’est pratiquée que par quelques couvents. D’autres formes d’adoration eucharistique ont de même le vent en poupe. Ainsi, après des années de recul, les processions de la Fête-Dieu, où le corps du Christ est porté dans un grand ostensoir, sont à nouveau bien fréquentées. A Fribourg, plusieurs milliers de fidèles y participent.

Des heures d’adoration dans neuf églises

Le nouvel attrait pour la Fête-Dieu, qui se manifeste un peu partout, ne vient pas seulement de la joie de retrouver une tradition et un beau cortège coloré. De nombreuses personnes veulent tout simplement donner ainsi une forme à la piété eucharistique. Actuellement, à Fribourg, une ville de qui ne compte que 32’000 habitants, des heures d’adoration eucharistique sont régulièrement organisées dans neuf églises.

L’idée d’organiser une « adoration perpétuelle » dans une église de la ville existait déjà chez quelques laïcs particulièrement engagés, précise à l’Apic Charles-Henri de Roten, ancien directeur de l’Office cantonal des mineurs. Agé de 70 ans, il est l’une des chevilles ouvrières du projet. Il relève que l’évêque diocésain, Mgr Bernard Genoud, a donné son approbation à cette initiative.

Dans la plus vieille église de la ville

Pour la réalisation du « Mois eucharistique », les organisateurs avaient choisi la Basilique Notre-Dame, la plus ancienne église de Fribourg. Elle a, selon de Roten, l’avantage d’être très « priante ». De plus, il ne s’agit pas d’une église paroissiale, et il ne s’y déroule aucune cérémonie de mariage ni d’enterrement qui pourraient interrompre l’adoration eucharistique.

Assurer la présence nécessaire de fidèles pour prier à toute heure n’a pas été difficile, affirme Charles-Henri de Roten. Il a suffi de mettre des feuilles d’information dans les églises de Fribourg et un calendrier où l’on peut s’inscrire pour l’adoration. On peut même le faire par internet.

Le but est d’assurer la présence continuelle d’au moins une personne à Notre-Dame, mais la plupart des gens sont venus à l’adoration de façon spontanée. Parfois seulement pour dix minutes, ou une heure, plus rarement pour plusieurs heures.

Egalement la nuit

Durant les heures de la nuit, à la surprise des initiants, on pouvait trouver quatre ou cinq personnes en méditation devant le Saint-Sacrement. Certains étaient venus parce qu’ils étaient de toute façon insomniaques, tandis que d’autres ont sacrifié leur sommeil pour ce moment de prière, observe de Roten. La journée, on pouvait rencontrer 12 à 15 personnes en même temps. Le plus étonnant, relève-t-il, est que de nombreux fidèles de toutes les strates de la population, mais également plus d’un politicien fribourgeois, ont sacrifié une heure de leur sommeil pour se rendre à la prière avant le travail.

9’000 à 12’000 personnes ont prié

Comme l’accès était toujours libre, il est difficile d’estimer le nombre de personnes qui ont pris part à cette adoration en mai et en juin. Mais ce sont tout de même entre 150 et 200 personnes qui y ont participé quotidiennement, estime de Roten, ce qui ferait théoriquement entre 9’000 et 12’000 personnes. Un chiffre considérable!

L’abbé Alain de Raemy, commentant cette initiative de laïcs, rappelle que le pape Jean Paul II a toujours appelé à l’adoration eucharistique. Il relève qu’à Montmartre, à Paris, ce sont également des laïcs qui ont lancé le mouvement. L’adoration eucharistique trouve manifestement de l’intérêt également auprès de la jeune génération. Dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, il se trouve à nouveau de jeunes prêtres qui proposent aux enfants, lors de la préparation à la première communion, de participer à une adoration avant cet événement important.

Ce moment devant l’autel, où l’on montre que l’hostie est vraiment le corps du Christ, aide à devenir conscient de la grandeur de ce mystère, estime le chanoine de Raemy. Et de souligner que l’adoration eucharistique est un élément important notamment pour les mouvements de renouveau dans l’Eglise. Cela ne concerne pas seulement les mouvements charismatiques, mais aussi des mouvements comme « Communion et Libération ». WM/JB

Encadré

Une tradition bien établie dans certains lieux

Si à Fribourg on redécouvre l’adoration perpétuelle, elle est bien établie dans d’autres endroits. Ainsi on la trouve dans certains monastères, comme dans le couvent des bénédictines de St-Gallenberg auf der Glattburg, près d’Oberbüren, dans le diocèse de St-Gall. Là, les religieuses ont lancé l’adoration perpétuelle pour la première fois il y a 250 ans. Elles l’ont conservée jusqu’à aujourd’hui, même si le nombre des religieuses – plus de 40 il y a 50 ans contre 16 aujourd’hui – a fortement diminué. En raison de la diminution du nombre des religieuses, dès 1999 l’abbesse Bernarda Meile fit appel aux laïcs des paroisses environnantes.

« Cela fonctionne merveilleusement bien », se réjouit l’abbesse. Elle confie à l’Apic que ce ne sont pas moins d’une septantaine de personnes qui participent à cette adoration. Elles sont là avant tout aux heures de prière du soir et de la nuit, la plupart une fois par semaine, quelques unes deux ou trois fois. Cette participation des laïcs est « une expérience merveilleuse », témoigne Mère Bernarda. Qui souligne également que des vocations se présentent à nouveau au couvent depuis les années 90, après de longues années de disette. Ainsi, la remplaçante de l’Abbesse n’a que 37 ans et il y a quelques semaines, la communauté a accueilli une novice qui prononçait ses voeux perpétuels. WM/JB

(*) L’adoration eucharistique du Saint-Sacrement constitue un temps d’arrêt, l’occasion de faire silence pour se tourner vers l’essentiel, alors que l’on est pris dans les multiples occupations quotidiennes, rappellent les initiateurs du « Mois eucharistique » à Fribourg. On parle d’adoration perpétuelle lorsqu’une paroisse a une chapelle ouverte 24h/24 et 7j/7 avec exposition permanente du Saint Sacrement et prières des fidèles. Cette adoration est destinée à retrouver l’intimité avec Dieu. C’est là une occasion de répondre à l’appel lancé par Jean Paul II, qui préconisait l’adoration eucharistique perpétuelle. JB

Les photos de l’adoration perpétuelle sont à commander auprès de l’agence Ciric, Pérolles 36, CH-1700 Fribourg, Tél. 026 426 48 38, Fax 026 426 48 36, Courriel: info@ciric.ch).(apic/kipa/wm/be)

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