Ouganda: Le gouvernement légalise la médecine traditionnelle et fait appel aux «sorciers»

Kampala entend ainsi faire face au manque de médecins

Kampala, 19 septembre 2005 (Apic) Pour faire face au manque de médecins et d’infirmiers dans le pays, le gouvernement ougandais a décidé de faire appel aux « sorciers », et donc de légaliser la médecine traditionnelle dans le pays. Une médecine à laquelle ont d’ailleurs recours la majorité des citoyens.

En faisant appel aux « sorciers », l’Ouganda entend ainsi faire face au déficit en matière de médecins et d’infirmiers. Les structures sanitaires du pays souffrent de pénurie en personnel, les praticiens préférant aller monnayer leur savoir à l’étranger, notamment en Grande-Bretagne où les rémunérations sont bien entendu plus intéressantes. Les conséquences de ces fuites de cerveaux sont nombreuses et les populations rurales en sont les premières victimes.

Pour faire face à cette situation, le gouvernement a décidé de légaliser la médecine traditionnelle. Il a adopté la semaine passée un projet de loi qui devrait permettre de distinguer les pratiques entre les sorcelleries « nocives » et celles qui appartiennent à la catégorie des soins médicaux. Avant l’Ouganda, le Ghana, le Malawi et le Nigeria ont légalisé la médecine traditionnelle.

Sorcellerie « nocive » et « médicale »

La médecine traditionnelle est un domaine où les anciennes croyances sont mêlées à l’acte de soins. Le projet de loi va formaliser le secteur de la médecine traditionnelle, créant de fait, les conditions pour un contrôle accru de toutes les pratiques de sorcelleries « nocives » ou « médicale ». Il prévoit la sensibilisation des médecins traditionnels aux règles d’hygiène de base, la protection de l’environnement, la propriété intellectuelle.

L’Ouganda est un pays où la médecine traditionnelle a la cote auprès des populations. Un groupe d’avocats sera chargé de veiller sur la propriété intellectuelle des médicaments traditionnels.

L’Ouganda compte un médecin pour 18’000 personnes. L’Etat a déployé de gros efforts ces dernières années pour former de nouveaux médecins et construit des centres de santé en milieu rural. Cette politique n’a pas atteint ses objectifs d’accessibilité des populations aux soins de santé primaire à cause du départ, de plus en plus nombreux, des médecins et infirmiers pour l’étranger.

Les médecins traditionnels, eux, ne s’intéressent pas aux conditions de travail et de rémunération à l’étranger. Leur formation ne coûte du reste rien à l’Etat. Mieux, ils sont présents sur l’ensemble du pays. On en dénombre un pour 400 habitants.

Selon les statistiques officielles, 60% des Ougandais consultent un médecin traditionnel avant de se rendre dans un centre de santé. En outre, presque tous ont recours à la médecine traditionnelle. Surtout si les traitements dispensés dans les hôpitaux ne leur donnent pas satisfaction. (apic/ibc/pr)

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