600’00 personnes ont besoin d’une aide d’urgence

Mali: Le spectre de la famine menace le pays

Bamako, 24 août 2005 (Apic) Le spectre de la famine menace le Mali. Plus de 600’000 personnes dont 175’000 enfants de moins de cinq ans dans le pays ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence. Les régions de Gao (nord), Tombouctou (nord-ouest), Kidal (nord-est) et Kayes (ouest) sont les plus exposées, a rapporté lundi Radio France Internationale (Rfi).

La situation est telle que le Programme Alimentaire Mondial (Pam) a réévalué ses besoins. Il avait lancé un appel de fonds de 8,9 millions de francs pour l’achat et l’acheminement de vivres de soudure. Aujourd’hui, face à l’aggravation de la situation, il demande 17,8 millions de francs à la communauté internationale. « Il faut accélérer la levée des fonds. Je pourrais acheter de la nourriture dans le pays et la distribuer immédiatement, mais j’ai besoin de ressources pour faire cela, en attendant on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a », a déclaré à Irin (Réseau d’Information Régionale Intégrée), une agence de presse de l’Onu), Paoblo Recalde, représentant local du Pam.

La sécheresse et une invasion de sauterelles

Les difficultés alimentaires au Mali sont consécutives à la sécheresse qui sévit depuis plusieurs années et à une invasion acridienne. Des millions de sauterelles ont dévasté les cultures et la végétation. Du coup, il n’y a pas eu de récoltes. Dans certaines régions, les magasins d’alimentation sont vides, les troupeaux ont été décimés et des millions de personnes ont faim, a ajouté Irin.

Selon la commissaire à la sécurité alimentaire, Lansry Nana Yaya Haidara, les réserves alimentaires d’urgence de l’Etat sont épuisées. Depuis novembre 2004, 30’000 tonnes de nourriture ont été distribuées aux populations. L’Etat a également mis en place une politique de subvention des ventes des produits alimentaires de base, et des programmes « vivres contre travail ». Ils consistent à verser à des travailleurs des denrées alimentaires en guise de salaire.

La crise alimentaire au Mali est chronique. Même en temps normal, un enfant malien sur quatre, âgé entre six mois et cinq ans, souffre d’une forme de malnutrition, indique la Banque Mondiale. C’est lié à la pauvreté endémique dans le pays. « Ce n’est pas seulement cette année. Chaque année est difficile », a expliqué Irin, Patricia Hoorelbeke, cheffe d’Action Internationale Contre la Faim au Mali et au Niger. « Même en temps normal, il y a de graves problèmes d’insécurité alimentaire et de malnutrition infantile – c’est ça qui est préoccupant », a-t-elle ajouté.

Pays du Sahel, situé dans une région aride, le Mali s’étend sur 3’500 km, allant de la Mauritanie (à l’ouest), au Tchad (est). C’est l’un des pays les plus pauvres au monde. Le revenu national par habitant est de 290 dollars par an. Cela est 40% inférieur à la moyenne en Afrique subsaharienne, a estimé la Banque Mondiale.

Paradoxalement, le Mali a récemment été félicité pour ses réformes démocratiques, et pour avoir adhéré aux politiques du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale. En juin, le pays a obtenu, avec 17 autres, l’annulation totale de sa dette par le Groupe des huit pays les plus industrialisés au monde (G8). (apic/ibc/bb)

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