Congo: Tortures et tracasseries militaires dans le Haut-Congo
Isiro, 29 août 2005 (Apic) Tortures et tracasseries militaires sont le lot quotidien dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo, dénonce Mgr Julien Andavo Mbia. L’évêque d’Isiro-Niangara, dressant un constat amer de la situation déplorable que vivent les populations de l’Est du district du Haut-Uélé, lance un cri d’alarme en faveur des sans-voix
Lors de sa visite pastorale du 15 au 24 août 2005, dans la région pastorale Orientale de son diocèse, Mgr Julien Andavo Mbia a constaté la situation terrible que connaissent ses fidèles. Empruntant pour son voyage pastoral l’axe reliant les cités d’Isiro et Watsa, l’évêque a pu être témoin des exactions militaires et de la désolation dans le rang de la population de cette région.
Celle-ci se demande, sans obtenir de réponse, si les rébellions ont vraiment pris fin dans cette zone. L’évêque d’Isiro entend se faire « la voix des sans-voix dans un îlot coupé du reste du monde », en stigmatiser les soi-disant soldats postés dans la Collectivité Walese. Ces soldats seraient chargés d’une mission: barrer la route au sanglant conflit entre ethnies Lendu et Hema qui menacerait de s’étendre au-delà du district de l’Ituri, jusqu’à celui du Haut-Uélé.
Des bandes armées d’irresponsables
Avec un mandat apparemment sans ressources de l’Etat, une bande d’irresponsables vit aux dépens de la population, affirme l’évêque d’Isiro- Niangara. La tranquillité est littéralement inexistante dans la région, déplore Mgr Julien Andavo Mbia.
Le peu de biens acquis par la population ou qui lui servent de soutien existentiel sont impitoyablement arrachés ou ravis: produits de champs, petits bétails (poules, chèvres), moyens de locomotion (bicyclettes, motos). Le chef de groupement doit veiller à offrir des rations sans interruption, sans quoi il est ligoté et torturé jusqu’à ce que les biens réclamés soient fournis.
« Quel calvaire! », s’exclame l’évêque.
Le prélat a également été le témoin oculaire de déplacements d’hommes, femmes et enfants avec leurs biens matériels sur des vélos, leur dos ou leur tête, à pieds sur des distances variant entre 200 à plus de 300 kilomètres. « A observer ces marées humaines sur la route, on dirait qu’elles obéissent à un ordre sans provisions ni appuis publics. Chacun n’aurait qu’à se débrouiller aux dépends des pauvres gens rencontrés », relève-t-il.
Civils pris en otages
Durant sa visite pastorale, l’évêque d’Isiro-Niangara a été témoin des souffrances de ces voyageurs pris en otages: des femmes qui mettent au monde au long de la route, des enfants qui meurent de faim ou de fatigue, des porteurs de bagages (jeunes gens, jeunes femmes) comme à l’époque de l’esclavage, mourant dans les rigoles au bord de la route. L’évêque, qui refuse de se taire face aux comportements cruels qu’il a pu constater sur place, estime que ces tristes réalités « sèment un doute sérieux dans la tête de la population ainsi torturée au sujet de ses gouvernants actuels ! C’est effectivement à se demander à quelle époque l’on trouve là-bas ! Et dire que la même population est exhortée à se faire identifier et enrôler en vue des élections à leurs yeux soit disant en préparation ! » (apic/cenco/ts)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/congo-tortures-et-tracasseries-militaires-dans-le-haut-congo/