Rome: Benoît XVI tire un bilan positif des JMJ à Cologne
Rome, 24 août 2005 (Apic) A l’occasion de sa première apparition publique depuis son départ de Cologne dans la soirée du 21 août, Benoît XVI a dressé un bilan de son premier voyage apostolique à l’étranger. Citant ses rencontres avec les jeunes, les évêques allemands, les séminaristes, les représentants des Eglises oecuméniques et des représentants de l’Islam ainsi que sa visite à la synagogue de Cologne, il s’est montré optimiste quant à leurs fruits.
Le pape s’adressait à quelque 7’000 fidèles assemblés salle Paul VI pour l’audience hebdomadaire du 24 août.
Reprenant l’habitude de Jean Paul II qui, de retour au Vatican, aimait faire un bilan de ses voyages apostoliques, Benoît XVI a souhaité « reparcourir » avec les fidèles ses jours « passés à Cologne ». La 20e Journée mondiale de la jeunesse s’est déroulée du 16 au 21 août, le pape étant présent à Cologne du 18 au 21 août.
« Chers frères et soeurs, du coeur de la vieille Europe, qui dans le siècle dernier a connu des conflits et des régimes inhumains, les jeunes ont relancé à l’humanité de notre temps le message de l’espérance qui ne déçoit pas, parce qu’elle est fondée sur la parole de Dieu », a déclaré le pape dans son discours qui remplaçait exceptionnellement la traditionnelle catéchèse autour d’un psaume. « A Cologne, les jeunes ont rencontré et adoré l’Emmanuel dans le mystère de l’eucharistie et ont mieux compris que l’Eglise est la grande famille à travers laquelle Dieu forme un espace de communion et d’unité entre chaque continent, culture et race, ’un grand groupe de pèlerins’ guidés par le Christ », a-t-il ajouté en haussant la voix.
Le Christ porte « la fission nucléaire » dans le coeur
Pour Benoît XVI – pour qui le fait que les JMJ aient eu lieu dans l’année de l’Eucharistie est « significatif »-, dans l’eucharistie, le Christ porte « ’la fission nucléaire’ dans le coeur le plus caché de l’être ». Et « seule cette explosion intime du bien qui vainc le mal peut donner vie aux autres transformations nécessaires pour changer le monde ». Le pape a aussi invité les fidèles présents salle Paul VI à prier « pour que les jeunes de Cologne portent avec eux la lumière du Christ, qui est vérité et amour, et la diffusent partout ». « Nous pourrons ainsi assister à un printemps d’espérance en Allemagne, en Europe et dans le monde entier », a espéré Benoît XVI, chaleureusement applaudi.
Dans son long message lu en italien, le pape allemand a souligné « l’étreinte idéale » qu’il a eue avec les jeunes lors de la JMJ dès son « arrivée à l’aéroport de Cologne/Bonn », et qui a « été toujours plus chargée d’émotions ». Benoît XVI s’est remémoré « les différents moments » qu’il a pu « partager avec les jeunes », comme celui de la ’fête d’accueil’ dans l’après- midi du 18 août, ou ceux de la veillée et de la messe qu’il présidait les 20 et 21 août à Marienfeld, à 27km de Cologne. Il a précisé que « des millions d’autres jeunes de tous les angles de la terre » avaient pu se joindre à ces manifestations grâce aux retransmissions télévisées.
Benoît XVI a aussi commenté chacune des rencontres importantes qu’il a eues avec différents groupes lors de son voyage en Allemagne. Parmi eux, celui des séminaristes dans l’Eglise saint Pantaléon, dans l’après-midi du 19 août.
« J’ai voulu qu’il y ait un moment spécifique qui leur soit consacré pour mettre en valeur la dimension vocationnelle typique » des JMJ, a expliqué le pape. En effet, « de nombreuses vocations à la prêtrise et à la vie consacrée ont éclos au cours de ces vingt ans durant les JMJ, occasion privilégiées où l’Esprit saint fait sentir son appel ».
Rôle significatif de l’Allemagne dans l’oecuménisme
Par ailleurs, pour le pape, la rencontre avec les représentants des autres Eglises et communautés ecclésiales qu’il a eue dans la soirée du 19 août « s’inscrit très bien dans le contexte riche d’espérance » de la JMJ. Rappelant le rôle significatif de l’Allemagne dans l’oecuménisme, il a souhaité « que le dialogue contribue à faire croître et mûrir cette symphonie ordonnée et harmonieuse qu’est l’unité chrétienne ». C’est dans cette perspective que Benoît XVI a qualifié les JMJ de « valide ’laboratoire’ oecuménique ».
« Comment ne pas revivre avec émotion la visite à la synagogue de Cologne, où siège la plus ancienne communauté juive allemande ? », s’est ensuite interrogé le pape, rappelant qu’il y avait « fait mémoire de la Shoa et du 60e anniversaire de la libération des camps de concentration ». Il a également évoqué le 40e anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra Aetate de 1965, « qui a inauguré une nouvelle saison de dialogue et de solidarité spirituelle entre juifs et chrétiens, ainsi que d’estime pour les autres grandes traditions religieuses ».
« Parmi elles, l’Islam, dont les fidèles adorent l’unique Dieu et se réfèrent volontiers au patriarche Abraham, occupe une place particulière », a expliqué le pape. C’est « pour cette raison » qu’il a voulu en rencontrer des représentants, leur manifestant « les espoirs et les préoccupations du moment historique difficile que nous sommes en train de vivre, souhaitant que le fanatisme et la violence soient extirpés » et, qu’ensemble, « on puisse collaborer dans la défense permanente de la dignité de la personne humaine et pour la sauvegarde de ses droits fondamentaux ».
Dans son discours, Benoît XVI a en outre rendu « grâce à Dieu » pour « le don de ce pèlerinage » et remercié ceux qui l’ont préparé et organisé. Il a aussi manifesté sa gratitude « aux personnes et aux communautés » du monde entier ayant soutenu cette rencontre « par leur prière », ainsi « qu’aux malades ayant offert leur souffrances pour la réussite spirituelle de ce rendez-vous ».
Les Polonais nombreux aux JMJ
Le pape a finalement adressé un mot aux différents groupes de pèlerins qui emplissaient toute la salle Paul VI, tribunes latérales incluses, dans les langues française, anglaise, allemande, espagnole, portugaise, polonaise, hongroise, lituanienne, slovaque et italienne. Il a particulièrement salué les groupes venant de l’archidiocèse de Munich- Freising, dont il a été archevêque. Il a aussi remercié les Polonais d’avoir participé « si nombreux » à la JMJ en Allemagne. Les Polonais ont alors scandé ’vive le papé dans leur langue, une première depuis la mort de Jean-Paul II, que Benoît XVI a évoqué à plusieurs reprises dans son discours.
Benoît XVI avait les traits tirés par la fatigue du voyage mais l’air serein. Très souriant et amusé par l’enthousiasme des pèlerins qui scandaient ’Benedetto’ ou lançaient des ’viva il papa’ il a ouvert grands les bras et les a salués de la main à plusieurs reprises. Il était arrivé un peu après 10h35 depuis Castel Gandolfo et avait traversé la Salle Paul VI, en serrant des mains, se laissant prendre en photos, embrassant ou bénissant des enfants, ou saluant des couples de jeunes mariés. Puis l’air concentré, il était monté sur le podium, où il s’était incliné pour saluer les évêques, dont plusieurs nonces apostoliques qu’il devait rencontrer personnellement à la fin de l’audience.
Faisaient aussi partie de l’assemblée une délégation interreligieuse du Japon, menée par l’archevêque de Nagasaki, un groupe de bouddhistes sur leur route pour la rencontre ’Friendship among people’ à Rimini, ainsi que des religieuses et une délégation de professeurs venant de Taiwan.
C’est un peu après midi que Benoît XVI a quitté le Vatican en hélicoptère pour regagner le palais de Castel Gandolfo où il restera jusqu’à la fin du mois de septembre, selon un membre de la Préfecture de la Maison pontificale. (apic/imedia/ar/bb)
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